Jérôme Administrateur
Nombre de messages : 9974 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
| (#) Sujet: Interview pour Canal + - Partie 7 Mer 22 Nov 2017 - 17:31 | |
| Gilles VERLANT : En 1968, Gainsbourg accepte d’écrire le texte d’une chanson sur une musique qui n’est pas de lui, "Comment te dire adieu" ...Françoise HARDY : C’était une idée de mon agent qui ne m’emballait pas au dernier degré. Ne prenez pas cela pour de l’orgueil ou de la prétention mais à l’époque, tout le monde demandait des chansons à Serge. Je ne me considère pas comme une interprète, mon seul apport, c’est ce que je mets dans mes textes et c’est pourquoi je préfère chanter mes propres chansons, même si elles sont moins fortes que celles de Serge Gainsbourg ou d’autres. Quand je l’ai rencontré, il habitait dans un appartement envahi par de sublimes photos de Brigitte Bardot. Il était clair qu’il était très amoureux et j’avais trouvé ça très touchant de sa part d’afficher comme ça son amour. J’ai finalement été ravie de chanter "Comment te dire adieu", qui a été un gros succès. Et puis, cela a surtout été le début d’une amitié qui a duré jusque la fin de sa vie, je me sens très très privilégiée de l’avoir connu. Gilles VERLANT : Au début des années 70, vous décidez de vous autoproduire et coup sur coup vous sortez des albums qui sont autant de disques "cultes" : "Soleil", "La question" et "Et si je m’en vais avant toi" ...Françoise HARDY : J’ai signé un contrat très intéressant, qui me donnait des garanties financières tout en me laissant une totale liberté - un rêve ! Sur les trois albums que vous citez, mon préféré est sans doute "La question", que j’avais fait avec Mon amie brésilienne Tuca. Ce disque c’est fait dans une atmosphère d’amitié et de grande complicité ... J’en étais très fière, cet album m’a donné l’impression d’avoir grandi artistiquement, même s’il n’a pas marché du tout ... J’ai toujours eu deux grandes directions dans ma carrière : les belles chansons lentes, mélancoliques, avec de belles cordes, et les chansons plus rock, avec des mélodies plus simples et des bases rythmiques plus musclées. J’ai été enregistrer ensuite en Angleterre, avec des musiciens fantastiques, un album dans ce style, dont j’avais composé presque tous les titres. Là aussi, j’étais très fière du résultat et le disque n’a pas mieux marché que le précédent. Mais bon, ces disques existent encore, et comme vous le dites, ils sont appréciés des fans ! Gilles VERLANT : Justement, à quoi ressemble un fan de Françoise HARDY ?Françoise HARDY : J’ai toujours eu l’impression que mes fans me ressemblent. Aux fond d’eux-mêmes, ils ont les mêmes tourments, le même type de sensibilité sinon ils n’apprécieraient pas mes chansons. Tout comme moi quand je suis touchée par d’autres artistes ... Je crois que chaque personne porte en elle une certaine vibration et qu’on est comblé quand on entend cette vibration particulière exprimée par un autre, dans quelque domaine que ce soit, la peinture, la musique ou autre chose. |
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Lil' Bear Fanissime
Nombre de messages : 1467 Age : 55 Localisation : France Date d'inscription : 03/02/2008
| (#) Sujet: Re: Interview pour Canal + - Partie 7 Jeu 23 Nov 2017 - 0:00 | |
| En tant que fan, ce qui me touche chez Françoise et que je lui distingue de nombre d'autres chanteurs et chanteuses, c'est, dans les années 60 et notamment vers 66-67, un penchant inextinguible pour la plainte sentimentale, ce que Dutronc peut appeler "le bourdon". On parle souvent de l'élégance de Françoise et je suis d'accord, mais en même temps, il y a dans ses chansons un côté extrêmement direct, un souffle, quelque chose d'intime et de confessionnel, du sentimentalisme sans pudeur. D'un point de vue sonore, c'est comme se prendre un murmure de plein fouet, s'il n'y avait ces orchestrations pour enjoliver le tout.
Alors sans doute que les cyniques trouvent beaucoup de complaisance dans ce style plaintif et sentimental de Françoise, mais ce style est si direct et pur qu'il transcende la caricature ou le cliché. Françoise s'en fout, elle chante ce qu'elle a envie de chanter, comme elle est. Les albums de 66 et 67, ce sont des couches de mélancolie ou de tourments amoureux, qui au lieu d'enliser l'auditeur, finissent par le porter dans un autre monde, idéal voire presque onirique. Toute proportion gardée, c'est un peu ce que je ressens en écoutant Chopin ou Ennio Morricone (bien que je les écoute rarement, car j'écoute finalement des choses très différentes). |
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Jérôme Administrateur
Nombre de messages : 9974 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
| (#) Sujet: Re: Interview pour Canal + - Partie 7 Jeu 23 Nov 2017 - 17:09 | |
| Je trouve que les 4 albums mis en avant par Gilles Verlant sont effectivement des albums cultes mais que Ma jeunesse fout l'camp touche encore plus au cœur.
Si l'interview avait été réalisée de nos jours je suis convaincu que L'amour fou et Tant de belles choses auraient également été cités.
En tant que fan je suis surtout sensible à la façon si particulière qu'a Françoise Hardy de chanter comme si ce n'était rien que pour moi. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle quand sa voix est trop noyée au sein de la musique (comme dans Le danger) je n'accroche pas : l'effet que j'attends n'est plus là. |
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| (#) Sujet: Re: Interview pour Canal + - Partie 7 | |
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