On connaît la musique - La jeune génération - L'amitié...

Invitée par Thierry Lecamp le 10 décembre 2005 dans l’émission de radio « On connaît la musique », Françoise Hardy fait la promotion de la compilation « Double CD / DVD » Le temps des souvenirs.

Quelques bribes de l'émission...

A propos de la jeune génération

Thierry Lecamp : Vous trouvez que la jeune génération aujourd'hui est aussi lucide que vous l'étiez à vos débuts ?
Françoise Hardy : Ca m'arrive de temps en temps d'entendre, d'ailleurs sur votre station radiophonique, d'entendre des jeunes gens de la Star Ac, interviewés par un de vos confrères. Donc je trouve qu'elles ont beaucoup… elles ont beaucoup de lucidité… Oui, je trouve quand même. Je les trouve quand même assez lucides. Ce que je trouve … un petit défaut qu'elles ont, pas toutes hein, mais certaines. Il y a quand même une vulgarité… qui est d'ailleurs tout à fait représentative de la vulgarité ambiante, quoi, de notre société. Notre société devient de plus en plus vulgaire. C'est quelque chose… c'est quelque chose… qui me… qui me heurte… qui me… qui me choque. J'aime bien moi, de temps en temps, regarder justement des vieilles interviews, des vieux films. Pas par passéisme, mais pour me plonger dans un bain d'un petit peu d'oxygène car dès qu'il y a de la vulgarité, y a plus d'oxygène.

A propos de Mon amie la rose et de L'amitié

Thierry Lecamp : On va terminer avec Mon amie la rose pour la période 60, ça va ?
Françoise Hardy : Allez. Pourquoi pas ?
Thierry Lecamp : Très bien. Ca vous enchante (Rires)
Françoise Hardy : Je ne savais pas que cette chanson figurait sur cette compile. Comment se fait-ce ? (Rires). Y a L'amitié aussi ?
Thierry Lecamp : Y a L'amitié aussi mais je l'avais diffusée la dernière fois. Mais vous tenez à L'amitié ? Vous préférez ?
Françoise Hardy : Ah moi je préfère L'amitié à Mon amie la rose, c'est une meilleure chanson…

Moi je préfère "Mon amie la rose". Je n'ai jamais rien compris à l'amitié de toute façon.

Champagne pour tout le monde! On va fêter ma concordance de vue avec Melle Hardy.
Ce n'est peut être pas la première fois, mais c'est si rare que je sois d'accord avec elle (on dirait un vieux couple, elle et moi, genre Gabin et Signoret dans "Le chat").
Moi aussi je préfère "L'amitié".
Un jour Lil'bear, je t'expliquerai cette chanson et surtout te ferai oublier la version patronnage "trouduc du monde" des Enfoirés.

J'ai l'impression que cette conversation devient vulgaire... à l'image du monde ambiant... comme dirait Françoise.

Pour retrouver un peu d'oxygène, je vais écouter Mon amie la rose. Ah Mais !

Pour être exceptionnellement sérieux (je sais, je suis à peine crédible sur ce coup là) je ne sais pas pourquoi Françoise Hardy fait une telle fixation sur L'amitié. Je trouve bien sûr que c'est une jolie chanson mais pour moi la poésie de Mon amie la rose est plus intense. (En même temps je suis obligé de défendre le site... sinon gare à mes fesses !)

Mais "L'amitié" n'est pas, a priori, une chanson poétique !
C'est une chanson, plus ou moins en bouts rimés, vraie, simple, touchante, loin de la rhétorique raccoleuse de "Si tous les gars du monde".
C'est ce que je reproche aux Enfoirés. ils en ont fait une chanson pauvre, au raz des paquerettes. C'est "Frère Jacques" même pas en canon.
L'amitié, c'est pas une réunion de début de beuverie genre troisième mi-temps ou de retrouvailles entre conscrits. Non, l'amitié (le concept ou la chanson) c'est quelque chose de ténu, si fragile que ça tient à un souffle et c'est là que le manque d'ampleur de voix de FH (et son intelligence du texte je pense) fait merveille.
Quand on est en manque d'ami (is, ie, ies) on ne hurle pas. Les grandes douleurs, comme les grandes détresses, ne sont pas forcément muettes, mais elles sont au moins discrètes........."Alors, peut être, je viendrai chez toi".
La poésie de "Mon amie la rose" est certainement plus intense, mais c'est un poème, alors que "L'amitié" est une invocation.
Et la poésie de "Mon amie la rose" n'est pas s'en s'inspirer de celle de Malherbe "ta douleur Du Périer...." après je ne sais plus très bien, si ce n'est "Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, l'espace d'un matin".

Bon, maintenant, la musique de l'une peut paraître plus intéressante que celle de l'autre (quelle que soit l'une, quelle que soit l'autre).

Excusez, j'ai l'air de m'énerver, mais il est vrai qu'entre l'amour et l'amitié, j'ai toujours privilégié l'amitié....avec les résultats extraordinaires qu'on peut imaginer (des baffes et des dégats, comme pour Gaston Lagaffe). Mais on ne se refait pas.
Voilà, c'était les confessions d'un enfant du siècle (dernier, comme ne manquerait pas de dire Zorba s'il acceptait de me parler encore).