Vos chansons préférées de Françoise

Incroyable, mais vrai... j'ai découvert il y a peu une de mes chansons préférées de Françoise. 



Françoise, je t'aime... 

Très bon choix.

Quant à moi, une des chansons méconnues que je préfère est "Mer" (à ne pas confondre avec "La mer")

Ayant digressé dans un autre sujet, je coupe et colle dans le bon sujet 

Quand j'écoute "La terre", mon dernier coup de coeur en date au rayon des chansons Hardyennes, c'est dès qu'elle dit "la teeeerre" que je suis pris. C'est direct. On dirait que tout est dit dès cette entrée en matière, car elle imprime à ce seul sujet un ton, une émotion, une tristesse, j'allais dire "un état des lieux". Dès qu'elle dit "la teeerrre" (et le dit et redit comme un refrain), on plane, on est captivé, comme devant un paysage. On a presque l'impression qu'elle veut lui parler, à cette terre, cette boule ronde, comme d'autres poètes parlaient à la Lune. Elle la personnifie. C'est aussi une façon de s'interroger existentiellement, l'air de rien. "La terre", ça rime avec "mystère". On est tous là, sans savoir pourquoi, sans savoir pourquoi on existe. Et Françoise trouve que la terre est triste, comme elle dit qu'elle aime la nuit parce que les choses deviennent plus floues, et les aspérités d'un monde qu'elle ne trouve pas beau, moins nettes. Elle aime donc le flou, le vague, le rêve, la nuit, la musique, l'évasion... elle n'a pas un regard positif et gourmand, elle ne mord pas la vie à pleine dents, elle est un peu morose et s'interroge... et surtout voudrait que tout soit plus beau... et en chantant son blues, avec "La terre" et d'autres chansons, elle partage son goût pour ce qui est beau, exprimé dans le regret de ce qui ne l'est pas. "La teeerre", c'est aussi son regard, la façon dont elle la voit, elle le dit elle-même dans cette chanson qui est effectivement remarquablement bien écrite pour aller à l'essentiel de ce qu'elle ressent. Ce qui préoccupe Françoise n'est pas de "bien écrire", c'est d'exprimer son émotion de la façon la plus juste possible. Quand Bernard Pivot demande à Marguerite Duras d'où lui vient son style, elle aurait pu lui répondre qu'il vient lorsqu'on ne cherche pas à en avoir.

Je ressens aussi beaucoup de tendresse dans cette chanson, ce n'est pas seulement que Françoise la voit triste et grise, cette planète nôtre, on a aussi l'impression qu'elle nous en parle à nous, qu'elle s'adresse à quelqu'un. Ou à elle-même, donc à tout le monde.