Françoise Hardy sur France Culture - Tant de belles choses

Frédéric Mitterrand recevait Françoise Hardy sur France Culture le 17 novembre 2007. L'objectif était de survoler en l'espace de deux heures la carrière de la chanteuse.

2ème partie de l'entretien...

A propos de la chanson Tant de belles choses

FM : Françoise Hardy, c'est une chanson qui a été composée en quelles circonstances ? Comment ?
FH : J'avais cette musique que j'aimais beaucoup et … enfin c'est difficile pour moi d'évoquer ça parce que ça a été des circonstances un p'tit peu tragiques qui ont présidées à l'écriture de ce texte. J'avais eu un diagnostic médical comme ça. Enfin, j'avais une espèce de rougeur à l'œil qui depuis un moment ne partait pas. D'un seul coup on m'a fait un diagnostic très effrayant et très brutal. Un diagnostic qui était exact d'ailleurs. Et donc, en fait j'ai écrit ce texte juste au moment où j'ai eu ce diagnostic et je ne savais pas… enfin j'avais des raisons de me demander si je serais là à la fin de l'année ou pas. Et mon fils avait beaucoup de chagrin parce qu'il avait en même temps son grand-père qui n'allait pas bien, moi qui avais ce problème dont on ne savait pas grand-chose encore et je l'ai vu pleurer le soir de mon anniversaire que nous fêtions tous ensemble. Et je ne pouvais penser à rien d'autre. C'est en pensant à lui, en pensant à ce qui m'arrivait, dont je ne connaissais pas l'issue que j'ai écrit ce texte qui se veut un texte optimiste…
FM : Oui et on pense que ça lui est adressé
FH : En fait, c'est adressé à toutes les personnes qu'on aime pour leur dire en effet que l'amour est plus fort que la mort. Je crois depuis très longtemps que nous sommes un esprit enfermé dans un corps et que la mort c'est simplement la libération de l'esprit du corps, dans des circonstances toujours difficiles psychologiquement et physiquement mais qu'une fois que l'esprit est libéré du corps il part dans une autre dimension, dans un autre espace temps et les liens très forts ne sont pas brisés pour autant. Ils continuent.. sous une autre forme.

En lisant le livre écrit par Cyrano de Bergerac (1649), «L’Autre monde ou les Etats et Empires de la Lune» (© Liguori Editore S.r.l., Napoli 1984) je tombe sur cette phrase : “Tant de belles choses qu’il m’explicquoit me donnerent la curiosité de l’intèroger sur sa naissance e sur sa mort, si au pays du soleil l’individu venoit au jour par les voyes de generation, et s’il mourroit par le desordre de son temperament ou la rupture de ses organes”.
«Il y a trop peu de rapport, dit-il, entre vos sens et l’explication de ces misteres. Vous vous imaginés, vous autres, que ce que vous ne sçauriés comprendre est spirituel, ou qu’il n’est point ; la consequence est trs faulce, mais c’est un tesmoingnage qu’il y a dans l’univers un million peut-estre de choses qui, pour estre connues, demanderoient en nous un million d’organestous differens». Et quand la chanson de Françoise dit:
“Dans l'espace qui lie le ciel et la terre
Se cache le plus grand des mystères
Comme la brume voilant l'aurore
Il y a tant de belles choses que tu ignores”
… il ya une correspondance dans Cyrano : “(…) la lumière par sa chaleur (…) destruisoit” (les mysteères) ainnsy qu’on voit qu’elle dissipe un brouillard en le dilatant”.

(c) massimo presciutti siae / arsny, mars 2011