Du coup on ne parle pas du reste de l'article.... qui est pourtant plutôt intéressant, Françoise allant même jusqu'à se remémorer comment elle composait ses chansons à l'époque où elle travaillait aussi la musique.
Paris Match. Katie, comment avez-vous eu connaissance de cette très vieille chanson de Françoise, dont plus personne ne se souvient ?Katie Melua. Guy Chambers, un musicien britannique qui a composé pour Robbie Williams et travaillé sur mon dernier album, m’avait demandé si je connaissais Françoise Hardy. Son nom ne m’était pas inconnu mais sa musique, oui. Il m’a poussée à écouter ses chansons car “elles possédaient quelque chose de magique”. Tombée sous le charme, je suis devenue fan. Mais c’est mon producteur qui m’a trouvé “All Over The World”. C’est une très jolie chanson, elle me convient parfaitement. Elle paraît avoir été écrite sans efforts, tout s’y enchaîne naturellement, mais je suis sûre que c’est le contraire. Les grandes chansons donnent cette impression-là.
Françoise Hardy. Cela ne s’entend peut-être pas mais, à cette époque, c’était en 1964, j’étais très influencée par Elvis Presley. J’aimais particulièrement ses ballades, notamment deux d’entre elles, “Where Do You Come From ?” et “Anything That’s Part of You”. J’enregistrais à Londres avec des musiciens anglais dirigés par Charles Blackwell et je lui ai demandé d’écouter ces titres. Le chœur que nous avons utilisé dans la chanson est une copie conforme de celui qui chantait avec Elvis, les Jordanaires. Exactement le même son. Cette chanson a été un gros succès en Grande-Bretagne, elle m’a permis d’être connue là-bas, mais elle n’a pas marché en France.
C’était l’époque où vous fasciniez tous les chanteurs et groupes anglais, Mick Jagger en tête. Vous incarniez la jeune Française charmante et séduisante.F.H. C’est d’autant plus étrange qu’alors je n’avais pas un look français, j’avais plutôt un physique de fille du Nord. Mais c’est surtout grâce à la mode, qui a pris ces années-là une énorme importance dans la société, que je me suis fait connaître. André Courrèges sortait des choses complètement nouvelles. Ce qu’il créait me convenait parfaitement et je suis devenue son modèle. J’ai fait beaucoup de photos pour lui, ce fut très bon pour ma carrière, et aussi pour la sienne, j’espère…
C’est peut-être à cause de ces photos que Bob Dylan est tombé amoureux de vous et vous a fait une cour pressante.F.H. N’exagérons rien. Mais récemment, un de mes amis qui l’adore voulait m’emmener le voir en concert, espérant que nous serions invités en coulisses ensuite pour le rencontrer. Je n’ai pas voulu y aller, je préfère qu’il garde de moi l’image d’il y a quarante ans !
Connaissiez-vous Katie Melua, Françoise ?F.H. De nom, mais j’ai écouté ses albums et je suis également tombée sous le charme. Vos chansons, Katie, sont intemporelles. Elles auraient pu être composées il y a vingt ans, elles ne subissent pas la marque d’une époque, elles ont cette qualité. Elles me font penser aux compositions de Burt Bacharach.
K.M. Comment composez-vous ?
F.H. A la guitare. Je suis extrêmement limitée car je ne connais que trois ou quatre accords. Quand je faisais de la scène, j’étais accompagnée par un guitariste qui avait joué avec Stan Getz. Pour une raison que je ne saisissais pas, il aimait beaucoup mes chansons. Il m’expliqua un jour que les gens qui ne sont pas de vrais musiciens, qui n’ont pas de connaissances musicales, composent parfois des choses étonnantes car ils enfreignent des règles ou des conventions dont ils ignorent l’existence. J’ai été très impressionnée par la chanson de Katie “Spider’s Web”. Formidable mélodie ! En France, et cela m’étonne toujours, la plupart des chanteurs semblent plus s’intéresser aux textes qu’aux mélodies.
