Zorba s'exclamait "où sont les fans???", ce qui m'amène à suggérer ce sujet.
N'y a t-il pas plusieurs façons d'aimer, d'apprécier, d'adorer un artiste ou son oeuvre? J'adopte volontiers le mot "fan" dans son acception passe-partout, mais je ne pense sérieusement pas être un fan de Françoise Hardy, personnellement.
J'ai bien compris qu'il y avait ici des fans de longue date, que l'image et la musique de Françoise ont accompagnés toute leur existence. Je trouve ça charmant et n'ai aucun préjugé là-dessus. Moi, j'ai aussi eu des passions pour des artistes, depuis toujours, la liste serait longue, mais souvent les passions succédèrent à d'autres, et je fus de moins en moins exclusif. Je n'ai cependant jamais eu cette tendance du fan qui va jusqu'à collectionner les photos et tout ça. J'étais plutôt du genre à écouter et réécouter les chansons tous les jours, au point d'en dégoûter mon entourage. J'ai eu mes obsessions. J'en ai toujours. Celle qui perdure le plus est sans doute ma passion pour les Beatles. J'y reviens souvent, aux Beatles, ils me fascinent toujours. Il se passe rarement une journée sans qu'une de leurs chansons me trotte dans la tête. J'idolâtre presque John Lennon, notamment. Presque.
Moi, j'ai été amené à Françoise Hardy récemment, de musique en musique. Je suis d'abord branché sur la musique américaine, anglo-saxonne. L'année dernière j'étais au paradis en découvrant les girl groups des sixties. Et je me suis aperçu qu'il y avait des connexions entre le girl group sound et nos yé-yé nationaux. Je me suis mis à acheter des disques de Françoise Hardy, de France Gall, de Sylvie Vartan, ceux des années 60. J'aime beaucoup. En ce qui concerne Françoise, j'ai progressivement eu de l'intérêt pour son oeuvre totale, des sixties à nos jours. J'aime énormément de musiques, la musique prend toute mon existence depuis plusieurs années. J'adore découvrir l'univers d'un artiste. Je suis passionné par les individualités, les griffes, les styles.
Maniaque du disque, de la discographie, de la chronologie, j'ai trouvé en ce site une source instructive, enrichissante. Je peux vous dire que je vais continuer de m'informer spécifiquement sur les songwriters français, ceux de l'ombre, les Jean-max Rivière et Gérard Bourgeois, etc, comme je suis passionné par les américains, ceux du Brill Building. J'adore les chansons. C'est aussi con que ça.
Ma conclusion: quiconque aime les chansons ne peut manquer d'aimer Françoise Hardy. Françoise Hardy est une merveilleuse faiseuse de chansons, un trésor national, et mondial.
Peut-être devrais-je souligner un point: j'aime profondément les chansons. Pas seulement celles de Françoise Hardy. Les chansons me donnent du bonheur, comme la musique et la poésie. Et ce, depuis que je suis né (pour autant qu'il m'en souvienne).
Parlez ici de votre façon d'aimer Françoise Hardy. Apprenons à mieux nous cerner les uns les autres!
