Anthologie des titres inédits ou rares au format numérique

A l'heure où quelques inédits paraissent au milieu de titres maintes fois publiés, j'ai rassemblé ci-dessous, la compilation en 5 CD qui permettrait de "solder" tous les titres qui permettraient de véritablement constituer une anthologie de titres inédits ou rares au format numérique.

J'ai distingué notamment avec la couleur de fond de la zone "Origine / Commentaire" :
- les titres déjà commercialisés sur vinyles mais non encore sortis sur CD (essentiellement entre 1968 et 1970)
- les titres déjà commercialisés sur CD mais sortis de façon isolée sur des compilations ou des albums d'autres artistes
- les titres spécifiquement chantés à la télévision ou à la radio (sans prétendre être exhaustif) non encore édités
- les titres non publiés bien que déjà enregistrés voire mixés en studio
- les titres ayant peut être été enregistrés selon les recoupements de diverses sources d'information.

J'ai aussi joué sur les couleurs pour chaque langue : français (noir), anglais (rouge), allemand (bleu), italien (vert), espagnol et portugais (violet)
J'ai marqué en gras les titres ayant été envisagés ou réellement enregistrés voire mixés en studio

Au final ça représente 105 chansons ! En se donnant un peu de peine, les éditeurs pourraient enfin sortir quelque chose de vraiment neuf !

Ah je vais éplucher et dévorer ça dès que je suis dispo! Formidable Jérôme! Y'a pas de smilie qui se prosterne alors je me contente d'applaudir! 

Je constate que tu as respecté l'ordre chronologique, une marotte à moi également! 

"Ton regard est triste": je viens d'en écouter une partie sur YouTube, ça m'a l'air joli mais hélas c'est sur plateau TV (on est jaloux que certains puissent écouter ça et pas nous) et les invités n'écoutent pas vraiment. Pourtant en quelques secondes je sens qu'il y a une innocence à respecter, dans cette démo... une mélancolie déjà distillée. Pourquoi rire des "oh-oh" qui se glissent dans cette fluidité... Françoise ne supporte pas, bien sûr, ça doit lui rappeler ses lacunes. En tout cas moi j'ai remarqué un truc dans la vie: on n'est jamais conscient de son propre charme. Ce que les autres peuvent voir de vous, vous ne le voyez pas, et ne le contrôlez pas. 

"Buddy": rien sur YT mais je suis intrigué. Etait-ce un hommage à Buddy Holly? Je doute qu'elle ait fait une reprise du "Buddy" de Jackie DeShannon (qui à l'époque - 1958 - ne s'appelait encore que Jackie Dee) car c'était plutôt rock 'n' roll. 

"On dit tant de mots": elle est sur YT et c'est captivant. La douce gravité qui habite les mots, les notes, la voix, se distingue dans l'atmosphère du petit conservatoire de Mireille. C'est aéré, frais, fluide, avec cette spontanéité qui nous vient du.. rock 'n' roll. Car le rock 'n' roll est aussi fait de ballades, et ce sont toutes ces ballades qui ont bercé et façonné les oreilles d'une jeune génération en mal d'expression. 

A suivre...  

Effectivement, j'ai listé les chansons par ordre chronologique parce que c'était ce qui me semblait le plus simple.
Il était aussi possible de faire des regroupements par thèmes en distinguant la nature des sources d'enregistrement, la langue utilisée, etc.
C'est la raison pour laquelle j'ai mis aussi les mentions "Origine / Commentaire" et "Langue" qui permettent de classer ces titres de bien nombreuses autres façons.  

Ton regard est triste est une chanson que Françoise Hardy avait composée pour sa première audition dans une maison de disques.  Un enregistrement de son audition a été conservé et Jean-Pierre Foucault l'a passé comme une "surprise" lors de l'émission "Sacrée Soirée" du 13 septembre 1989 à laquelle était invitée Françoise Hardy. Dommage qu'elle ait demandé l'interruption de la diffusion, nous empêchant d'entendre la suite. Il est probable qu'il s'agisse de la trace de son audition chez Pathé Marconi évoquée dans son autobiographie. Elle s'accompagne très légèrement à la guitare. La délicatesse de son charme innocent est perceptible et sa voix déjà captivante quoi qu'elle en pense.  

