Françoise Hardy - Mon amie la rose


 
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 18 décembre 2016 - Libération

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Jérôme
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Jérôme

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18 décembre 2016 - Libération _
Message(#) Sujet: 18 décembre 2016 - Libération 18 décembre 2016 - Libération Default12Lun 19 Déc 2016 - 9:57

Françoise Hardy, ressuscitée

Par Marie-Dominique Lelièvre — 18 décembre 2016 à 17:56

18 décembre 2016 - Libération 97598610

Francoise Hardy, à Paris, le 15 décembre.  Photo Samuel Kirszenbaum

Remise d’une grave maladie, la chanteuse retrouve une légèreté adoucie qui semblait l’avoir définitivement quittée.


Françoise Hardy est une personne sérieuse. Quand elle fait une chose, elle la fait à fond. Un exemple, en replay sur YouTube. Il y a un mois, elle présente son dernier livre à On n’est pas couché, le talk-show nocturne de Ruquier. Comme le veut cette partie de flipper, elle est la cible de deux chroniqueurs chargés d’abaisser l’invité, qui s’exécutent dans les deux sens du terme, car les lance-billes se tirent dans l’escarpin. Le jeu en vaut la chandelle, pour une fois. Les sarbacanes lâchent les postillons. Elle ne tilte pas, et rit, un peu déconcertée. Elle ne s’attendait pas à être maltraitée, mais elle reste cool. Une femme ayant éradiqué le bacille Campylobacter résiste aux attaques de bactéries.

«L’Excellente» , c’est le surnom que lui donne le photographe Jean-Marie Périer, est hors d’atteinte. Elle vit dans une bulle en Plexiglas, une enceinte invisible, un monde en apesanteur peuplé de musique, de livres, de rêveries et de politiciens play-boys. Le lendemain, elle se confie à son ami Olivier Bellamy. Elle pense avoir été laminée. «Or, l’inverse s’est produit, dit le musicologue. Elle ne s’abaisse pas en réagissant ou en rendant coup pour coup.» Mieux, courtoise, élégante, elle s’applique à répondre le plus honnêtement du monde. «Elle essaie de comprendre l’attaque, analyse Bellamy. Cela donne de la force, puis elle s’explique.» Une grande dame est une grande dame, même quand elle a la diarrhée. «Françoise dit toujours exactement ce qu’elle pense, dit Périer. Elle possède une qualité très rare : elle utilise le chemin le plus court entre la pensée et la parole. C’est très émouvant. Et parfois, un peu rêche.»


C’est un boulevard d’ambassades mélancolique, avec au bout les luxueux immeubles Walter qui servirent de QG à la Wehrmacht. Dans cette concession modianesque, Françoise Hardy a reconstruit ses quartiers, ou plutôt sa cellule d’éternelle jeune fille. «Je me suis installée ici à cause des arbres à hauteur de fenêtre», dit-elle. Sur le boulevard, un arbre tend ses ramures déplumées. Vêtue d’un blouson qui lui matelasse un abdomen de cigale, Hardy caracole sans cesse sur le canapé de cuir noir, souple et franche comme une adolescente. Les jours de grand vent, elle s’accroche aux grilles des immeubles pour ne pas s’envoler : «Une nouvelle chute serait fatale.»


Plongée dans un coma artificiel à la suite d’un gadin fracassant dans une douche savonneuse de l’Hôpital américain, elle a failli rendre son âme musicale. Pudique à mort, elle avait voulu se passer d’aide-soignante. Son délicat squelette a explosé sur les carreaux comme de la porcelaine fine. Thomas Dutronc et son père Jacques se tenaient à son chevet, préparés au pire. «Après trois semaines d’inconscience, on me dit morte et je ressuscite, que s’est-il passé ?» Dans son entourage, deux groupes de prières sont intervenus en faveur de sa guérison, leur énergie positive l’a requinquée.

En hommage à cette résurrection qui lui a rendu sa vitalité, l’a rajeunie et adoucie, elle titre son dernier livre Un cadeau du ciel… Et puisque l’hématologue tempère son enthousiasme, perdue pour perdue, il lui a administré une chimio de cheval, elle assortit le titre de points de suspension. Et Hardy, dont tous les amis soulignent le sens de l’humour, de songer aussitôt à Woody Allen, les mots les plus doux ne sont pas «je t’aime», mais «c’est bénin».