claude Hypermordu
Nombre de messages : 1057 Age : 77 Localisation : Paris Date d'inscription : 20/08/2007
Je suis fan depuis toujours. Mais je suis fan de l'interprète et des chansons, je n'ai jamais cherché à collectionner photos, dédicaces ou autres objets collectors. Si je vois un article, une interview, je le lis mais je n'ai pas un press book regroupant tous les articles et interviews publiés. Et pourtant ça m'intéresse aussi car j'apprécie qu'on me présente toute une série de photos ou de reportages et j'ai essayé plusieurs fois d'avoir un autographe, de faire des photos. Et j'ai tous les 33 tours, on ne disait pas encore albums, jusqu'à "Message personnel". Par la suite, je n'ai acheté que ceux qui me plaisaient vraiment (sauf "Le danger" que j'ai acheté pour essayer de comprendre pourquoi je ne l'aimais pas). Mais j'ai aussi eu d'autres passions, d'autres chanteuses (Sylvie Vartan pour ne pas la nommer) que j'ai abandonnées en cours de route alors que le répertoire de Françoise continuait de me plaire "à donf", et continue de me plaire "à donf". Je n'écoute pas Françoise Hardy tous les jours mais il ya des jours où je me sens le besoin d'écouter au moins une chanson, car il n'est pas une chanson de Françoise qui ne m'ait remis les idées en place, pas obligatoirement le texte, pas obligatoirement la musique, non simplement l'ambiance, la couleur, la voix, les murmures. Un coup de Françoise et ça repart. C'est dit bêtement mais c'est ça. C'est un peu comme un refuge. Je me déconnecte de tous mes problèmes quelques instants et je suis prêt ensuite à les affronter, parce que j'ai fait une pause dans une ambiance réconfortante pour moi. FH m'a accompagné de très près tout au long de mon adolescence, elle mettait des mots sur mes sensations, elle parlait en termes simples (simplistes on souvent dit ses détracteurs à l'époque) de tourments que j'éprouvais ou que je décelais chez les autres. C'était certainement un mal être qu'elle savait traduire, mais ça n'a jamais été morbide. Aucune chanson de Françoise n'a conforté quelqu'un dans son désir de se mettre en retrait de la vie, dans son sentiment de ce que la vie ne vaut pas d'être vécue : eh oui, encore plaqué par ce qu'on croyait être l'amour de sa vie, mais plaie d'amour n'est pas mortelle... eh oui, l'amour inoxydable se délite très rapidement. Françoise a dit tout ça, me l'a dit, du moins c'est ce que je crois. Elle m'a ensuite accompagné dans ma vie de jeune adulte, puis d'adulte sûr de lui. Mais elle m'a accompagné de moins près. Toutefois je la retrouvais toujours avec plaisir, car si son inspiration avait changée, son monde, son environnement continuaient de me donner des frissons de plaisir et pourtant avec "Musique saoule" ou "Ginn Tonic", on était loin des murmures qui m'enchantaient. Et puis il y a eu les moments où j'ai eu envie de lui coller des baffes : quand elle s'est acoquinée avec Tuca, quand elle a présenté "Le danger" et surtout quand elle a dénigré systématiquement tout ce qu'elle avait fait dans les années soixante. J'étais profondément blessé car j'avais l'impression d'être rejeté avec tous les ratages qu'elle montrait du doigt. Je faisais partie des "scories" qu'elle voulait faire disparaître. De l'amour à la haine il n'y a qu'un pas que je n'ai jamais franchi. Je lui ai quelques fois fait la gueule, mais je ne l'ai jamais reniée et elle, elle ne m'a jamais trahi (déçu oui comme je l'ai dit, mais trahi, ça non jamais). En effet, il y a toujours eu une chanson faite pour moi qui nous a réconciliés ("Je suis de trop ici" en est l'exemple type : inspiration sixties, arrangements intemporels, parution juste au bon moment pour bien cadrer mes sensations et impressions personnelles à l'époque). Enfin, elle m'accompagne vers le troisième âge (je souhaiterais, s'il me lit, que Zorba arrête de se fendre la gueule) car, ne lui en déplaise, ses anciennes chansons m'intéressent, me font du bien et me donnent du plaisir toujours autant. Alors je les écoute et les réécoute, ma nostalgie étant toujours ce qu'elle était. "Saurais-je" me met toujours une larme au coin du coeur et ce que je considère comme mes grandes chansons seront toujours mes grandes chansons. En fin de compte, je me considère comme un fan raisonnable, si tant est qu'on puisse associer ces deux termes. Mais je comprends très bien qu'on collectionne tous les disques sortis de par le monde, toutes les photos publiées un peu partout ou qu'on soit friand de tout ce qui la concerne. Elle le mérite, elle le vaut bien ! Et pourtant je ne vois toujours pas l'intérêt du dernier livre de photos paru à son sujet. Voilà, ce n'est pas la musicienne qui m'intéresse, ce n'est pas l'auteure qui me plaît, c'est ce quelle représente pour moi. Mais tout ça, jamais je ne le lui dirai (si par hasard j'en avais la possibilité un jour) car plutôt que de me prendre dans ses bras, elle me prendrait pour le pire des cinglés. Mais il y a aussi beaucoup d'autres choses qui me font vivre et qui m'ont aidé à être ce que je suis. Désolé, j'ai été très long, mais parler de moi, y a que ça qui m'intéresse !
