Françoise Hardy dans Rock & Folk (11ème extrait)

Pour le numéro de janvier 2009 du magazine Rock and Folk Françoise Hardy s'entretenait à bâtons rompus avec Philippe Manœuvre à l'occasion de la sortie de son autobiographie Le désespoir des singes et autres bagatelles.

Philippe Manœuvre : "Et au niveau Bowie et Iggy Pop, qui préférez-vous ?"
Françoise Hardy : "Je préfère Bowie de loin. Peut-être pas pour diner ensemble... Mais Bowie a toujours évolué, s'est beaucoup renouvelé, il a aussi commis de très grandes mélodies. Sa voix ne ressemble à aucune autre. Son timbre est incroyable, c'est un atout. Les très grands artistes ont des timbres avec une forte identité. On reconnait instantanément Bowie ou Dylan. Je les considère un peu comme des extraterrestres. Bowie a ce regard qui vous cloue sur place. Au sujet de Bowie, il y a quelque chose que je n'ai pas raconté dans le livre. Lorsqu'il est venu à Paris pour l'émission Trafic de Guillaume Durand, il avait demandé à ce que je sois sur le plateau. J'étais enchantée, parce que je l'avais vu chanter plusieurs fois sans oser aller en coulisses après, parce qu'il me troublait. Je n'avais pas envie de me retrouver face à lui ou plutôt face à mon trouble. J'étais très contente qu'il m'invite, on a eu un contact très chaleureux. Et deux mois après, il est passé à Bercy. Des gens de son staff m'ont contactée pour m'inviter à l'un des deux concerts et on m'a dit que je devais arriver à telle heure et passer par telle porte. J'arrive à la porte en question, il était tout seul à m'attendre pour m'accueillir, ce que j'ai trouvé incroyable. En plus, il tenait à me prévenir qu'il avait attrapé froid et que vocalement, il serait moins performant."

Philippe Manœuvre : "C'est une anecdote que vous auriez pu raconter dans le livre..."
Françoise Hardy : "Je me suis laissée porter, il y a une espèce de fil conducteur involontaire. Un paragraphe en entrainait un autre et c'est pour cela qu'il y a des choses que je n'aborde pas. L'autre jour, on m'a dit: "Pourquoi vous ne parlez pas du problème de la SACEM ?" Quand j'ai commencé à faire des chansons, la SACEM avait un règlement disant que si on ne savait pas écrire la musique sur partition, on ne pouvait pas passer l'examen de compositeur. On devait reverser ses droits de compositeur à quelqu'un qui était agréé par eux. C'est ainsi que je n'ai jamais touché les droits de "Tous les garçons et les filles" et de toutes mes premières chansons. C'est à partir de mon cas que la SACEM a changé son règlement. Ça ne m'est pas venu à l'esprit d'en parler. Et quelquefois, c'est un peu fastidieux de raconter ça. J'avais le souci que ce récit autobiographique reste aussi romanesque que possible."

Françoise touche quand même des droits d'auteur (de texte) pour "Tous les garçons...", je suppose?

Et en tant qu'interprète aussi...

J'aime bien la description de son attraction pour Bowie. Moi aussi je l'ai toujours considéré comme un extra terrestre (The man who fell to hearth, sans parler de Life on Mars), en avance sur son temps et surtout original. Iggy Pop avait certes aussi du talent, mais moins de charisme et de charme. Je trouve les attentions de D Bowie à l'égard de FH particulièrement touchantes et n'avait aucune idée de l'intérêt qu'il lui portait. Quand FH parle de trouble à son égard, je trouve cela bien plus émouvant que lorsqu'elle évoque Dutronc. Cela me fait l'effet d'un beau fantasme !

Ce qui est frappant c'est comme Bowie fait jeune sur la photo alors que ça doit dater de 2002 / 2003 vu la couleur de cheveux de Françoise.

Elle est troublée par Bowie mais c'est réciproque. Il suffit de se rappeler de la déclaration de Bowie qui disait être amoureux d'elle dans les années 60.