Écrit par Stéphane Reignier - mardi, 08 mai 2018
Françoise Hardy
Chanson française
Parlophone / Warner Music
Françoise Hardy appartient à cette catégorie d’artistes qui n’ont plus vraiment rien à prouver, tant sa carrière musicale est riche et dense.
L’idole des yéyés s’est fait connaître auprès du grand public en chantant des standards formatés comme « Message personnel », « Tous les garçons et les filles » ou encore « Comment te dire adieu ».
A 70 ans bien sonnés, elle revient pourtant de loin !
Amoindrie par une maladie qui l’a pour ainsi dire laissée morte il y a trois ans, personne n’aurait misé un kopeck sur une éventuelle poursuite de son parcours artistique.
D’autant plus qu’après la sortie de « L’amour fou », en 2012, elle s’était jurée d’y mettre un terme définitif.
La blonde platine livre pourtant un joli cadeau sous la forme de douze chansons dans lesquelles elle se livre à moitié nue (au sens figuré !), littéralement figée dans une narration sans complexe.
C’est à l’écoute d’un titre du groupe finlandais Poets of the Fall, « Sleep », que sa flamme a été ravivée.
Pour ce 28ème opus, l’auteur-compositeur y signe quelques textes. Mais, elle s’est intelligemment entourée de la crème des crèmes : la jeune Maissiat (« Le Départ »), Erick Benzi et la Grande Sophie (« Le large ») dont le clip a été réalisé par François Ozon.
Assez introspective, elle se raconte sans détour d’un timbre de voix resté cristallin sur un condensé de son histoire d’amour tumultueuse avec Jacques Dutronc (« Personne d’autre »), dont elle vit aujourd’hui séparément, mais avec lequel elle n’a jamais divorcé. Une histoire intemporelle et universelle en quelque sorte !
Chanté dans une langue de Shakespeare approximative, mais néanmoins touchante, « You’re My Home » parviendra sans aucun doute à séduire un public anglo-saxon, grâce à ce soupçon de french touch très caractéristique.
Son « Seras-tu là » témoigne d’une inconditionnelle filiation avec un Michel Berger parti rejoindre un « Paradis Blanc » bien trop tôt.
Ciselée, sa plume ressemble à une arme de précision et détaille avec véracité et pudeur une certaine mélancolie qui pèse, témoin du reflet d’une vie faite de contretemps et d’amertumes.
Les compositions sont très susceptibles d’ensorceler le mélomane en compagnie duquel, elle s’amuse à jouer « A cache-cache ». Chacun y trouvera forcément une infime partie de son propre vécu.
Est-ce là l’album ultime ? Son « Un mal qui fait du bien », s’achève par des points de suspension comme elle aime le dire… Donc, tout est possible !
Bref, un joli retour clair obscur… inattendu ! Gageons toutefois que son « Train spécial » nous fasse encore voyager encore et encore vers l’infini…
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