2018 - Personne d'autre

12 titres :

1. A cache-cache
2. Dors mon ange
3. Personne d'autre
4. Un seul geste
5. You're my home
6. Seras-tu là ?
7. Quel dommage
8. Train spécial
9. Brumes
10. Trois petits tours
11. Le large
12. Un mal qui fait du bien

A noter :

Six ans après L'amour fou, Françoise Hardy sort un nouvel album (sortie le 6 avril 2018). A l'exception des chansons Dors mon ange et Seras-tu là ?, il s'agit d'un album de créations.

Françoise Hardy s'exprime au dos du livret par ces mots : "Pour des tas de raisons raisonnables, je n'envisageais pas de refaire un album. Les circonstances en ont décidé autrement, avec comme point de départ un coup de foudre pour Sleep, une chanson entendue par hasard, du groupe finlandais Poets of the fall. Je l'ai fait entendre à Erick Benzi qui l'a appréciée, puis m'a envoyé à ma grande surprise plusieurs belles mélodies de sa composition qui m'ont inspiré un texte. La grande Sophie à qui je n'avais rien demandé non plus mais savait que j'avais commencé un travail d'écriture, ma mailé Le large, une formidable chanson, Pascale Daniel une envoutante mélodie, Yael Naim une chanson en anglais qui me met les larmes au yeux... Et l'album s'est fait presque tout seul sous la houlette talentueuse et bienveillante d'Erick Benzi, sans qui rien n'aurait été possible."

La promotion est lancée le 16 février sur les plateformes de téléchargement avec le single "Le large"


François Ozon signe également un clip en noir et blanc du single Le Large. (Diffusé à compter du 20 mars)



A noter :

Pour cet album, Françoise Hardy met à l'honneur Erick Benzi qui lui offre quatre chansons : A cache-cache, Un seul geste, Train spécial ainsi que Brumes. C'est aussi l'occasion pour Françoise de reconduire des collaborations à succès avec Pascale Daniel (Personne d'autre), Therry Stremler (Trois petits tours, Un mal qui fait du bien) et La grande Sophie (Le large).

De nouveaux artistes composent pour elle : Yael Naim en collaboration avec David Donatien (You're my home) et Maissiat (Quel dommage).

L'album se veut positif tout en abordant des thèmes sombres comme la fin de vie dans un climat serein et paisible.

Remarques

Françoise écrit la plupart des textes :
1. A cache-cache (Françoise Hardy - Erick Benzi)
3. Personne d'autre (Françoise Hardy - Pascale Daniel)
4. Un seul geste (Françoise Hardy - Erick Benzi)
7. Quel dommage (Françoise Hardy - Maissiat)
8. Train spécial (Françoise Hardy - Erick Benzi)
9. Brumes (Françoise Hardy - Erick Benzi)
10. Trois petits tours (Françoise Hardy - Thierry Stremler)
12. Un mal qui fait du bien (Françoise Hardy - Thierry Stremler)

Elle adapte en français la chanson Sleep du groupe Poets of the fall
2. Dors mon ange (Françoise Hardy - Markus Kaarlonen, Marko Saaresto et Olli Tukiainen). Créée en 2005 par Poets of the fall sur l'album Signs of Life.

Elle interprète aussi deux chansons écrites spécialement à son attention :
5. You're my home (Yael Naim - Yael Naim et David Donatien)
11. Le large (La Grande Sophie).

Elle reprend en solo, la chanson de Michel Berger (enregistrée en duo en 2014 avec Julien Clerc)
6. Seras-tu là ? (Michel Berger)

C'est une magnifique déclaration  
J'ai pour ma part écouté l'album avec plaisir mais je n'en suis pas encore à l'analyse détaillée.
Globalement je savoure le moment surtout que la sortie de l'album est un véritable miracle.
Ce qui me plaît le plus c'est que la voix de Françoise Hardy soit toujours magnifique.
Au niveau des chansons je dois dire que le texte du large ne m'a pas convaincu contrairement à sa mélodie et au clip. Du coup j'écoute les sons sans m'attacher aux paroles et la chaude voix grave de Françoise Hardy me porte....
J'ai bien davantage aimé you're m'y home. On peut éventuellement critiquer l'accent de Françoise Hardy mais de mon point de vue il reste assez léger et ne me gêne pas outre mesure.
Pour les autres titres je reviendrai pour donner mes impressions un peu plus tard quand je les aurai suffisamment écoutées.

A ma grande surprise, le titre qui me séduit le plus sur la longueur est "Quel dommage".
Jusqu'à présent j'étais peu réceptif à l'univers de Maissiat, mais là, je suis pleinement touché par cette chanson discrète.

Françoise Hardy présentant son album

Je suis désormais suffisamment imprégné de l'album pour en parler.

Pour moi les points forts restent la beauté de la voix et le phrasé incomparable de Françoise Hardy. En dépit du temps qui passe, la voix reste bien posée, sans chevrotement et parvient même à gagner en intensité.
Plus profonde, voire un peu plus grave qu'avant, elle me touche toujours autant.

