Maurane est morte lundi 7 mai, à l'âge de 57 ans. "Meilleure chanteuse de blues en langue française" pour Michel Polnareff, l'artiste belge a ému, en 11 albums studios et de nombreux duos, le public français. Retour sur sa carrière en vidéos.
Maurane, c'était une voix. Ronde et souple, généreuse, au timbre immédiatement identifiable. "Une artiste d'exception, une des plus grandes interprètes qui soit" pour sa conseur Françoise Hardy, "elle vivait sa musique, comme une respiration lente, profonde, pour essayer de suspendre le temps ne serait ce qu’un instant et adoucir mieux que personne ce monde", selon Christophe Willem.
Révélée dans les années 1980 par son rôle de Marie-Jeanne dans la deuxième version de l’opéra-rock "Starmania", composé par Michel Berger, Maurane aura enregistré onze album studios, de "Danser" en 1986, à "Ouvre" en 2014.
Pour Françoise Hardy qui avait chanté avec elle, Maurane était «une des plus grandes interprètes qui soit. C'était une artiste d'exception. La seule chose qui lui manquait un petit peu, c'était le physique, le charisme, malheureusement c'est quelque chose qui aide davantage à faire une très grande carrière. Quand on a tous les atouts évidemment ça aide, mais les atouts qu'elle avait étaient beaucoup plus importants que le charisme et le physique».
« Maurane est une femme chaleureuse, généreuse, éminemment sensorielle et sentimentale. Malgré une sensibilité d'écorchée vive qui la rend très vulnérable, elle ne se replie pas sur elle-même, aime la vie et a le sens de l'amitié. »
Le 10 mai 2018 à 09:00 par Olivier Bellamy Une volonté de fer dans une émission de velours. Merveilleuse Maurane, avec dans sa voix parlée quelque chose d’aux-aguets, d’à-vif, de constamment blessée. A propos, la polémique qui entoure les récents propos de Françoise Hardy rendant hommage à Maurane avec la mesure et le discernement qui sont sa marque me paraît bien fabriquée et théâtralement sur-jouée. C’est à croire que les journalistes vont recueillir son témoignage avec la joie mauvaise des esprits bas qui espèrent la chute d’une âme droite aux propos directs, ainsi que les horribles soeurs de Napoléon provoquaient Madame Sans-Gêne pour que son franc-parler l’éloigne des faveurs de l’Empereur. Et les coeurs brisés de sauter au plafond et de cracher sur “la méchante”, au lieu de ne pas céder à la colère qu’on cherche à attiser en eux, au lieu de maintenir l’intégrité d’une estime réciproque dont la plus belle illustration demeure la rigueur de la vivante à ignorer l’hypocrisie larmoyante qui entoure le souvenir de la défunte. Françoise Hardy a juste dit qu’avec un autre physique et plus de charisme Maurane aurait probablement fait une plus grande carrière. Ce n’est pas insulter la dépouille de l’artiste que de le dire, c’est reconnaître les limites du système et dire la réalité de l’humaine condition. Et puis il n’est pas inutile de rappeler que les mots les plus durs et les sentences les plus sévères, Françoise Hardy se les réserve toujours à elle-même, ce qui devrait permettre de remettre ses propos dans une juste perspective que déforme l’émotion du moment. Enfin, doit-on exclusivement se contenter d’un choeur de pleureuses médiatiques, distribuant du miel à la louche, et acceptant la couronne de laurier qu’un sanglot bien éclairé permet d’obtenir au moment de secouer ostensiblement l’encensoir ?