Platine - "Interview Frontstage" - 4ème extrait

En septembre 1993, Eric Chemouny et Patrick Robert Galéra du magazine Platine invitent Françoise Hardy à se pencher sur sa carrière dans une conversation à bâtons rompus.

A propos de la collaboration avec Alain Lubrano lors de la sortie de son album Eaux Troubles

Platine : Avec Alain Lubrano, vous avez accepté de reprendre les chemins des studios. N'avez-vous pas eu peur que l'association de vos deux noms desserve Alain Lubrano ou déclenche des soupçons à son égard ? Françoise Hardy : Bien sûr. Je n'avais jamais envisagé faire un duo avec lui. Il m'a accompagnée sur les refrains de "Si ça fait mal" à l'occasion de l'émission "Fréquenstar". Après le tournage, la chargée de production de l'émission qui connaissait nos versions respectives de ce titre a trouvé qu'il fallait absolument en faire un duo. Beaucoup de gens ont eu la même réaction par la suite. Le premier single, "Dormir debout", ayant rencontré de terribles difficultés de programmation, je me suis dit que ce duo créerait peut-être un mini-évènement : nous aurions toutes les télés, davantage de programmation F.M. … Nous avons réfléchi à tous les risques liés à cette association mais j'ai sous-estimé le piège des ragots. Alain n'est pas mal physiquement. Je lui avais déjà prédit que ce problème le poursuivrait chaque fois qu'il travaillerait avec une femme. Si j'avais enregistré un duo avec Gotainer, personne ne se serait posé de question (rires) ! Plus fragile, moins habitué que moi, Alain a très mal vécu ce problème qui a même eu des répercussions négatives sur notre collaboration.

Platine : Vous qui ne supportiez plus l'obligation des télés, vous en avez fait beaucoup avec lui…
Françoise Hardy : Vous savez, je n'ai pas tant d'amis que cela ! C'est la première fois que je me suis autant investie avec quelqu'un, au point d'écrire 8 textes sur 10 ! Ecrire pour Alain n'est pas écrire pour Julien qui a toujours été satisfait de mes textes. Alain, lui, n'était pratiquement jamais content. Notre collaboration a été longue et difficile, mais des liens d'amitié se sont fatalement noués. Et puis, quand j'ai revu Alain après "Décalages", j'ai vraiment eu le sentiment, à tort ou à raison, qu'il était en danger et que je devais l'aider à concrétiser quelque chose. C'est ce sentiment particulier qui m'a incitée à m'impliquer autant. Pour la première fois de ma vie, les télés ne m'ont pas ennuyée. J'étais ravie de le présenter et fière de la chanson.

.... (à suivre) ....

Si Alain Lubrano est aussi exigeant que Françoise, leur collaboration a dû être particulièrement homérique...

Je n'ai jamais entendu l'album Eaux troubles. A-t-il eu du succès ?

Alain Lubrano a-t-il persévéré dans la chanson (côté interprète s'entend) ?

En fait, à part dans le fameux duo Si ça fait mal j'ai jamais entendu Alain Lubrano chanter quoi que ce soit. C'est grave docteur ?

J'ai bien peur qu'il s'agisse d'une épidémie docteur, car je ne connais pas non plus ce chanteur en dehors de "Si ça fait mal".
Je dirai même physiquement, je ne le connais pas. Ainsi, il serait beau mec !
Eh bien, la beauté, c'est vraiment subjectif

J'ai fait des recherches sur le net. A priori, Alain Lubrano a abandonné la chanson pour se consacrer uniquement à la composition (notamment pour Françoise Hardy).

On lui doit :
- Si ça fait mal
- Le danger
- Les madeleines
- Mode d'emploi?
- La pleine lune (à l'origine pour Jan Birkin)
- Duck's Blues
- La vérité des choses
- Celui que tu veux
- Jardinier bénévole
- Tant de belles choses...
- Tard dans la nuit...
- Les sédiments...
(cf : http://hitparade.ch/showperson.asp?name=Alain+Lubrano )

Eaux troubles serait donc son premier et unique album.

Bien sûr, comme tout bon fan qui se respecte, j'ai acheté le CD de ce jeune poulain que Françoise promotionnait à l'époque.

L'album se laisse écouter et l'univers n'en est pas aussi noir que le lancement le prétendait. Françoise avait évidemment fait savoir que la production avait été très difficile, que les bandes sons n'arrivaient pas à temps, alors alors que le studio était loué, que celà revenait très cher, et tout et tout...

J'étais en admiration devant ce charmant jeune homme inconnu, qui servait des cafés sur le plateau d'enregistrement de Décalages, et qui se retrouvait en collaboration artistique avec son idole. Un second Etienne Daho en quelque sorte.

La collaboration, à mon goût, fut efficace. Alain a même réussi à faire chanter Françoise en direct à Taratata... et la prestation télévisuelle m'a comblé. N'a-t-elle pas pris fin lorsque la star a jugé bon de réorchestrer la version lubranesque de Tant de belles choses par Eric Benzi ? Ceci dit : elle a eu raison !

Merci pour toutes vos réponses. J'y vois un poil plus clair.

Alexandre a écrit:

Merci pour toutes vos réponses. J'y vois un poil plus clair.

Bravo ! Pas si évident quand on nage en "Eaux Troubles"....