Bravo Alain, il s'agit bien de Benjamin Biolay (Bravo à Luc également qui a pensé à Hubert Mounier!).
cette interview est parue dans
"Magic, revue pop moderne" Hors-série Benjamin Biolay (parue en
septembre 2007).
A l'intérieur de ce magazine, des interviews de Keren Ann, Dominique Blanc-Francard, Coralie Clément,Elodie Frégé, Hubert Mounier etc. ET
Françoise Hardy.
On y trouve également un abécédaire Benjamin Biolay (intitulé "A l'origine") dans lequel il y a un petit article (à la lettre Q) : La Question, très élogieux sur l'album de F.H.
Dans l'interview de Françoise (que j'ai vraiment la flemme de retranscrire entièrement mais bon...), on trouve quelques petites perles :
Q :
Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez rencontré Benjamin Biolay ?R : Je n'en suis pas certaine, mais il me semble que c'était devant le Bataclan, avant un concert de Keren Ann. A l'époque, il avait une espèce de houppette absolument ridicule. Mais la première fois que j'ai entendu parler de lui, tout comme de Keren puisqu'on les associait tout le temps, c'était par Henri Salvador, au moment de l'enregistrement de son album
Chambre avec vue (2000). En effet, Henri m'avait invitée à interpréter en duo la chanson
Le fou de la reine. A cette occasion, il m'a fait entendre
Jardin d'hiver, un vrai petit bijou.
Q :
Son premier album n'était donc pas encore paru.R : Non, mais dès sa sortie, je l'ai fait tourner non-stop pendant des mois. C'est rare les albums qui vous font cet effet-là. J'ai été complétement emballée par
Rose Kennedy. Presque tous les titres du disque sont formidables, ce qui est à signaler de nos jours. Selon moi, une chanson se doit d'être magique, c'est-à-dire qu'elle déclenche un besoin irrépressible de la réécouter encore et encore.
Q :
Pouvez-vous me citer votre chanson préférée de Benjamin Biolay ?R : Figurez-vous que je me suis fait ma propre compilation. Il y a des titres de lui qui font partie de mes chansons de chevet. Et ça ne changera plus jamais. Il faut dire que j'ai de moins de temps devant moi que derrière. (Sourire). On ne devrait pas rire de ces choses-là... La qualité première de ses compositions, c'est leur intemporalité. En tête, je placerai donc
Nuage noir, un titre d'une beauté incroyable qui figure sur la bande originale du film
Clara et moi. J'aime également beaucoup
Des lendemains qui chantent,
Un été sur la côte et
Mes peines de cœur. J'apprécie aussi les morceaux qu'il a écrits pour sa sœur Coralie Clément (
Mes fenêtres donnent sur la cour,
La mer opale,
Ça valait la peine,
L'ombre et la lumière) ou Keren Ann (
Surannée, que l'on a essayé d'interpréter avec Jane Birkin). Enfin, le titre
House is not a home sur l'album de Home est du niveau de
Trains and Boats and Planes.
Q :
Comment avez-vous été amenée à collaborer de manière aussi répétée, depuis votre album Tant de belles choses (2004) ? R : Ce n'est pas parce que j'aime un artiste que j'ai le réflexe de vouloir collaborer avec lui. Cela étant, j'ai eu le sentiment d'appartenir à la même famille musicale. Sauf qu'à son âge, je n'écrivais pas des chansons aussi matures et élaborées. Je lui trouve beaucoup plus de talent qu'à moi-même. (Sourire). Un beau jour, Benjamin est venu me faire entendre trois titres, mais à ce moment-là, je n'avais pas de disque en préparation. J'ai néanmoins retenu
A l'ombre de la Lune, une chanson qui se démarquait de son registre habituel. En revanche, je dois vous avouer que je n'ai jamais pensé à faire appel à lui en tant que réalisateur. Son style de production ne correspond pas à ce à quoi j'aspire toujours confusément. (Sourire). Il a parfois tendance à surcharger les chansons.