Françoise Hardy a écrit:

"Un jour, Les potins de la commère une rubrique du quotidien le plus lu de cette époque - "France Soir" - annoncèrent qu'une grande maison de disques souhaitait auditionner des débutants. Quelque chose de plus fort que moi me dit que si je ne saisissais pas cette opportunité je le regretterai toute ma vie. Ayant trouvé dans l'annuaire le numéro de téléphone de la maison de disques la plus importante à mes yeux, Pathé Marconi, j'eus la confirmation qu'il s'agissait bien d'elle, obtins rendez-vous et me rendit à l'audition comme on va à l'abattoir : l'exécution escomptée m'était indispensable pour tirer un trait sur le fantasme que j'entretenais secrètement d'enregistrer un disque.
(...)
Je partis du studio tout contente d'avoir retenu plus longtemps que prévu l'attention des spécialistes et me trouvais dans la rue lorsqu'on me rappela pour me demander si je m'étais déjà entendue. La perspective de cette épreuve de vérité m'emplit aussitôt d'une appréhension mortelle. Mais quand ma voix jaillit des haut-parleurs, elle me parut moins fausse, moins chevrotante que je ne le craignais, ce qui m'encouragea juste assez pour ne pas en rester là.

Concernant Buddy, elle date des tout débuts. Il s'agit d'une composition de Françoise Hardy. D'après les informations qui me sont parvenues, la chanson aurait été enregistrée sur un arrangement de Roger Samyn. C'était peut-être une chanson envisagée pour le tout premier album, qui sait ? En tous cas, je ne l'ai jamais entendue. J'imagine, simple hypothèse de ma part, que c'est un hommage à Buddy Holly décédé quelques mois plus tôt. Rappelons-nous qu'en 1968, Françoise Hardy reprendra That'll be the day et qu'en 2016, elle demandera à Dominique Blanc-Francard d'enregistrer True love ways, chanson enregistrée quatre mois avant la mort du chanteur (en février 1959) et publiée à titre posthume en 1960.

Pour On dit tant de mots, tu nous avais jadis déjà fait part d'impressions louangeuses comme Ici ou là
Tu avais même fait un parallèle avec une chanson de Brel...
Mais laquelle ? T'en souviens-tu ?

C'est effrayant, mais j'avais complètement oublié tout ce que j'ai écrit. Comme quoi il vaut mieux écrire pour s'en souvenir! 

Finalement ça contredit un peu ce que j'ai dit sur l'influence de la ballade rock 'n' roll, car les débuts de Brel ont peu d'affinités avec le genre. La chanson doit être "Quand on n'a que l'amour", car je signale la version originale de 56, et je sais qu'il y en a d'autres, dont une de 1961 (en studio) qui est ma préférée (avec la trompette). Mais c'est encore plus proche de "Voir", je trouve. Et puis ces rapprochements mélodiques ne me paraissent pas très importants. Par contre je suis étonné par l'analyse de la structure que j'en faisais, quand aujourd'hui j'écoute ça d'une façon plus vague, mais non moins respectueuse. 

Ronnie Bird avait aussi rendu hommage à Buddy Holly, mais un peu plus tard, vers 64. Ça s'appelait "Adieu l'ami" et c'était très joli. Si ma mémoire est bonne c'était une reprise d'un titre anglais, cependant.

