[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un coup double pour célébrer vos cinquante ans de carrière ?Je déteste les commémorations ! Rien n'était prémédité. Une mélodie de Thierry Stremler, avec un déluge de cordes et de piano, m'a transportée au XIXe siècle. J'ai donc écrit une petite tragédie que j'ai intitulée
L'Amour fou, une expression courante qui parle à tout le monde.
C'est aussi le thème de votre roman...Ce récit dormait dans mes tiroirs depuis des années. Je l'aurais jeté si ma psy ne me l'avait pas interdit ! Jean-Marie Périer a dissipé une partie de mes doutes. Et l'an dernier, lors d'une hospitalisation, je me suis dit : "Les autres font des tournées, des prime time... Pourquoi ne sortirais-je pas un album et un livre en même temps ? ". Ce que j'ai vécu est la source d'inspiration majeure de mes chansons.
A travers le récit de la narratrice, folle d'amour pour Monsieur X, qui lui échappe et la fait souffrir, vous évoquez votre relation avec Jacques Dutronc ?Ce récit réunit plusieurs histoires personnelles en une seule. Je me suis aperçue que j'avais été attirée par le même genre d'hommes et que je me retrouvais sans cesse aux prises avec les mêmes difficultés.
Avez-vous toujours eu cette obsession d'être quittée ?Oui. Quand quelqu'un représente tout pour vous _ ce qui est insupportable pour cette personne _, vous vivez dans la hantise qu'il disparaisse de votre vie. J'ai rencontré Püppchen, la compagne de Brassens. Elle avait tant craint de le perdre qu'elle s'est presque sentie libérée quand il est mort.
Pourquoi êtes-vous si peu sûre de vous ?(Long silence.) Grâce à l'astrologie, j'ai compris que j'étais née avec une problématique masochiste : on part perdant et l'on induit des attitudes sadiques chez autrui.
Et aujourd'hui, vous sentez-vous sereine ?Non, J'ai trop de problèmes de santé qui me pourrissent la vie.
Qu'est-ce qui vous rend heureuse ?Voir mon fils suffit à me combler. La naissance et l’enfance de Thomas sont ce que j’ai vécu de mieux. Si je n'ai connu que du malheur sur le plan sentimental, la maternité, ça n'a été que du bonheur.
Comment définissez-vous votre relation avec Jacques Dutronc, à qui vous dédiez, dans l'album Rendez-vous dans une autre vie ?Une amitié particulière, qui a changé en 45 ans. Pour moi, c’est lui qui aura compté le plus, et il me semble qu’il doit avoir la même impression.
(Silence) C’est une belle histoire. Il y a eu beaucoup, beaucoup d’amour entre nous. Ça reste inoubliable ».
Interview d'Emmanuelle Touraine.