Nombre de messages : 9972 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
(#) Sujet: 30 novembre 2012 - La libre Belgique Dim 2 Déc 2012 - 20:17
"L'amour fou", ou les vertiges de l’amour Marie-Anne Georges Mis en ligne le 30/11/2012
Romantiquissime à souhait, “L’amour fou”, 27e album de Françoise Hardy, contient dix sublimes morceaux, où soupire son cœur d’être habité par tant de tourments.
Il paraît que Françoise Hardy va mal - depuis presque dix ans, elle est atteinte d’un lymphome qui, de jour en jour, la diminue physiquement. Artistiquement parlant, elle est en pleine forme. En cet automne 2012, une saison au diapason de son humeur même si elle déclare préférer le printemps, l’artiste publie deux œuvres, un disque et un roman, qui portent le même titre, "L’amour fou".
A 68 ans - son beau physique longiligne lui en fait paraître bien moins -, Madame Hardy sort son 27e album. A nos yeux, il s’agit de son plus bel opus, et si des esprits chagrins devaient émettre quelque réserve, on le qualifierait de toute manière d’un de ses plus beaux albums, romantiquissime à souhait.
"L’amour fou", d’une durée d’à peine 35 minutes, comporte dix chansons dont les titres sont des plus évocateurs, "L’amour fou" donc, "Mal au cœur", "Pourquoi vous ?" ou "L’enfer et le paradis", pour ne citer que ceux-là. "L’amour fou" et ses parties parlées rappellent "Message personnel", mais aussi "Puisque vous partez en voyage", une chanson de Jean Nohain sur une musique de Mireille que Françoise interprétait avec Jacques, son Dutronc de mari, sur "Clair-obscur" (2000). Pas de duo sur ce nouvel opus, mais une présence, en filigrane, de l’être cher. Si l’on ne connaît pas l’état exact de leur relation actuelle, difficile, impossible même, de ne pas sentir planer l’ombre de cet homme (avec qui elle a un fils, Thomas) au détour des phrases, entre les lettres. Depuis "Tous les garçons et les filles", cette femme qui a la mélancolie chevillée au cœur, chante les amours impossibles, les relations aussi passionnées qu’autodestructrices, de celles qui font perdre la raison. Outre Dutronc, il y a certainement d’autres ombres qui hantent ces deux œuvres dont Françoise Hardy, seule, connaît l’identité.
Elle puise aussi son inspiration dans les faits divers. Sur "Les fous de Bassan", elle chante le destin tragique d’une jeune fille partie se promener le long de la mer pour ne jamais en revenir. Celle qui qualifie son écriture de précise, y a un style suffisamment vague - les couplets étant ici construits en forme interrogative -, que pour ne pas confiner le propos mais l’universaliser. Plus loin, sur "Soie et fourrures", qui évoque-t-elle quand elle chante : "nul n’a idée des mensonges/des impostures qui la rongent/derrière/les apparences/tant de souffrance/qu’elle doit taire...", si ce n’est une femme au regard d’un bleu vertigineux dont le mari fut au centre d’un long feuilleton médiatique qui prit place l’été 2011.
Auteur de tous les titres, à l’exception de deux, Françoise Hardy nous prend au piège quand elle interprète "Si vous n’avez rien à me dire". Elle est allée en puiser le texte chez... Victor Hugo. (Déplorons, simplement, une mauvaise transcription sur le livret.)
Tout le monde s’accorde pour relever que Françoise Hardy n’a jamais aussi bien chanté. Serait-elle comme le bon vin (elle préfère le Bordeaux au Bourgogne) et bonifierait-elle avec les ans ? "Quand je pense/Je pense à vous/Quand je chante/Je chante pour vous" : insistant sur chaque mot, presque au ralenti, elle prend le temps, sur "L’enfer et le paradis", de poser son chant élongé avant de continuer par "toute une vie dans le silence/de mes dilemmes, de vos absences/Toute une vie/de petites morts, de renaissances" : quelques mots, quelques rimes, tout est dit.