Je suis la liste chanson après chanson (en français seulement) pour voir si on les trouve sur YouTube, et suis ravi de trouver "Les bras en croix"! La preuve s'il en est que Françoise pouvait chanter du rock 'n' roll! Je ne doute pas qu'elle doit être déjà présente sur ce site, mais apparemment je ne me souviens pas de tout    

Bon c'est sûr ce style de chanson n'est pas son répertoire, mais montre quand même que Françoise aimait le rock et écoutait Johnny Hallyday. Je me souviens d'ailleurs d'une interview avec Denise Glaser où elle dit qu'elle a une passion pour Brel et Brassens mais écoute davantage Hallyday et Anthony, où les "entend", intéressante nuance où on comprend qu'il s'agit davantage d'un environnement sonore et musical qu'elle préfère - ce qui n'était pas du tout le cas de ma mère, par exemple (je rappelle qu'elle a exactement le même âge), qui aimait le rock mais pas les yéyés (sauf Françoise et la vague post-65, Polnareff, Dutronc, Antoine, Ferrer, etc), mais écoutait plus volontiers Brassens (elle avait acheté la collection des 30 cm parue en 65). Comme quoi faut pas trop généraliser la notion de génération! Les yéyés n'ont pas fait l'unanimité chez les jeunes, il y avait diverses sortes d'audiences. 

Chanson suivante trouvée sur YT: "La mer". Après Hallyday, Charles Trenet, la palette est large! C'est curieux, on ne dirait pas un enregistrement de 65 car c'est assez sophistiqué, quoique l'orchestre et les choeurs font assez années 60 quand même. Je suis pas très fan de cette reprise, mais y'a un côté chic. 

Autre chanson qu'on peut écouter sur YT: "Quand un bateau passe" (sublime composition de Bacharach que chantait Dionne Warwick, dont je suis fan, enfin surtout des années Bacharach). L'orchestration de cette reprise manque de subtilité, hélas, bien trop appuyée. Par contre, histoire de montrer que je n'ai pas tout oublié de ce que j'écris, je me rappelle avoir posté la version d'Astrud Gilberto, dans un sujet sur les voix féminines proches de Françoise! 

Dans le style "surprenant" je te conseille d'écouter aussi la reprise de Maurice Chevalier Appelez ça comme vous voulez. Sur YT tu peux la trouver sous l'appellation Petite Java. Il semble sous entendu que Françoise Hardy n'est pas seule à chanter mais personnellement je n'entends qu'une seule interprète.
Par rapport à la version de Maurice Chevalier, quelques expressions ont été modifiées et surtout il manque trois strophes qui ne pouvaient pas décemment être chantées par une jeune femme

Vous gênez pas, y a du choix dans les mots Un lit, un plume, un pucier, un pajot Et appelez ça comme vous voulez, moi j' m'en fous     Pourvu qu' dedans j'y trouve ma poule Ma régulière, ma gonzesse, ma houri Ma musaraigne, ma ménesse, ma souris Et appelez ça comme vous voulez, moi j' m'en fous Pourvu qu' le p'tit homme ait d' gros sous-sous

Des chouettes tatanes et d' bath petits costards Pour jouer au marle, au dur, au malabar Et appelez ça comme vous voulez, moi j' m'en fous     Pourvu qu'au bistrot je prenne un verre Un glass, un drink, un godet ou un pot Avec les mecs, les aminches, les poteaux Et appelez ça comme vous voulez, moi j' m'en fous Tout c' que j' veux, c'est d' pas sucer des clous

Gueuler, piauler, discuter le bout d' gras Ramener sa fraise, en vendre un remettre ça Et appelez ça comme vous voulez, moi j' m'en fous     Tout c' que j' veux, c'est d' pas m'esquinter l' chose Le vase, le prose, le figne, le coquillard À faire le schnock, le cave, le zigomar Et appelez ça comme vous voulez, moi j' m'en fous J' suis pompé, groggy et tout et tout

Bizarrement la chanson Les bras en croix a été commercialisée furtivement en 2017 par le label "Poppydisc" en fichier téléchargeable mais en France, elle est désormais interdite à l'écoute sur Deezer ou Spotify

La mer est un titre qui a été enregistré pour l'émission allemande Portrait in Musik. Dans ce show, exclusivement consacré à Françoise Hardy, le réalisateur Truck Branss jouait fortement sur le noir et blanc et avait contraint Françoise Hardy à des maquillages inhabituels. On peut avoir une idée du résultat sur cette vidéo malheureusement de qualité assez médiocre au niveau de l'image. Françoise Hardy avait refusé la sortie de ce titre en France mais en 1969, époque du conflit avec la maison Vogue, la chanson avait finalement été éditée.

