Discorama - Entretien avec Denise Glaser

Une débutante répond sans complexe aux questions déroutantes de Denise Glaser

En 1963, Françoise n'avait pas 20 ans.

Les questions sont à l'évidence préparée et récitée sans aucune liaison entre elles. Les réponses sont spontanées et émouvantes de naturelles.

Quelle maîtrise de la répartie, les questions pseudo intellectuelles de la Denise en deviennent presque ridicule de niaiserie. Les mots de Françoise sont déjà choisis avec précision et la négation spontanée déjà naturelle.

Quand on entend la plupart des petits jeunes d'aujourd'hui.... la comparaison ne tient pas la route !

Exact, Jmolo, exact.
Mais attention, les questions de D. Glaser ne sont pas aussi niaises que ça, elles sont même vachardes surtout parce qu'enrobées de pseudo intellectualisme.
Leur simplicité ne pouvait pas se satisfaire d'un simple non ou oui car Glaser avait le chic pour amener les gens à en dire plus que ce qu'ils auraient souhaité dire.
Là, on sent une Françoise en confiance, contente de répondre à des questions qui portent sur autre chose que sur ce qu'elle enregiste actuellement, les chansons qu'elle est en train d'écrire ou le prochain 45 tours qu'elle prépare.
J'avais vu cette émission un dimanche midi et j'en gardais un souvenir très précis (comme de beaucoup de discorama(s).

Une deuxième interview un peu plus tardive (26 avril 1964) où Françoise Hardy fait montre de davantage d'assurance.

C'est curieux ce qu'elle dit sur Brel, Brassens, Richard Anthony et Johnny Hallyday. 

Elle dit avoir une passion pour les deux premiers, sans toutefois passer souvent les disques chez elle, alors qu'elle passe beaucoup plus les disques de Richard et Johnny, parce qu'on les "entend" plus. Bon bien sûr, ce n'était que la Françoise d'avril 64, mais c'est intéressant quand même, sociologiquement et générationellement.

Hallyday aussi, dans un Discorama de Denise Glaser (qui prend beaucoup de temps pour poser des questions et on sent que Johnny commence à s'ennuyer ferme!   - quand on y pense il n'y a plus aucune chance pour que le style Glaser refasse surface en télé, maintenant tout doit aller vite), avoue son admiration pour Brassens. C'est un peu comme s'ils étaient pour eux des "parents" plus que des confrères ou des collègues.

Je comprends très bien ce qu'elle ressent : Brel et Brassens sont pour elle des passions absolues. Elle les a probablement beaucoup écoutés ce qui a forgé son admiration. Ensuite, elle ne les a plus écoutés pour préserver cette admiration intacte. Elle sait que pour les écouter il faut y consacrer toute sa concentration ce qui exige beaucoup de soi-même et ne peut se faire que de temps en temps.
Alors que ce qu'on apprécie sans atteindre le niveau de la passion peut se faire en même temps que d'autres activités.
J'ai un peu le même fonctionnement qu'elle si ce n'est qu'au lieu de Brel et Brassens, ce sont Françoise Hardy et Barbara.