K.M. Je privilégie toujours la mélodie. Je compose à la guitare, parfois au piano. Et cela donne des morceaux très différents selon l’instrument que j’ai employé. J’avais 6 ans quand j’ai entendu la sonate “Au clair de lune” de Beethoven et ce fut mon premier choc musical. Je ne pensais pas qu’une musique puisse avoir autant de pouvoir. En Géorgie, tout le monde chante et joue du piano, la musique est partout. Mais je n’ai commencé à chanter qu’à l’âge de 15 ans. Mes premières compositions étaient épouvantables ! C’est lorsque je suis passée à la guitare que j’ai écrit des choses plus intéressantes. Entre-temps, j’avais découvert Joni Mitchell et Bob Dylan. Je ne trouvais pas les artistes de ma génération très inspirants. En découvrant ceux de la génération précédente, tout s’est déclenché, mon style est né.
F.H. Êtes-vous à l’aise sur scène ?
K.M. J’aime ça, car elle me permet de m’évader du monde. Je suis dans un autre univers. Je vis parfois des concerts difficiles, étranges, inconfortables mais, à chaque fois, je suis projetée dans une dimension fascinante.
F.H. Je n’ai jamais aimé la scène car j’étais (et c’est encore pire aujourd’hui en vieillissant) limitée vocalement. Et aussi rythmiquement. Je ne pouvais pas me reposer sur ma voix. Je n’étais jamais à l’abri d’une défaillance, d’une fausse note. Et je déteste voyager. C’est au début de ma carrière, à 18 ans, que j’ai vécu mon premier amour et il me fallait partir en tournée, nous séparer. Je n’avais pas de chance, car mon amoureux, qui était photographe, était toujours en déplacement lui aussi. Et mon deuxième amoureux (avec qui je suis toujours mariée) était chanteur, donc toujours en tournée également. Mais je ne me sentais bien sur scène que lorsque j’interprétais des chansons tristes, car c’était exactement ce que je ressentais tout le temps. C’est au Congo, à Kinshasa, que j’ai donné mon dernier concert, en 1968. Mon producteur de l’époque m’a dit que nous allions faire un break, mais je savais au fond de moi que je ne remonterais jamais sur une scène. J’étais trop malheureuse dans cette existence.
K.M. Vous n’avez jamais eu envie, des années plus tard, d’y retourner ?
F.H. Oh, non ! C’est comme la danse ou le sport, quand on a arrêté, on ne peut pas y revenir. Cela dure depuis plus de trente ans.
Katie, vous êtes très jeune mais vous avez connu une existence plutôt mouvementée. Vous avez fui la Géorgie pour l’Irlande avec votre famille, vous vivez à Londres mais vous voyagez beaucoup. Où vous sentez-vous chez vous ?K.M. J’habite Londres où la vie est ridiculement chère, mais j’y suis heureuse. C’est une ville où il se passe tant de choses ! En Géorgie, il y avait la guerre civile. Ce sont les deux extrêmes, d’un côté un pays où il n’y a pas d’impôts, pas d’éducation (les écoles sont fermées en hiver car il fait trop froid et il n’y a pas d’argent pour les chauffer), pas de couverture maladie, pas d’eau et, de l’autre, un pays où tout le confort moderne existe mais avec des impôts exorbitants. L’idéal serait un juste milieu. Quand nous sommes arrivés en Irlande, cela ressemblait à un rêve. Je me souviens que ce qui m’avait le plus marquée, c’était les couleurs. Dans les rues, il y avait du rouge, du vert, du jaune, du rose, les objets et les jouets aussi étaient colorés. Dans les pays communistes, les tons sont gris ou marron. Je suis très heureuse à Londres aujourd’hui.
Ensuite.... on retrouve l'extrait posté par Alexandre, qui fait à juste titre couler beaucoup d'encre tellement il tombe mal en conclusion d'une telle conversation.