Effectivement "La petite java" est épatante! Cette performance souligne que Françoise pouvait finalement chanter sur bien des registres. On la sent aussi pleine de fantaisie sur cette chanson, c'est assez rare. Il est possible que ce ne soit pas elle qui chante les quatre premières lignes

Ah plaignez les parigots
Ceux de Belleville et d'la Villette
Ils sont victimes des gens honnêtes
Les gens honnêtes sont des salauds

La voix est un peu plus cassée, plus caricaturale et je ne crois pas que ce soit Françoise qui ait fait ça, mais je peux me tromper.

Pour Appelez ça comme vous voulez, la qualité du son n'est pas suffisante pour bien s'en rendre compte mais il est effectivement difficile d'être totalement affirmatif sur l'identité de la chanteuse. Au moins ça me rassure, dans la partie purement chantée il n'y a qu'une seule chanteuse qui intervient.

Comme il est fort probable que de nombreuses chansons ne soient pas sur YT, il est intéressant de savoir qu'on peut néanmoins en découvrir quelques unes Ici  notamment Quand tu viendras me voir ou Mon amie la rose (version Mickey Baker) malheureusement dans des versions sonores de qualité relativement faible.

"Quand tu viendras me voir" dont je viens d'écouter trois fois de suite la minute que nous offre le site allemand, propose une atmosphère intéressante, sur un tempo lent et une voix intimiste, ça méritait d'être développé (ce n'était d'ailleurs qu'une séance de travail). Une chanson qui en évoque bien d'autres par Françoise de la même époque, entre 64 et 67. De celles qui n'eurent pas le destin d'être achevées, mais ont peut être inspiré ou préfiguré d'autres chansons en latence.

"Douce violence" me laisse complètement indifférent, que ce soit la version de Johnny ou la reprise de Françoise. Les paroles (d'un certain Clément Nicolas) ne me parlent pas, ni la mélodie - qui est pourtant bien dans le style de Garvarentz dont j'en aime quelques-unes (notamment "La plus belle pour aller danser" pour Sylvie). 

"Hardy Dutronc - Dutry Hardonc" m'amuse beaucoup - j'aime voir Françoise sortir des sentiers battus et laisser libre cours à une fantaisie qui, certes, n'est pas la sienne mais celle de Dutronc. 

Le duo avec Sylvie Vartan pour chanter "Il y a deux filles en moi" montre que Françoise aimait certaines chansons de Sylvie. Là c'est une chanson de Jean-Jacques Debout et Roger Dumas que j'aime moi-même beaucoup, d'ailleurs j'adore les albums des années 60 de Sylvie. Par contre la vidéo montre aussi que les couettes ne vont pas du tout à Françoise. 

Ah, je viens aussi de découvrir le "Vous" qui est une chanson de Guy Béart - magnifique! Paroles poétiques, orchestration discrète, voix bien en avant en direct et en public. 

J'avais déjà écouté "Des bottes rouges de Russie", mais pas souvent, c'est une chanson légère et charmante, quoique pas très mémorable, à part le charme naturel de Françoise sur cette vidéo bien sûr. 

J'aime énormément J'ai le coeur vide aujourd'hui que je ne connaissais pas du tout. Pourtant toutes les infos sont déjà ici, puisque ce forum est LA référence pour tout savoir sur les chansons de Françoise!  

Du coup j'ai lu la page wiki du compositeur de la chanson Simon Napier-Bell qui est extrêmement instructive! Apparemment il n'était pas spécialement compositeur mais la parolière Vicki Wickham non plus. En tout cas cette musique est pour moi un enchantement et une merveille de production.   

"Ok Bilboquet" en duo avec Johnny Hallyday est une curiosité qui ne mérite guère d'être réécoutée, dont le style rappelle un peu Gainsbourg, mais j'ignore qui a écrit ce truc "bilbo, bilbo, bilbo bilboquet"... en fait c'est le genre de chose qui se veut amusante et rend ce genre de show (les Carpentier) souvent peu intéressant... malgré les hommages récurrents qu'on y voit à la télévision, avec les témoignages des artistes qui s'y amusèrent apparemment beaucoup.

