L'inspiration

Je n 'ai jamais bien compris ces artistes qui soit écrivent un livre, soit une chanson, afin de faire connaître leurs sentiments, et qui étalent ainsi sans pudeur cela sur la place publique.
( Pour Françoise, dernièrement, comme elle n'était pas certaine que Jacques lirait le livre, elle a fait un album de chansons : du coup, nous avons pu profiter des deux; enfin profiter n'est peut-être pas le bon mot concernant le livre ).

Dans ce cas il ne faut ni écouter les chansons de Françoise (plus accessoirement Brel, Aznavour, Barbara, Leprest, j'en passe et des meilleurs) ni lire ses livres (plus accessoirement, Proust, Modiano, Pérec, Cohen, Ellroy, j'en passe et des meilleurs)!!!!!!
Un artiste n'écrit-il pas le plus souvent sur ce qui fait sa vie ?

Ce sujet étant un thème en soi, je l'ai déplacé ici et déconnecté de la chanson "Il y a eu des nuits".

Un artiste prend fatalement de la matière dans sa propre expérience de la vie.
Par exemple, Malraux quand il écrit "la voie Royale" et son épopée Cambodgienne faite de rapines éconduites.
Il a d'ailleurs écrit : "La vie est une matière, il s'agit de savoir ce qu'on en fait". Mais de la à écrire à quelqu'un des messages par roman interposé en prenant le monde entier à témoin, c'est un peu indécent.
Proust s'inspire de personnages réels, mais n'envoie pas de messages amoureux à ceux-ci.
Concernant Françoise, cela ne m'empêche pas d'apprécier ses chansons.

Personnellement, j'ai toujours pensé que les chansons de Françoise Hardy se suffisaient à elle-même et je n'ai jamais perçu de message adressé à qui que ce soit. Ce sont souvent les autres qui en faisant des commentaires de ci de là m'ont conduit à associer certaines chansons à certaines personnes mais honnêtement je n'y ai jamais prêté attention plus que cela. J'adore ces chansons pour ce qu'elles sont et encore plus pour la voix de notre interprète fétiche.

Pour ce qui est des bouquins je suis plus en retrait. L'autobiographie m'a gêné dans certains passages que j'ai trouvés particulièrement impudiques (notamment tout ce qui tournait autour de la sœur de Françoise) mais en même temps l'autobiographie ne peut avoir de la profondeur que si on aborde honnêtement ses "problèmes de famille". Donc j'ai accepté la situation.

Le roman ne m'a pas convaincu à cause de la personnalité du personnage féminin que j'ai trouvé beaucoup trop masochiste. J'y ai perçu (comme beaucoup probablement) une transposition à peine déformée de Françoise elle-même. En revanche le personnage masculin m'a semblé tellement désincarné que je n'y ai associé personne même si certains traits pouvaient faire penser à Jacques Dutronc.

En résumé pour les chansons le mystère est suffisamment présent pour ne pas me gêner du tout alors que côté littérature je suis plus réservé.

Jérôme a écrit : Il y a eu des nuits Sam 9 Mar 2013 - 19:51
"Françoise Hardy adresse cet album à son compagnon Jacques Dutronc avec qui elle entretient malgré elle une relation distante pleine de silences et d'absences."

En fait, Alexandre, c'est à cette phrase de Jérôme que je réagissais.
Je n'aime pas trop que l'on prenne le public à témoin de choses intimes. S'en inspirer, c'est autre chose.
Pour moi également, je pense que les chansons de Françoise se suffisent à elles-mêmes.
J'aime le personnage (d'ailleurs, si ce n'était pas le cas, je me demande ce que je ferais sur ce site!) , sa famille, sa voix, sa personnalité ( quoique celle-ci m'est apparue un peu torturée ces derniers temps, mais Jacques nous avait déjà prévenu ...).
J'ai lu l'autobiographie d'une traite et je l'ai vraiment trouvée bien écrite, pas trop impudique, et au demeurant très intéressante.
Par contre, le roman "l'amour fou" va rechercher son inspiration dans les fondements de l'âme et comme la sienne est un peu tourmentée, cela donne quelque chose de bien écrit mais vite lassant. Elle avoue d'ailleurs que ce sont les quelques histoires amoureuses qu'elle a vécues qui l'ont inspirée ( le livre ainsi que les chansons ) :

"Le personnage masculin est assez névrosé, en effet…
Il est la somme de plusieurs personnalités que j’ai connues, c’est un composite. J’ai été obligée de brouiller les pistes, parce que sinon, je savais que les gens diraient, c’est Jacques Dutronc. Et pas du tout. Enfin, c’est à la fois lui et pas lui. Ce personnage, c’est le profil masculin, par lequel j’ai toujours été attirée : un caractère réservé, taciturne, ne s’exprimant pas beaucoup et ayant un ego pas si solide que ça…
Votre roman est donc un journal intime ?
C’est l’histoire à répétition que j’ai vécue quelques fois dans ma vie. Je n’ai pas eu 40 000 histoires, mais j’en ai eu. Deux ont été publiques, mais les quelques autres ne le sont pas. C’est d’ailleurs aussi cela qui a inspiré la majorité de mes textes de chansons."