Aujourd'hui, revoici Yves Simon sérieusement de retour à la chanson : sur scène, aux Francofolies de La Rochelle et de Spa l'été dernier ; en studio d'enregistrement, avec ces "Rumeurs", qui auscultent, comme le firent celles de Fleetwood Mac, les espaces et les liens entre les amants, les hommes et leur destin.
Du Yves Simon magnétique, classique et pourtant renouvellé, superbement mis en valeur par Jean-Louis Piérot (réalisateur pour Bashung, Miossec, Étienne Daho...), dont les arrangements classieux et discrets sertissent des mélodies divines, précieuses et habitées, comme si elles devinaient l'importance de l'occasion.
"Rumeurs" captées sur un manche ou un clavier, une peau ou un carnet, évoquant la fragilité des sentiments, des serments, comme celle de l'espoir, au fil du temps et de l'Histoire, toujours suscitées par ces filles qui obsèdent pareil séducteur.
Elles sont (pré)nommées "Patrice", "Irène" et même "Marguerite" (chanson hommage à Yourcenar) ou envisagées comme genre tout entier: "La Métisse", "Les Filles ont des sentiments"
Deux d'entre elles apparaissent ici à ses côtés, lui qui n'a jamais cherché à profiter de ses amitiés pour enrichir ses tracklists :
Françoise Hardy, pour un rare duo ("Aux fenêtres de ma vie"), et l'actrice madrilène Angela Molina ("Cet obscur objet du désir" de Bunuel, "En chair et en os" d'Almodovar,) dans un récitatif à l'écho castillan pour le titre "La Rumeur" splendidement souligné d'irrésistibles chagrins de bandonéon, de vibratos de guitares et de tenues d'orgue entêtants: les nouveaux classiques de cet éternel voyageur, arpenteur du monde et des passions.
Auteur, compositeur, écrivain, poète, journaliste (Actuel, Libération...), mémorialiste, animateur de radio (France Inter, Europe 1, France Culture), cet ancien élève de l'IDHEC ne se contente pas de faire entendre "sa petite musique" dans des registres sans cesse différents. Partout, il a su imposer son style, personnel, ému et émouvant, et après son physique dans un art corporel, sa métaphysique, dans celui de l'esprit.
Mais c'est à l'écoute de ses nouvelles chansons que sa sensibilité nous atteint le plus et nous rappelle sa contribution indélébile à la mémoire de sa génération.
Yves Bigot (source : http://www.yves-simon.com/cgi-bin/data/list/ZZZ9/page1.html)