Merci pour tes gentils mots à propos du contenu du site.    
Je sais que la navigation peut être difficile par moments, mais je suis heureux de savoir que tu trouves des informations qui t'intéressent.  

Personnellement je n'aime pas tellement Des bottes rouges de Russie (que ce soit en italien (où elles deviennent bleues) ou en allemand) à cause de la lourdeur de la rythmique qui est audible pratiquement d'un bout à l'autre de la chanson.

Le bilboquet est une chanson écrite par Jean-Jacques Debout (pour la musique) et Roger Dumas (pour les paroles). Je ne me souviens plus à quelle occasion, j'avais vu un petit reportage où on voyait les deux protagonistes travailler pour préparer en 4ème vitesse une chanson pour un show des Carpentier à venir : les paroles étaient créées dans l'urgence avec pour seul réel souci d'avoir des rimes faciles (mais régulières). Ce côté un peu bâclé peut être parfois gênant mais a aussi le charme de la spontanéité.
Ici, sous des paroles anodines, il y a un second degré évoquant l'invitation à la découverte de l'amour physique. Rien de bien remarquable cela étant. Un internaute bien intentionné s'est employé à retranscrire ici les paroles de la chanson avec une interprétation bien savoureuse. Françoise Hardy chanterait selon lui : "On pourrait parler culture, d'hydro, Sartre ou bien Rousseau". Pour suivre son idée, il aurait été encore plus logique de reporter ces paroles : "On pourrait parler culture, d'hydro, sarcle ou bien roux seau" ...

J'ai le cœur vide aujourd'hui est une adaptation en français tout à fait captivante qui permet de voyager dans les lieux fréquentés par les amoureux et par ricochet de parler de rues un peu mythiques du cœur de la capitale (le Quai aux Fleurs, la rue Gît-le-Cœur). Je trouve le texte très poétique et fortement susceptible d'émouvoir ceux qui écoutent la chanson alors qu'ils ont une peine de cœur. Beaucoup de cœurs dans mon commentaire en fin de compte.
Dommage que Françoise Hardy n'ait pas voulu que la chanson soit éditée. Peut-être qu'un jour ce manque sera comblé ?
Ce ne serait que justice car cette version française est à mon sens supérieure à la version anglaise même remixée.

Puisque tu passes en revue les chansons rares ou inédites, j'aimerais bien connaître ton avis sur la version de Mickey Baker de Mon amie la rose.

J'aime bien! C'est original et ça préfigure presque la version de Natacha Atlas!   Je ne connaissais pas cette version, merci pour le lien (sur le site allemand je n'avais trouvé que le texte). C'est un cas intéressant, ce Mickey Baker. J'ai lu qu'il vivait à Toulouse où il nous quitta il y a quelques années. On peut le voir avec ses lunettes noires jouer de la guitare ici avec une débutante yéyé... 

La vidéo de la "débutante" m'a un peu choqué. N'importe quelle chanteuse d'aujourd'hui ne se remettrait pas d'une telle prestation. Une avalanche de critiques sonnerait le glas de sa carrière sur les réseaux sociaux tellement il y a de faussetés. Heureusement qu'à l'époque on lui a laissé le temps de progresser... C'est amusant de voir Mickey Baker fugitivement en arrière plan.

En 2012, nous avions évoqué la version alternative orchestrée par Mickey Baker de Mon amie la rose. En synthèse, certains critiquaient l'orchestration comme étant lourde et dépourvue de poésie, tandis que d'autres relevaient un rythme soutenu sur une mélodie lugubre évoquant une ambiance funèbre. La basse obstinée était notée comme un élément envahissant de l'accompagnement. Globalement, l'envie d'une version retravaillée pour évaluer pleinement la qualité de cette interprétation était partagée.