Duck's blues Amateur
Nombre de messages : 57 Age : 37 Localisation : Entre Londres et Paris Date d'inscription : 26/08/2011
Je me permets de remonter ce topic dont le sujet me semble fort intéressant. D'ailleurs, je m'étonne qu'il soit passé inaperçu. En effet il y a matière à discuter durant des heures sur le pourquoi du comment qui nous a amenés à apprécier Françoise Hardy en tant qu'artiste.
J'utilise très peu le terme de "fan" qui je trouve a une connotation assez dépréciative voire même trop absolue. Je préfère dire que j'apprécie telle ou telle œuvre d'un artiste plutôt que de dire que j'en suis "fan". Il n'empêche que je comprends tout à fait que certains puissent faire usage de cette nomination dans le sens le plus noble du terme.
Pour en revenir à FH, comme j'ai dû certainement l'exprimer sur le topic de ma présentation, c'est durant mes années de lycéenne que je me suis prise de passion (si l'on peut dire) pour les textes et les chansons de la dame. Dans quel contexte? Je ne saurais vous dire... Mais j'ai été d’emblée séduite par sa plume de poétesse, sa voix tendre et suave à tomber à la renverse, tant elle suffit à sublimer toute la souffrance qu'elle exprime à travers certains de ses textes. Je n'ai jamais été véritablement "cliente" de ses débuts chez Vogue. La plupart des orchestrations sont très mauvaises. Et tout comme FH je ne supporte pas le plombant Tous les garçons et les filles, L'amour s'en va, C'est à l'amour auquel je pense, Oh oh chéri, j'en oublie certainement... Mais lorsqu'on s'écoute en boucle des perles comme Voilà, La nuit est sur la ville, Qui peut dire?, Au fond du rêve doré ou encore Le temps de l'amour, on oublie bien volontiers ses chansons du début. Quoi qu'il en soit parmi toute la discographie de la chanteuse je ne retiendrai que trois albums qui à mon goût sont de véritables chefs d’œuvres: Ma jeunesse fout le camp, La question et Le danger.
Quant à ma collection "hardyesque" elle se résume à quelques disques que j'apprécie plus particulièrement que d'autres et à certains livres d'art de photos la concernant. Pour ce qui est des dédicaces, je n'en suis pas très friande même si j'avoue que ce serait "la classe absolue" d'avoir une dédicace de FH sur l'album Le danger ou celui de La question. Le problème étant surtout que je déteste les séances de dédicaces genre brève rencontre avec l'artiste: "J'adore ce que vous faites...". Mon ambition n'est pas de rencontrer FH, surtout que je n'aurais rien à lui dire, tant l'artiste qu'elle est m'impressionne. Et puis surtout, l'écoute de ses chansons suffit amplement à satisfaire ma gourmandise "hardyesque". Donc aucun regret quant au fait qu'elle ait arrêté de donner des concerts, car elle n'a jamais été une bête de scène mais plutôt de textes.
Jérôme Administrateur
Nombre de messages : 9974 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
Je vais me contenter de répéter un commentaire que j'avais fait dans un autre sujet car il résume assez bien mon rapport avec MA Françoise Hardy.....
Quand j'avais 5 ans, Françoise Hardy chantait Comment te dire adieu. J'adorais la chanson pour son rythme et son refrain mais je ne prêtais pas encore attention à la chanteuse outre mesure. Je croyais (à cause de l'Hardy Show ?) qu'elle était la cousine de Oliver Hardy, le célèbre duettiste de Laurel et Hardy. (L'enfant est parfois bien crédule n'est-ce pas ?)
Je ne l'ai réellement découverte que bien plus tard par hasard à la télévision quand elle chantait Femme parmi les femmes. Ensuite j'ai entendu à la radio Rêver le nez en l'air et le charme a pris pour ne plus jamais se démentir par la suite.
Avec le temps, j'ai découvert beaucoup de facettes différentes de Françoise Hardy qui me renvoient une image d'une femme au caractère et aux pensées assez complexes.
Paradoxalement, je n'ai conservé de toutes ces informations diverses et variées qu'une petite part pour inconsciemment construire un être irréel qui se réduit simplement à une voix.