Q :
Puis il vous a invité sur son disque A l'origine (2005), où vous apparaissez deux fois à travers le duo Adieu triste amour et les chœurs de Mon amour m'a baisé.R : Toute ma vie, j'ai été partagée entre l'amour des mélodies et un style plus rock. C'est pourquoi
Mon amour m'a baisé m'a aussitôt plu, avec son thème mélodique très accrocheur. D'ailleurs, je n'ai pas compris que Virgin ne le choisisse pas comme premier single. Car c'était le titre le plus fort de
A l'origine. Mais il faut que je vous raconte une anecdote à propos de cette collaboration : le jour du mastering de
Tant de belles choses, Benjamin m'a enregistrée sur un petit magnéto, en disant la phrase "
On est tous passés par là".
Q :
Enfin, vous avez repris avec lui Des lendemains qui chantent sur votre dernier album (Parenthèses...) (2006).R : Au départ, j'avais été sollicitée par une artiste
(Brigitte Fontaine ? Note du Recopieur de l'article) dont je tairai le nom qui souhaitait enregistrer un duo avec moi. J'avais donc pensé à cette chanson-là, qui peut être chantée à n'importe quel âge. Mais tout s'est vite compliqué, alors j'ai demandé à Benjamin de l'interpréter ensemble. D'autant que nous travaillions alors nos albums respectifs dans le même studio, au Labomatic de Dominique Blanc-Francard. Sa première version ne m'a pas plu. Car il n'y a pas quarante mille
façons d'arranger une chanson. C'est comme d'habiller une femme. Par
exemple, vous ne pourriez pas m'habiller avec une robe décolletée.
(Sourire) Mais on a réussi finalement à rapprocher nos points de vue. Et fort
heureusement, elle figure sur mon album, parce que j'adore cette
chanson.
Q :
Avez-vous déjà jeté une oreille sur son nouvel album Trash Yéyé ?R : Oui, et je regrette qu'il s'éloigne de plus en plus de la veine musicale de
Rose Kennedy.
Trash Yéyé manque, à mon goût, de mélodie. J'ai le sentiment qu'il se cherche davantage aujourd'hui qu'à ses débuts. Mais je peux comprendre qu'il ait besoin d'explorer d'autres directions. Sinon, comme à l'accoutumée, l'écriture est absolument superbe. Il y a des trouvailles quasiment à chaque ligne. On peut difficilement faire mieux. Mais c'est un disque très réactionnel. Son amertume ne me touche pas. C'est un album moins séduisant pour une femme de ma génération.
Q :
Benjamin Biolay incarne le premier rôle dans le nouveau film de Sylvie Verheyde, Sang froid. L'avez-vous vu ?R : Non, mais il a une gueule extraordinaire qui crève l'écran. S'il est capable de jouer, comme je le pressens, il a une carrière d'acteur qui s'ouvre véritablement devant lui. Ce n'est guère étonnant : Benjamin est un artiste multiple au contraire de moi qui suis monomaniaque. (Sourire) Il peut donc autant écrire des livres que faire du cinéma, voire réaliser des films!
(Pourtant, F.H. a écrit un livre, a fait du cinéma, a écrit et composé des chansons... Note du Recopieur de l'article)Q :
Voyez-vous un parallèle avec la double carrière de Jacques Dutronc ?R : Ils sont très différents. L'un se shoote au travail, au contraire de l'autre. Et vous devinez aisément qui est qui. (Sourire) D'ailleurs c'est un danger qui le guette. Il faut se préserver des plages de respiration. Quand j'ai appris qu'il avait enregistré cinquante-sept chansons pour
Trash Yéyé, je me dis qu'il pourrait me faire écouter les quarante-quatre restées sur le carreau. Saviez-vous que Virgin a dû, à un moment donné, l'interdire de studio ? (rires) Quelle situation cocasse et savoureuse.
Q :
Ce serait son principal défaut.R : Oui, je crains que son discernement n'en pâtisse. Comment peut-on avoir le recul nécessaire en enchaînant autant les compositions et les productions ? Autrement, il est toujours injoignable, ce qui est très embêtant lorsqu'il s'agit d'enregistrer avec lui.
Q :
Et sa qualité première ?R : Il est surdoué, tout le monde le dit, d'ailleurs. Ce qui peut lui jouer des mauvais tours : c'est comme l'histoire du lièvre et de la tortue. C'est à la fois sa plus grande force et sa principale faiblesse.
Q :
Vous rappelle-t-il précisément des figures de la chanson française ?R : Il est très influencé par Gainsbourg, mais c'est une lapalissade de le dire. Dans mon souvenir, Serge produisait moins que lui.
Q :
Enfin, si vous deviez le résumer par un mot ?R : Ange noir.