Aujourd'hui, je n'arrive toujours pas à avoir une opinion totalement tranchée. Cette version a sur moi quelque chose de tout à fait hypnotique et indéfinissable. Pour autant, je trouve que le tempo est trop rapide même si c'est justement ce dynamisme qui contribue précisément à me fasciner en menant tambour battant une petite rose de vie à trépas. Paradoxalement je trouve que cela nuit à l'écoute du texte et en détruit partiellement la poésie. Je suis convaincu qu'une édition CD de qualité de cette version pourrait m'aider à affiner mon impression.

De toute façon je crois qu'on est d'accord pour dire que la version que l'on connaît est la meilleure, non? 

La Sylvie des tout débuts peut paraître d'une maladresse frappante, c'est vrai, et pourtant... quelque chose passe malgré tout. Du reste, j'aime aussi découvrir tous ces petits 45 tours de l'époque yéyé par des centaines de débutants qui n'ont finalement jamais sorti d'albums... mais ce sera pour un autre sujet éventuellement! Je vais m'arranger pour être disponible et commenter toutes les raretés françaises de la liste que je ne connais pas. J'irai jusqu'au bout. 

Quand je vois que Françoise a chanté "De la lune qui se souvient?" de Guy Béart pour la télé en 69, je me suis dit "tiens, encore une chanson qui regrette que l'homme ait mis le pied sur la lune" (thème poétique s'il en est), comme celle qu'avait chanté Dutronc cette même année ("Où est-il l'ami Pierrot?") et que j'aime beaucoup... mais non, cette chanson de Béart n'a rien à voir avec ça, Béart l'avait enregistrée dès 65. Je suis allé l'écouter et je n'y ai rien compris (les textes poétiques parfois manquent de clarté...), et je l'ai trouvée un peu longuette. J'ai vu qu'il l'a ré-enregistrée en 70, c'est peut-être mieux. Il y a des chansons de Béart que j'aime beaucoup, notamment "Couleurs vous êtes des larmes", peut-être sa plus belle. En tout cas, j'ai pas trouvé la reprise par Françoise de la chanson sur la lune. 

Bien sûr Jérôme, dont j'admire l'attention et l'anticipation, a déjà préparé le terrain pour "A cloche-pied sur la grande muraille de Chine" et je vais donc réagir à cette chanson que je vais découvrir dans le sujet approprié. Hé, c'est du direct!  A tout de suite! 

"Les glaces" est un texte de Roda-Gil (sur les miroirs, pas les glaces qu'on mange), et une musique d'un certain Bernard Estardy, qui avait créé un studio d'enregistrement avec le guitariste Georges Chatelain (tiens! le monde est petit!) en 1966. Estardy est responsable des arrangements du fameux "Alexandrie Alexandra" de Claude François, entre autres, au fil d'une carrière apparemment éclectique dans l'univers de la variété (a aussi collaboré avec Sardou, etc). Je viens de lire ça dans sa bio wikipedia, hein... 

Cette chanson me laisse totalement indifférent, je le crains. Le texte est bien tourné, mais sans grand intérêt, c'est le problème avec certains auteurs qui ont écrit pour des chanteurs et chanteuses mais n'ont pas su trouver cette forme d'immédiateté que le domaine de la chanson requiert pour que ça parle à tout un chacun. Ce que j'en dis! Du reste, la musique est aussi banale.

Je parais sévère et sec comme ça dans mon jugement mais c'est pas grave, des chansons y'en a plein! 

J'imagine que Françoise Hardy a un avis proche du tien concernant Les glaces au point d'en bloquer la réédition.  

Bernard Estardy s'est également essayé à la chanson... notamment avec l'album "Le Géant Égoïste" dans lequel il y a justement une chanson avec un texte de Roda Gil (La cathédrale).

Pour ce qui est du duo entre Moustaki et Hardy, je préfère la version live de "L'habitude" à la version studio que je trouve trop fade, bien que la remastérisation de 2013 ait remis cette dernière en valeur (la version live est en bonus sur la réédition par ailleurs). Apparemment on recherchait le duo avec Moustaki à cette époque (ou lui-même les recherchait, j'ignore d'où ça venait). Un duo des plus connus avec Moustaki est celui avec Barbara dont tout le monde connaît "La dame brune" de 67, mais je lui préfère "La ligne droite" sur un album de 1972. 