Comme elle ne manque jamais de le rappeler, Françoise Hardy écrit ses chansons à partir de mélodies que lui font parvenir des compositeurs. Que soient donc remerciés les artistes inspirés que sont ici Calogero et Thierry Stremler (déjà présents sur "La pluie sans parapluie") ainsi que Julien Doré, Alain Lanty ou Benoît Carré (Lilicub) qui lui ont concocté des musiques au diapason de sa personnalité, habitée qu’elle est par la mélancolie et la nostalgie. L’on s’étonne par ailleurs qu’autant de contributeurs aient pu donner une telle homogénéité mélodique.
D’une facture plus proche du classique que de la pop, "L’amour fou" donne la part belle au piano. Ce qui fait dire aux spécialistes, citant Debussy et Ravel, que l’on trouve là le meilleur de l’esprit français: retenue, intensité, subtilité. Mais l’on croise aussi Chopin ou Schubert...
L’ultime morceau possède des atours plus enlevés, où les guitares se font plus manifestes, Françoise Hardy y donne "Rendez-vous plus tard, dans une autre vie/ailleurs ou ici/pour nous aimer mieux et plus qu’aujourd’hui/ce n’est qu’un sursis". Son appel sera-t-il entendu ?
Nombre de messages : 9972 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
(#) Sujet: Re: 30 novembre 2012 - La libre Belgique Dim 2 Déc 2012 - 20:18
Contrairement à ce qui est suggéré, je doute que Françoise ait pu penser à Anne Sinclair pour le titre Soie et fourrure même si quelque part Anne peut probablement y ressentir quelque écho en elle.
luc Fanissime
Nombre de messages : 1653 Age : 72 Localisation : BELGIQUE Date d'inscription : 20/07/2009
(#) Sujet: Re: 30 novembre 2012 - La libre Belgique Lun 3 Déc 2012 - 13:24
La libre Belgique est un journal catholique de bon niveau. L'auteur considère presque comme un crime de lèse majesté d'avoir modifié le texte de Victor Hugo. Je donne raison à Françoise, si c'est ainsi qu'elle ressentait le poème qu'elle devait interpréter...
Jérôme Administrateur
Nombre de messages : 9972 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
(#) Sujet: Re: 30 novembre 2012 - La libre Belgique Lun 3 Déc 2012 - 19:37
Je pense plutôt que Marie-Anne Georges a remarqué que les paroles qui figurent dans le livret ne correspondent pas à ce que chante Françoise Hardy dans la chanson. Elle ne connaît probablement pas le poème de Victor Hugo et s'étonne de la discordance des textes. A mon avis, ça ne va pas plus loin.
S'il en est ainsi, c'est parce que Françoise a souhaité que soient uniquement transcrits les vers du texte d'origine. Certains y voient une erreur alors qu'il ne s'agit que d'une marque de respect pour l'auteur des Misérables.
Elma Critique du forum
Nombre de messages : 2089 Age : 64 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/08/2007
(#) Sujet: Re: 30 novembre 2012 - La libre Belgique Lun 3 Déc 2012 - 19:58
L'article me fait plus l'effet d'un "exercice de style" ayant pour but de mettre autant en valeur son auteur, que FH. Au moins est-il travaillé et réfléchi, sans compter que chacun est libre d'exprimer son sentiment/ressenti. Là où j'ai plus de mal, comme Luc, c'est quand la journaliste dit Déplorons, simplement, une mauvaise transcription sur le livret. La poésie ou la prose invitent tout à chacun dans son propre imaginaire. On se transpose, naturellement, un peu comme un réflexe. C'est aussi une façon d'entrer dans une oeuvre, qu'elle soit littéraire, musicale... FH n'a jamais prétendu, que je sache, vouloir retranscrire Victor Hugo. Libre à elle, effectivement, d'user de licence poétique, au sens large, pour coller avec les paroles, sa sensibilité. Ne vaut-il pas une oeuvre revisitée que "morte" ? [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Jérôme Administrateur
Nombre de messages : 9972 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
(#) Sujet: Re: 30 novembre 2012 - La libre Belgique Lun 3 Déc 2012 - 20:39
Je pense que vous vous méprenez., le livret dont parle Marie-Anne Georges est celui qui est dans le CD avec les paroles des chansons.
