Dommartin-lès-Remiremont Portrait Vosges : le guitariste de Françoise Hardy
Jean-Claude Bouvarel, 72 ans, a posé ses valises en octobre 2015 à Dommartin-lès-Remiremont. L’ancien guitariste devenu commercial revient sur sa carrière et notamment sa rencontre avec Françoise Hardy.
- Le 29/01/2017 à 05:01
- mis à jour à 23:57
À 72 ans, Jean-Claude Bouvarel a une longue carrière derrière lui. Dans sa petite maison de Dommartin-lès-Remiremont, dans laquelle il s’est installé avec sa nouvelle compagne, il reçoit, attablé dans une pièce remplie de livres sur Françoise Hardy pour laquelle il a été guitariste le temps de quelques concerts. Jean-Claude Bouvarel est né le 24 mai 1944 dans l’Ain. « Dans ma famille, mon père, mes sœurs… tout le monde était chanteur. » Dès 5 ans, le garçonnet est plongé dans la musique et suit des cours de piano au conservatoire de Nice, auprès du même professeur que Gilbert Bécaud. À 15 ans, en plein avènement du rock’n’roll, l’adolescent décide de se mettre à la guitare.
En 1960, Jean-Claude Bouvarel monte un groupe avec un ami guitariste : Willy Dan et ses ombres. « On jouait dans des théâtres et des salles de la Côte d'Azur ». En 1961, le chanteur Willy Dan est appelé sous les drapeaux, le groupe se disloque. CAP comptabilité en poche, Jean-Claude Bouvarel intègre José Salcy et ses jam’s jusqu’en 1962.
Après quoi, par l’intermédiaire de son beau-frère, directeur des disques Vogue, il devient guitariste pour Rocky Volcano. « C’était le concurrent direct de Johnny Hallyday. Je suis parti avec lui pour une tournée de trois semaines à Dakar », raconte ce fan inconditionnel du général de Gaulle qu’il considère comme son mentor. S’ensuit un périple en France et en Espagne, où le groupe est remarqué par un producteur de disques espagnol. « J’ai participé seulement à l’enregistrement des deux premiers 45 tours de Rocky Volcano car entre-temps j’ai été rappelé par mon père pour travailler dans son entreprise de mercerie-bonneterie. »
À peine de retour chez lui, Jean-Claude Bouvarel intègre un festival de jazz et de rock organisé par Joséphine Baker dans son château de Dordogne. Nous sommes en 1962 et Françoise Hardy vient de sortir ses deux premiers 45 tours. « Elle voulait faire une tournée, mais une partie de ses musiciens ont été obligés de partir à l’armée. Elle avait signé chez Vogue, mon beau-frère nous a mis en contact. Nous avons fait un premier gala à Montpellier. Elle est entrée en scène en robe noire devant un public d’étudiants, mais il y a eu une panne de micro, elle est retournée dans sa loge en pleurs et nous avons dû combler en instrumental jusqu’à ce qu’elle revienne. Ça a été un triomphe », se souvient Jean-Claude Bouvarel.
Autre événement : le 31 décembre 1962. « Dans la même soirée, nous avons fait 4 concerts avec elle pour finir à 5 h du matin au casino municipal de Saint-Raphaël. C’était notre dernière collaboration. C’est une femme qui a eu la volonté de faire ce métier sans se prendre la tête, elle a toujours été discrète et a une bonté d’âme exceptionnelle. »
Après son aventure, Jean-Claude Bouvarel retourne à la vie « normale » et travaille auprès de son père avant de partir à l’armée puis d’ouvrir une discothèque dans l’Ain. L’affaire est vendue en 1968 et Jean-Claude Bouvarel se lance dans une carrière de commercial jusqu’à sa retraite en 2004. « J’ai continué de jouer pour le fun, gratuitement, dans des maisons de retraite. C’est resté une passion. » Passion qu’il peut partager avec sa fille, Béatrice, chanteuse.
Un peu de nostalgie ? « J’ai toujours été nostalgique de ne pas avoir revu Françoise Hardy, mais je prévois d’aller voir Thomas Dutronc, son fils, en février à Saint-Dié, j’aimerais lui montrer des photos. Pour moi, il fait partie des meilleurs guitaristes du monde. »
Marion RIEGERT
Source : http://www.vosgesmatin.fr/edition-de-remiremont/2017/01/29/vosges-le-guitariste-de-francoise-hardy