Ces duos avec Barbara ont une particularité cependant: ils ne chantent jamais vraiment ensemble! (à part un petit "lalala" à la fin de la Dame brune). Serait-ce le secret de leur réussite? 

Je n'avais jamais écouté la version par Françoise de "La déclaration d'amour", j'aime beaucoup. A vrai dire je n'ai pas de préférence entre les deux (avec celle de France), j'aime les deux. En tout cas je peux dire que le premier album de France Gall produit par Michel Berger reste mon préféré (pour avoir redécouvert et ré-apprécié à la hausse la plupart de ses chansons, ces dernières années). Du reste, tout ce qu'a enregistré France Gall (années 60, 70, 80) vieillit très bien (sauf peut-être une petite période entre 69 et 71).

Le duo de Jane et Françoise sur "Comment te dire adieu" (qui devient "Comment lui dire adieu") est touchant, depuis que Jane nous a quittés. Les deux chanteuses chantent tour à tour chaque vers, deux voix douces, sur un ton intimiste. Je peux me tromper mais j'ai l'impression qu'elles devaient bien s'entendre, comme si le courant passait naturellement entre elles.

Je découvre "Tu t'amuses" et j'aime bien. Une musique d'Aram Sedefian et un texte de Chris Rambault. C'était la face B de "Femme parmi les femmes" (B.O. du film de Lelouch Si cétait à refaire, que je n'ai jamais vu), 45t paru sur le label de Pierre Barouh, Saravah. 

On sautera de 1976 à 1983 pour la prochaine étape.

Maintenant, avec Internet, on trouve beaucoup de choses beaucoup plus facilement qu'avant.
Je me souviens avoir eu un mal de chien à dégotter le 45 tours contenant Tu t'amuses quand j'avais appris l'existence de la chanson, bien des années après sa publication....
Je trouve que c'est un bien beau titre qui mériterait d'être davantage connu et devrait être réédité.

J'imagine que si Françoise pouvait éradiquer toute vidéo d'elle dansant sur "Tamalou" ce serait déjà fait. Pas trouvé la moindre vidéo d'elle avec Sheila mais je ne suis pas sûr de rater grand-chose. 

Je vois que c'est Groscolas qui a fait la musique, et bien chacun ses souvenirs - moi je me revois chantant "Lady Lady Lay" à cinq ans devant la glace avec un balai en guise de guitare. 

Le duo avec Johnny sur "Tous les garçons et les filles", je suis allé écouter sur YT et j'ai trouvé ça sans intérêt. Le duo avec Etienne Daho est bien sûr plus intéressant, ça ressemble à du Daho, et en 86 c'était sympa de voir une nouvelle génération qui rendait hommage à une précédente. Daho a depuis dit que l'album de 72 était son préféré de Françoise et c'est sans doute, effectivement, le plus personnel de Françoise au sens où elle y signe toutes les chansons ou presque, paroles et musique (sauf une, de mémoire). On la voit d'ailleurs au dos de la pochette avec plein de brouillons  jetés en boule par terre, seule devant une machine à écrire (de mémoire, toujours...), genre songwriter en mal d'inspiration... (elle cessera d'écrire ses musiques après ça).

Dans la vidéo avec Daho on la voit siffloter avec aisance... et je ne serais pas étonné d'apprendre que ce soit Daho qui le lui ait demandé.

Concernant le duo Sheila/Hardy sur Tamalou, ce n'est pas tellement la prestation vocale qui est intéressante mais plutôt la prestation scénique.
Rarement Françoise Hardy n'a dansé de façon aussi surprenante.
Quant aux costumes d'infirmières de l'armée, ils sont tout à fait improbables.
A l'époque, avec ton balai en guise de guitare, je suis sûr que tu te serais éclaté à soutenir le duo
On peut voir la prestation sur FB.

J'aime beaucoup le duo Daho/Hardy sur Et si je m'en vais avant toi, spécialement le moment où Françoise Hardy se permet de siffler. Je ne pense pas qu'elle ait fait ça à d'autres occasions.