Pour "Si vous n'avez rien à me dire", les paroles qui sont dans le livret du CD sont celles du poème de Victor Hugo. Les retouches apportées par Françoise Hardy n'y figurent pas. Si on écoute le disque en lisant les paroles du livret on ne peut que se demander pourquoi cela ne correspond pas et c'est à mon avis ce que veut dire Marie-Anne Georges quand elle écrit dans son article "Déplorons, simplement, une mauvaise transcription sur le livret". Elle en parle de toute façon comme un point mineur puisqu'elle glisse cette remarque entre parenthèses et sans aucun sous entendu malveillant.
L'article au global étant plutôt élogieux à l'égard de Françoise Hardy, je ne pense pas du tout que Marie-Anne Georges déplore quoi que ce soit à la chanson elle-même. Elle avance même : "Françoise Hardy nous prend au piège quand elle interprète "Si vous n’avez rien à me dire"."
Cela me fait penser que je viens de visionner l'émission "Entrée libre" sur France 5 où Françoise Hardy parle de cette chanson et s'excuse auprès de Victor Hugo en regardant le ciel car celui-ci espérait que jamais le moindre de ses poèmes ne serait mis en musique.... Pour se faire pardonner, elle n'a pas souhaité altérer le poème retranscrit dans le livret du CD et je la comprends parfaitement sur ce point.
Alexandre Modérateur
Nombre de messages : 3574 Age : 51 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/08/2007
(#) Sujet: Re: 30 novembre 2012 - La libre Belgique Mar 4 Déc 2012 - 16:16
Ça me fait marrer que la critique évoque l'affaire Strauss Kahn... Y en a qui prenne leurs intuitions pour des vérités étonnantes.
Concernant l'histoire du livret, je pense qu'il n'y a pas non plus de polémique sous-jacente. Juste une façon de relever une certaine anomalie.
luc Fanissime
Nombre de messages : 1653 Age : 72 Localisation : BELGIQUE Date d'inscription : 20/07/2009
(#) Sujet: Re: 30 novembre 2012 - La libre Belgique Mar 4 Déc 2012 - 17:30
"celui-ci (Victor Hugo) espérait que jamais le moindre de ses poèmes ne serait mis en musique..."
S'il y en a un qui a bien été "pillé" côté chanson, c'est bien Victor Hugo. Voici 2 exemples provenant du grand Georges. Dans les 2 cas, les textes ont été modifiés. Françoise ne fait donc pas exception ...
Jérôme Administrateur
Nombre de messages : 9972 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
(#) Sujet: Re: 30 novembre 2012 - La libre Belgique Mar 4 Déc 2012 - 19:48
Le talent de Georges Brassens se marie effectivement aussi très bien avec celui de Victor Hugo.
Pour en revenir à "Si vous n'avez rien à me dire", on peut quand même se demander si Victor Hugo était aussi allergique que ça à une mise en musique dans la mesure où le poème s'appelait à l'origine "Chanson".....
Je pense que Françoise doit voir Victor Hugo comme un si grand écrivain qu'elle se sent probablement quelque part un peu indigne de mêler ses mots aux siens quoi que dans les dernières interviews elle ose s'aventurer à dire qu'elle aurait pu écrire le texte elle-même, tellement il est en adéquation avec son propre ressenti. Encore un petit paradoxe.
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(#) Sujet: Re: 30 novembre 2012 - La libre Belgique