Françoise Hardy dans Rock & Folk (2ème partie)

Pour le numéro de janvier 2009 du magazine Rock and Folk Françoise Hardy s'entretenait à bâtons rompus avec Philippe Manœuvre à l'occasion de la sortie de son autobiographie Le désespoir des singes et autres bagatelles.

Philippe Manœuvre : "Quand vous attaquez votre carrière, on ne parle pas encore de folk en France. Pourtant, vous êtes une folk singer... "
Françoise Hardy : "Je ne sais pas trop ce que ça recouvre, folk singer. A part Léonard Cohen, que j'appelle le croquemort de la chanson... "

Philippe Manœuvre : "Le folk, c'est aussi Dylan..."
Françoise Hardy : "Oui, mais il s'en éloigne à un moment, heureusement. Je ne suis pas folle de tout ça. Enfin, il y a des chansons de lui comme "Don't Think Twice, It's All Right" que je trouve très grandes, mais parce qu'il a dépassé ce genre en composant des mélodies intemporelles. Ce que j'ai toujours visé sans y parvenir, c'est d'avoir des mélodies intemporelles, qu'on ne puisse pas classer. Pour moi, c'est le cas de toutes les chansons qu'on aime et qui restent. On dit souvent que la mélodie disparaît, je le constate..."

Elle arrive à répondre à côté de la question et à remettre sur le tapis le truc des "mélodies intemporelles" ! Trop fort, Françoise !

Quand on a un dada, c'est vrai que c'est plus facile d'y revenir pour renvoyer des arguments inattaquables.

Je connais mal Leonard Cohen, mais avec le surnom que lui a affublé Françoise, je me demande si je vais approfondir.

Est-ce qu'à ses débuts, Françoise était une folkeuse sans le savoir ? Je crois que Manoeuvre a raison de poser la question. Elle était dans le mouvement yéyé mais bien à part en écrivant la plupart de ses chansons.

Il serait dommage Alexandre que tu passes à côté de Léonard Cohen parce que Miss Hardy, qui respire la joie de vivre dans ses chansons, n'a pas été follement emballée par un auteur un tantinet morbide et désespéré il est vrai (ça, c'est pas Annie Cordy, c'est sûr!).
Mais il a le droit d'être hanté par la mort, même si c'est celle des autres.
"Suzanne" me paraît pourtant une chanson pleine d'espoir (cette "blessure étrange dans le coeur" qui est à mes yeux signe de rédemption) et FH me semble l'avoir interprétée comme ça, à moins qu'elle n'ait rien compris à ce qu'elle disait.

Je ne pense pas que Françoise était une folksinger. Hugues Aufray convient mieux à cette appellation. Françoise, dès ses débuts, était inclassable. Elle faisait des chansons en s'accompagnant à la guitare, mais dans une veine sentimentale et simple, limite nunuche mais teintée de mélancolie persistante, qui se trouvait finalement plus proche de la "teenage pop" de l'époque.

Pourtant le folk c'est aussi assez souvent "limite nunuche" sauf quand c'est Leonard Cohen.