Sur Internet, les vidéos vont et viennent, mais on peut aussi dénicher des sites de fans sur lesquels les vidéos, sans être exhaustives, peuvent être en grand nombre comme sur le site de Rolf.

ah oui, je vois que Françoise est allée jusqu'à faire le tourniquet, quand même 

je me demande si l'idée de le faire avec Sheila ne vient pas de la sonorité "couché, là!", l'accentuation est frappante.

Je dois avouer que lorsque j'ai revu la performance, j'ai eu l'impression qu'elles faisaient exprès de prononcer de façon bien appuyée "Sheila", mais ça ne doit être que le fruit de notre imagination

C'est Sheila qui avait invité Françoise Hardy à participer à son émission "Formule un" alors que cette dernière était en plein dans la promotion de "Moi vouloir toi", pratiquement le seul titre qu'elle ait interprété à la télévision en 1984, avec rien moins que 12 performances comptabilisées entre début janvier et fin octobre !

Il n'est donc pas surprenant que Françoise ait été enthousiaste à l'idée de chanter autre chose, surtout un titre facile à adapter en duo dans une chorégraphie potache pour ne pas dire endiablée.

Bon, j'ai quasiment tout écouté des autres titres rares de cette sélection (de 1989 à 2016), beaucoup de duos qui n'apportent pas grand-chose aux titres originaux, en plus des duos originaux qui ne sont pas mémorables. J'ai le CD d'Yves Simon qui contient ce duo et je l'avais oublié, mais ce n'est pas une vilaine chanson. J'ai aussi le CD de Doré mais je n'aime pas du tout BB Baleine. En gros, avant "Adieu triste amour" avec Biolay qui est intéressant, comme un véhicule de mélancolie aux harmonies sourdes et souterraines, tout m'a passablement ennuyé pour être très statique, monotone, atone (le duo avec Birkin). En fait il n'y a guère que "Sur un fil" que j'aime particulièrement, avec ou sans Françoise du reste (sur cet album de 67 dont j'aime la pochette et que Sylvie enregistra à Londres en deux jours, si je me souviens bien). Une observation mineure pour "Il n'y a pas d'amour heureux": je n'ai jamais compris pourquoi Françoise n'était pas satisfaite de la première version et préféra le ré-enregistrer en 68, car je préfère toujours la première version. Idem pour "Je ne suis là pour personne" et "Il voyage". Je préfère les originaux. 

Récapitulation de ce qui m'a tout particulièrement plu dans mes découvertes de ces raretés 

On dit tant de mots
Appelez ça comme vous voulez
Vous
Dis qu'est-ce qui nous fait rire
Les fourmis
J'ai le coeur vide aujourd'hui
A cloche-pied sur la grande muraille de Chine 
Le renard à l'anneau d'or
Au moins pour quelqu'un
Femme parmi les femmes
J'ai rêvé
Voyageurs de la nuit
Adieu triste amour

J'ai oublié "Des yeux d'enfant" en 1970. 

Dans la longue interview du numéro 106 de FrancoFans, Françoise Hardy dit quelques mots sur certains titres fraîchement édités : elle souhaitait que Dis qu'est-ce qui nous fait rire et Les fourmis ne sortent pas et que le titre Des yeux d'enfant ne soit pas réédité parce que ces trois chansons sont selon elle "mal réalisées".
"C'est mon ami Etienne Daho qui a insisté pour que je les sorte malgré tout" ajoute-t-elle. Merci à lui !  

Quand le journaliste demande "Peut-on s'attendre à entendre à nouveau des titres comme Les glaces, Des bottes rouges de Russie ou A cloche-pied sur la grande muraille de Chine ?", elle répond de façon lapidaire : "Je n'apprécie aucune des chansons que vous évoquez".

Un peu plus tard dans l'interview elle confie encore "Quant au morceau Poisson, que j'ai en partie oublié, je m'en veux de l'avoir enregistré, car c'est un titre un peu vulgaire".

Pour ces quatre derniers titres, c'est clair, la messe est dite...