«Elle écrit sur les servitudes du corps, de la maladie. A part Céline et Reverzy, qui écrit aussi crûment ? Elle raconte son voyage au bout de la nuit, et sa renaissance. Elle fait des choses que personne ne fait, et surtout pas une icône glamour ! C’est culotté. Un écrivain, c’est d’abord un courage physique», dit son éditeur Olivier Frébourg. Et Hardy d’ajouter : «Pourquoi raconter ces jours très durs ? Dans le but de déboucher sur des choses susceptibles d’intéresser d’autres que moi. Pour partager avec d’autres. Pour parler des groupes de prière.» Un imposant Bouddha doré surplombe la conversation. «Un bel objet mais un objet seulement», dit-elle, jugeant le bouddhisme trop éloigné de sa culture.

«Françoise est une éternelle étudiante», disait le sarcastique directeur artistique qui l’a lancée. Assoiffée de connaissances, elle a étudié l’allemand, l’astrologie, la graphologie, la méthode Mézières, le bouddhisme, la psychologie, les tarots de Marseille, la physique quantique. Lorsqu’elle s’intéresse, elle fait les choses à fond. 2017 sera une année sabbatique, elle va relire Etienne Klein et l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan. «Je suis comme sur un nuage, cela excite le peu d’intelligence que j’ai.»


La pièce fond doucement dans le soir. Les derniers photons poudrent son extraordinaire visage d’un éclat velouté de studio Harcourt. Sa présence a quelque chose de déconcertant, elle est là sans être là. Un écran en veille scintille dans le fond de la pièce nue. Dans un très beau livre, son fiancé d’alors, Perrier, a publié sa première séance photo en 1962. C’était pour le magazine Salut les copains, elle venait d’enregistrer Tous les garçons et les filles. Dans un décor d’une nudité saisissante, une jeune fille joue de la guitare sur son lit. La chambre est vide, à l’exception d’une petite étagère résumant tout son univers, quelques livres et un atlas géographique. «Déjà, elle voyageait dans sa tête», dit-il. Avec un physique et une élégance extravagante, une beauté à la Garbo, minérale et iridescente, elle est vêtue de ses propres vêtements de lycéenne pauvre. La grâce de l’adolescence. Et avec ça, une voix sans maquillage, qui va au plus simple pour dire ce qu’elle sent, avec une juste distance et une sincérité sans compromis.
Françoise Hardy la sincérité majuscule. «Toute sa vie, elle a lutté contre elle-même et contre le système pour protéger son art. Conservant son exigence, elle a évolué en restant elle-même. Alors pour ça, chapeau !» dit Bellamy, qui est aussi proche de la pianiste Martha Argerich.

Tout à l’heure, peut-être, Hardy écoutera Lost on You, son tube addictif du moment. Une chanson de Laura Pergolizzi, un drôle de ouistiti frisé. Dans ce bout du monde au ras des anciennes fortifications, Hardy habite une solitude choisie. «Elle vit seule parce qu’elle est hypersensible. Fragile, elle se protège car ses défenses sont faibles», dit Bellamy. Et l’amour dans tout ça ? Eternelle amoureuse de play-boys, elle n’a pas renoncé à idéaliser les hommes. Il y en a deux, en ce moment, son fils Thomas. Et ? «Elle est très amoureuse d’Emmanuel Macron. Son genre d’hommes : un électron libre, un type hors système.» Elle a pu aussi apprécier Rocard ou Védrine, autres genres de beauté. Nous, on part vers le Ranelagh en écoutant Fin d’après-midi, notre addiction hardyesque du moment.

1944 Naissance.
1973 Naissance de son fils, Thomas.
1981 Mariage avec Jacques Dutronc.
2008 Le Désespoir des singes et autres bagatelles (Robert Laffont).
2016 Un cadeau du ciel… (Equateurs).

Marie-Dominique Lelièvre

Source : http://next.liberation.fr/musique/2016/12/18/francoise-hardy-ressuscitee_1536139
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http://mon-amie-hardy-rose.blogspot.com
 
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