En juin 2000, le magazine
Jalouse réunissait Françoise Hardy et Michel Houellebecq par l'intermédiaire de Tristan Pantalacci.
Osmose ? Pendant qu'ils s'amusent de ceux qui arrivent à écrire d'instinct quand eux s'accordent à reconnaître que le premier jet n'est jamais le bon, qu'il faut travailler, améliorer, elle lui demande intriguée :
"Mais est-ce que vous avez la même difficulté pour la correspondance ? Parce que, quand j'écris une lettre, je suis obligée de faire plusieurs brouillons, d'où l'intérêt de l'ordinateur" Parce que Jean-Marie Périer, ami de toujours et voyageur ou une amie brésilienne l'ont initiée, à l'époque où même son fils Thomas lui disait que ce n'était pas pour elle.
Le net ? Elle l'utilise peu, toujours pour des recherches précises, par exemple pour trouver des renseignements sur des artistes.
Michel Houellebecq lui est très high-tech : mobile et ordinateur portable. Oui mais voilà : "Je ne suis jamais arrivé à faire marcher mon téléphone mobile et pendant que j'étais en asie, j'envoyais des mails sans parvenir à lire ceux qu'on m'envoyait ; c'était comme une correspondance désespérée, je n'ai jamais trouvé le bon fournisseur d'accès".
"Il est faux de dire que nous sommes reliés aux quatre coins de la planète et d'un côté, c'est rassurant.
C'est un peu comme la TV.
En asie, on voit très peu les grands networks américains comme MTV ou CNN et beaucoup plus les chaînes indiennes par exemple, complètement exotiques, colorées et si loin de notre réalité".
Ils se retrouvent à nouveaux, la tête dans les étoiles, évoquant la magie de la correspondance classique.
Ainsi l'histoire d'Ingrid Bergman dont Françoise vient de relire la biographie : "Elle a cherché à entrer en contact avec Rossellini en lui envoyant une lettre, qui est arrivée au moment où le studio était emporté dans un incendie et fut sauvée in extremis par une secrétaire. C'est bien la lettre en tant qu'objet qui a permis cela, là où un mail n'aurait laissé aucune trace".