Françoise Hardy
Sabine Delanglade / Editorialiste | Le 13/03 à 06:00
Mon coeur de silex/Vite prend feu/Ton coeur de Pyrex résiste au feu/Je suis bien perplexe/Je ne veux/Me résoudre aux adieux ».
C'est pourtant comme une sorte d'au revoir que résonne le livre que Françoise Hardy vient de publier, déjà 50.000 exemplaires.
Avec « Avis non autorisés... », la chanteuse romantique se lâche. Elle avait su consoler tous ceux qui allaient dans les rues l'âme en peine.
Aujourd'hui, elle nous fait le plaisir d'assassiner la suffisance d'Aymeric Caron, faire-valoir de Laurent Ruquier sur France 2 :
« Les réacs, ce sont les autres ; lui est le progressiste qui voit beaucoup plus loin et beaucoup plus intelligent. » Elle aime la viande saignante et ça saigne. Cécile Duflot ?
« Elle ne parle pas : elle glapit. » Marine Le Pen ?
« J'ai horreur des matrones autoritaires. » Mais elle aime Alain Juppé, Thomas, son fils, Michel Houellebecq, Michel Rocard, Patrick Modiano. Le prix Nobel lui a écrit des chansons : « Le soir, le soir, je me sens bien seule/Le soir, le soir, je fais des puzzles. »
On reproche à celle qui ne voulait pas « surexposer ses yeux » de mettre à soixante et onze ans ses intestins en vitrine, elle souffre d'une maladie des voies digestives. Mon amie, ça sent pas la rose.
Pourtant, ses ventes ont démarré en flèche ; elle avait déjà fait un malheur avec son ouvrage précédent : « Le désespoir des singes et autres bagatelles ».
Il ne s'agit pas tellement de ses analyses politiques, simplement les baby-boomers lui pardonnent tout, continuent à vouloir percer les mystères de cette silhouette gracile qui les a tant bercés, la maison où ils ont grandi : « S'il me reste un ami qui vraiment me comprenne/J'oublierai à la fois mes larmes et mes peines. » Et ce Dutronc qui semble préférer ses chats, ses cigares, sa bouteille ! Vieille canaille !
source : http://www.lesechos.fr/idees-debats/en-vue/0204221387295-francoise-hardy-1101594.php#