Cette voix chaude, sensible sans être fragile, chuchote à moi seul ses doutes, ses émotions, ses sentiments sur des mélodies harmonieuses et construites. Ce partage déclenche souvent la rêverie et l'émotion intérieure. La perfection des réalisations parachève l'enchantement.
Même si Françoise a été indubitablement une très belle femme, son aspect physique d'hier ou d'aujourd'hui ne me touche pas vraiment. Avec elle je ne suis pas du tout dans le monde de l'image, juste dans celui de l'imaginaire.
Pour moi, Françoise n'existe que sous l'angle d'un instrument de musique appelé voix. Avec ses chansons, l'ouïe me procure des plaisirs emplis de promesses de bonheur qui me comblent. Le reste m'est totalement inutile.
Sa vie privée, sa passion pour l'astrologie, je ne m'y intéresse pas du tout....
Finalement, Françoise aurait pu être la Petite Sirène d'Anderson, à qui la sorcière offre des jambes juste pour récupérer sa sublime voix....
Je rajouterai juste que quel que soit la force des textes qu'elle puisse écrire, il est très rare que je m'attarde au sens réel des paroles. Je suis plus intéressé par les sonorités. Cela me plairait probablement presque autant si elle se contentait de faire des "ah oh" (comme sur Voyageur de la nuit par exemple) à la seule condition que le timbre de sa voix soit tout de même suffisamment mis en valeur...
Si certains textes me restent hermétiques ce n'est pas grave si le subtil mélange mélodique opère, en revanche quand la voix est voilée (Noir sur blanc) ou trop noyée dans la musique (Le danger), la magie n'agit pas sur moi et le disque me devient indifférent voire pis.
J'aime toutes les époques et souvent plutôt des chansons que des albums entiers. Je garde une tendresse pour la période Yared qui correspond à l'âge où je l'ai découverte même si ce n'est pas la plus appréciée par les fans. Mon album préféré restera pour toujours Tant de belles choses, pour des raisons musicales et d'autres plus personnelles sans réel rapport avec la musique. En fait il n'y a que deux albums que je n'aime pas : le 1er album anglais et Le danger.... Mais bon, pour ce dernier c'est un peu l'album de la discorde donc ce n'est pas très grave.
Lil' Bear Fanissime
Nombre de messages : 1467 Age : 55 Localisation : France Date d'inscription : 03/02/2008
Je te comprends fort bien, étant moi-même un grand amateur de chanteuses, et très sensible aux voix en général. Et il est évident que la voix de Françoise est unique, et immédiatement reconnaissable. Nous avons d'ailleurs peiné à en trouver des voisines dans un autre sujet!
Je trouve qu'il y a une concordance idéale entre sa voix et son physique de femme fleur des années soixante.
L'anecdote sur la cousine d'Oliver Hardy m'a aussi amusé. Moi quand j'étais petit je croyais qu'Edgar Allan Poe était un philosophe chinois, parce que je lisais des Lucky Luke et que dans cette B.D. y'a souvent des blanchisseurs chinois qui s'appellent Ming Li Po.
luc Fanissime
Nombre de messages : 1653 Age : 72 Localisation : BELGIQUE Date d'inscription : 20/07/2009
Françoise m'a également accompagné dans mon adolescence, mais elle n'était pas seule. Pourtant, c'était l'une de mes préférées. J'adorais également Jacques Dutronc. Puis de loin en loin, elle se rappelait à mon souvenir, tout comme son époux et chaque fois pour l'un comme pour l'autre, avec beaucoup de plaisir. Ensuite, elle a écrit sa bio qui m'a beaucoup ému. Sa vie n'a pas toujours été facile. Cela m'a donné envie de réécouter ses chansons. Puis, il y a eu son dernier album que j'ai finalement beaucoup aimé. En fait, c'est la trilogie Françoise, Jacques et Thomas que j'apprécie. ( j'ai été au concert de Jacques, que je n'aurais raté pour rien au monde ) Leurs personnalités sont très sympas: ils ne se prennent pas trop au sérieux.
Ma conclusion est finalement la même que celle de lil bear :
Citation :
Ma conclusion: quiconque aime les chansons ne peut manquer d'aimer Françoise Hardy. Françoise Hardy est une merveilleuse faiseuse de chansons, un trésor national, et mondial.
