Jérôme Colin : Est-ce que « Tous les garçons et les filles », c’est vous qui l’aviez écrite ?
Françoise Hardy : Oui
Jérôme Colin : Paroles et musique ?
Françoise Hardy : Oui, oui. C’est terrible parce que à l’époque, la société des auteurs avait des règlements tels que si on ne savait pas lire et écrire la musique, on ne pouvait pas passer l’examen de compositeur. Donc, j’ai dû cosigner avec un Belge d’ailleurs. Donc j’ai co-signé avec un Belge qui n’avait rien fait du tout à part une très très mauvaise orchestration, qui a gâché la chanson et qui ne l’a pas empêchée de fonctionner. Mais enfin, j’aurais été aussi contente …
Jérôme Colin : Il a pris autant de sous que vous ?
Françoise Hardy : Je ne sais pas qui a pris le plus de sous dans l’affaire car il y avait l’éditeur aussi. Je ne m’en rappelle pas. En tout cas, oui, j’ai dû partager mes droits avec un illustre inconnu et très mauvais orchestrateur. Enfin, il a peut-être fait des choses très bien depuis. Je ne sais pas.
Jérôme Colin : Alors, vous avez un côté sans pitié. C’est marrant parce qu’on connaît de vous le côté absolument tendre, doux. Et vous avez un côté… Vous arrivez à dire des choses sur les gens. Je veux dire. « C’est très mauvais », vous parvenez à le dire, ça !
Françoise Hardy : Écoutez ! Là, il y a prescription. Tout le monde sait qu’il suffit d’écouter cette chanson pour se rendre compte que ce qui se passe derrière est très très mauvais.
Jérôme Colin : Mais des millions de gens l’aiment !
Françoise Hardy : Oui. Je veux dire, ce n’est pas être sans pitié, c’est être objectif. Alors pour moi, il y a une grande différence entre l’objectivité et le manque de compassion. Si j’avais ce monsieur… Quoique si, je lui ai écrit à un certain moment pour lui dire que son orchestration n’avait pas été terrible parce qu’il pensait que c’était son orchestration qui avait fait le succès de la chanson...
Jérôme Colin : Ah d’accord…
Françoise Hardy : Moi, si on me cherche, on me trouve. C’est peut-être ça, être sans pitié. Si on me cherche, on me trouve.