Une plante verte - Jacques Prévert

Pour le programme de son deuxième passage à l'Olympia en 1965, Jacques Prévert s'était exprimé sur Françoise Hardy.
Il avait choisi bien sûr de le faire à travers un poème....




Une plante verte

Dans les serres de la ville, une plante verte chante la vie...

Françoise Hardy

Elle écrit les paroles, les mots de ses chansons et c'est cartes à jouer ! Reines de l'enfance, reines de la jeunesse, de la tendresse coupées par le roi noir de la lucidité.

Elle chante le désarroi des amours d'aujourd'hui, la liberté dangereuse de l'amour libéré, le lancinant tourment de l'amour séparé.
La vie d' "une fille comme tant d'autres ", c'est tout cela qu'elle chante, tout simple, tout vrai.

Peu importe de savoir où elle est si elle est " dans le vent ".
Le vent est dans le temps.
Le temps est un oiseau vivace, rapide, indifférent et lent.
Dans les serres du temps, une belle fille toute droite chante contre lui, en souriant.

Chante l'amour perdu, retrouvé, partagé et l'on est sous le charme.
D'autres attendent sous l'orme, regardent le temps passer sans voir ce qu'il y a dedans.
Sous le charme de Françoise Hardy on entend palpiter la vie."

Jacques Prévert

Ce poème, Prévert l'avait dit lui même au cours d'une émission qui préfigurait ce que fut plus tard "Le grand échiquier".
Le plus drôle était de voir la tête des pseudo intellectuels qui, entendant ce texte (ou très approchant car je ne reconnais pas totalement le texte que je connaissais), n'en revenaient pas qu'on puisse apprécier une yéyé qui, si elle écrivait la plupart de ses chansons, pour eux n' exprimait qu'"une philosophie du niveau de la classe de seconde".
J'étais alors en seconde, ou je venais juste d'entrer en première, et je me souviens que nous étions très vexés qu'on puisse insinuer que des élèves de seconde n'étaient pas des intellectuels d'un bon niveau.
Moi, doublement vexé qu'on prenne Françoise pour une quasi demeurée.
Et Prévert de jeter un regard malin et satisfait sur tous ces intellos qu'il avait caressés à rebrousse poils.
Parmi ces intellos, il y avait Juliette Gréco.
Rebelote, peu après nouvelle émission, mais cette fois ci avec Georges Brassens qui discute longuement avec Françoise..........et les mêmes intellos au bord du suicide!

Magnifique poème. J'ai toujours aimé Prévert. Je me retrouve bien dans son chant. Et les intellectuels sont des c...

Le poème figure sur le programme de l’Olympia 1965.

On peut le retrouver dans les oeuvres complètes de Jacques Prévert dans les éditions de La Pléiade.