Lil' Bear Fanissime
Nombre de messages : 1467 Age : 55 Localisation : France Date d'inscription : 03/02/2008
J'ai dit que j'avais été amené à ne collectionner les disques de Françoise Hardy que récemment, ce qui est vrai. Mais j'avais bien sûr eu le temps de me familiariser occasionnellement avec les chansons de Françoise depuis mon enfance, vu que Françoise est dans le paysage audiovisuel.
Le premier souvenir que je garde est attaché à un lieu et une période de ma vie, autour de disques croisés par hasard chez des amis. Le lieu est une maison de vacances d'amis de mes parents, dans le Minervois, au pied de la Montagne Noire. La période est l'été 1983, j'avais quatorze ans. J'adorais leur maison, en pierre et en bois, et il y avait une rivière à côté, où on trouvait encore des écrevisses à l'époque. Près de l'électrophone du salon se trouvaient quelques disques dont des EPs de Françoise, dont un de 1967 dont j'ai reconnu la pochette dans la partie discographique de ce forum (voir Ma jeunesse fout le camp). Je me souviens de chansons comme "Il n'y a pas d'amour heureux", "Ma jeunesse fout le camp", "C'était charmant", "Mais il y a des soirs", "Des ronds dans l'eau" mais aussi "Le premier bonheur du jour" pourtant pas de la même moisson hardyenne (à moins que ma mémoire me joue des tours sans rapport avec les 45 ou 33 existants, haha). Ces chansons ne m'ont pas profondément marqué comme, par exemple, "Le plat pays" de Jacques Brel qui se trouvait aussi parmi les disques du salon et que j'ai tout de suite appris par coeur pour me le chanter tous les jours quasiment pendant des années (pour vous donner une idée de mon obsession), mais elles m'ont charmé, de façon distraite et limpide. C'était du charme à fleur d'eau, de rivière, mélancolique et léger à la fois ; des chansons de source murmurées d'une voix douce, par une jeune dame à la fois très jolie et trop intelligente pour être heureuse, mais qui semblait s'arrêter là, juste au frisson d'une tristesse, d'une humeur morose ineffable, tout en gardant son charme printanier, sans s'investir pour autant dans une chanson à texte plus poussée. Autant l'ado de 14 ans que j'étais s'était pris la poésie du Plat pays brélien en plein coeur (et n'allait pas tarder à découvrir Ferré en rentrant chez lui durant l'automne), autant là les mots de Françoise n'avaient pas beaucoup d'importance pour moi. Mais il y a aussi de la poésie à écouter de jolies chansons claires près de l'électrophone du salon d'une maison d'été, dans une atmosphère délicieusement bucolique. J'en garde à présent des sensations de pur bonheur, attachées à ce lieu et cette période.
J'ai depuis appris à réapprécier cette approche chansonnière héritée des yéyé, dont il faut cultiver la simplicité. C'est une forme d'art qu'on pourrait appeler naïve, mais c'en est une quand même. Au delà du côté nunuche (dont Françoise s'éloignait un peu en 67, s'attirant ainsi l'admiration d'un public un peu plus littéraire peut-être), il y a l'inestimable candeur, simplicité, pureté et immédiateté de l'approche musicale et parolière qui donne à la chanson un charme unique, une clarté d'aquarelle. Cette sensibilité fait écho à celle des chansons américaines pour teenagers de la même époque, et ce n'est certainement pas un hasard si, comme je l'expliquais plus haut, je suis venu à l'univers des yéyé après avoir découvert avec enthousiasme une période musicale américaine du début des années 60, méconnue mais merveilleuse, qui a existé entre Elvis Presley et les Beatles, et qui n'a toujours pas d'appellation contrôlée (ce qu'on appelle le Girl Group Sound en fait partie).
Je crois que Gainsbourg avait saisi le charme de cette vague, contrairement à ses congénères restés, pour la plupart, très "chanson française".
Alexandre Modérateur
Nombre de messages : 3574 Age : 51 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/08/2007
C'est marrant, tu focalises sur la période des années 60 où certains textes de Françoise étaient simplets dans la lignée des autres yéyé mais sa carrière a continué .... et on peut être fan des autres périodes. Moi j'aime particulièrement les années 2000.
luc Fanissime
Nombre de messages : 1653 Age : 72 Localisation : BELGIQUE Date d'inscription : 20/07/2009
Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.