Les mélodies sont très bien choisies et l'ensemble forme un album cohérent. Quand on écoute le disque, il est difficile de l'interrompre tellement on est pris par la grâce et l'émotion.

Cela étant tout n'est pas parfait. J'ai eu assez de mal à entrer dans la première chanson A cache-cache. Je trouve que l'ensemble des paroles fait un peu "catalogue" de reproches et la mélodie est plutôt répétitive et sans beaucoup de relief.  Même la voix n'est pas aussi bien que sur les autres titres : c'est un peu forcé et un brin trop haut. Bref, j'aime pas tellement.

En revanche le titre suivant, Dors mon ange, est d'une beauté fascinante. Je remercie beaucoup Poets of the fall d'avoir réussi à leur insu à provoquer le déclic pour un retour à la chanson. La mélodie est à la fois romantique, véhicule de drame ("comme un désastre annoncé") et pleine d'espoir ("il n'est pas trop tard pour changer ton regard"). Viens mon ange, laisse les larmes couler ! On reconnaît la fine écriture de l'artiste. L'émotion est palpable. La montée instrumentale me rappelle le lyrisme de Tant de belles choses.

Pour Personne d'autre on sent la patte mélodique de Pascale Daniel. J'ai des réminiscences d'Un cœur éclaté ("Et vivre à nouveau..."). Françoise Hardy semble nous faire des confidences sur l'homme de sa vie. On a presque l'impression d'être de trop. Ses confidences devraient rester entre Françoise et Jacques.... Cette indiscrétion n'en est que plus belle.

Dans son intro, Un seul geste fait la part belle au piano. Les paroles sont assez sombres mais il y a une envie de rédemption ("un espoir qui pousse à faire le seul geste de laisser la porte ouverte pour que le malheur déserte...."). Déchirant.
La fin presque a capella achève de magnifier "qu'on arrête de souffrir".

La chanson You're my home arrive alors à point nommé pour insuffler de l'apaisement à tous les tourments brassés dans les premiers titres. Ce sentiment d'apaisement est d'autant plus fort quand on sait que les paroles ne s'adressent pas à un amour perdu mais sont une sorte de nostalgie reconnaissante et confiante dans l'amour maternel (ou paternel). L'amour créé dans l'enfance d'un foyer heureux permet de construire sa vie dans la plénitude. Enfin, c'est comme ça que je prends la chanson.

Vient ensuite l'interprétation magistrale de Seras-tu là ?. Là je me dis que Françoise Hardy a un discernement infaillible pour avoir su extraire la voix de son enregistrement en duo de 2014 pour nous délivrer une version solo totalement maîtrisée, émouvante au point de nous faire croire que c'est la première fois qu'on entend la chanson. Un chef-d’œuvre !

Pour nous remettre de l'intensité émotionnelle, le disque nous offre Quel dommage une très jolie chanson au charme suranné et discret. Les solos au saxophone (?) y sont bouleversants. En revanche l'accompagnement est un peu faible et nuit un peu à la chanson qui parvient néanmoins à profondément m'interpeler.

Ensuite nous avons le Train spécial. Là je suis plutôt hermétique. Je n'arrive pas vraiment à adhérer à un refrain dont la rythmique marquée pour faire penser au bruit des roues d'un train sur les rails me gêne. Les paroles sont tout aussi déroutantes. Disons que je perçois la chanson comme un interlude pour aller vers les titres suivants....

Arrive Brumes avec sa mélodie irréelle aux accents de mystère. On sent l'horizon disparaître doucement. L'étrange prend sa pleine mesure : "Rien qu'un fantasme sur toi qui se cache, toi qui te tais, as-tu vraiment existé ?".

Une petite récréation survient alors avec Trois petits tours qui tranche avec le reste de l'album pour apporter un peu de légèreté, une éclaircie, une pointe d’espièglerie...

On enchaîne avec Le large. La mélodie m'enveloppe. La voix de Françoise Hardy m'emporte. Je ne tends pas trop l'oreille pour ne pas être gêné par les paroles des couplets qui me paraissent trop faibles par rapport aux autres textes.  "Aucun requin, aucun air triste, aucun regret, aucun séisme, aucune langue de bois, aucun chaos, aucun.... aucun ". Heureusement, la voix de Françoise Hardy et le lyrisme du refrain me permettent d'aimer quand même la chanson.

Et voila, c'est déjà la conclusion de l'album avec Un mal qui fait du bien, une chanson très courte qui finit avec des points de suspension sur des envies d'encore..."J’arrête là, je me retiens : Ni dernier mot ni mot de la fin ..."

Quel dommage a une mélodie très fine à la Schubert mais pour moi, aucun doute, les deux plus belles chansons sont Dors mon ange et Seras-tu là ?
Les musiques de Stremler restent comme d'habitude agréables mais ne créent pas la surprise.
J'ai pas tellement accroché aux musiques de Benzi.
Par ailleurs je ne comprends pas l'engouement général pour Le large à cause des paroles désarmantes de naïveté enfantine qui plombent totalement la chanson.

Présentation de l'album par un fan étranger