Georges Lopez : Les Petits Cailloux

Admirateur de Françoise HARDY, Georges LOPEZ, instituteur auvergnat dont le joli livre de mémoires Les Petits Cailloux, fut adapté au cinéma sous le titre Etre et Avoir.
Ainsi page 135, on peut lire ce bel hommage.

"En parlant de cinéma et de chansons, Gérard et moi découvrîmes que nous avions une passion commune pour Françoise Hardy, figure mythique de notre génération yéyé.
Nous connaissions ses chansons par coeur, de Tous les garçons et et les filles en passant par L'amitié, Mon amie la rose et Dans le monde entier.
Il commençait à fredonner puis s'arrêtait pour que je continue. Nous connaissions si bien le répertoire de notre idole que jamais il ne nous arriva de ne pas connaître la suite d'une chanson.
Des Salut les Copains s'échangeaient furtivement dès l'arrivée, et le plus souvent je ne pouvais attendre l'interclasse pour feuilleter sur mes genoux la revue que je venais de troquer..."

Il y en a comme ça trois pages... Si vous voulez, je continue !

Je ne connaissais pas du tout cet auteur. L'histoire de "Gérard et "moi"" semble se dérouler autour de 1965. Trois questions me brulent les lèvres :
1. Y a-t-il allusion à d'autres chanteurs que Françoise Hardy ou est-elle la seule à bénéficier de ce privilège dans le livre ?
2. Dans l'histoire, quel âge sont censé avoir les deux admirateurs de Françoise Hardy ?
3. Est-ce que cet écrivain est intéressant sur le plan littéraire ?

Dès la première page de ce livre attachant, l'auteur cite en exergue les premiers vers des Ronds dans l'eau :
"Tu commenças ta vie, tout au bord d'un ruisseau..."
Aucun autre chanteur n'est cité dans ce livre, Françoise bénéficie de l'exclusité !

Georges Lopez est né en 1946, et avait donc 16 ans en 1962. Un cinéaste est venu filmer en 2002, pendant un an, la dernière année de son enseignement dans un petit village du Roussillon, et le résultat a obtenu un succès commercial inattendu, dont il n'a malheureusement pas bénéficié.

"Gérard faisait le gué : le moment le plus dangereux était bien celui où je découvrais une nouvelle photo de la divine, car mes yeux n'arrivaient pas à se détacher de cette image de papier glacé et de ce beau visage qui peuplait mes rêves idolâtres.
En sortant de ces moments presque hypnotiques, je pensais déjà à la place que viendrait prendre telle ou telle photographie sur le grand collage que j'étais en train de réaliser et qui ornerait tout un pan de ma chambre, offrant ainsi à ma vue tous les visages, toutes les longues chevelures, toutes les silhouettes graciles de celle qui devint un idéal féminin que je ne trouvai jamais, hélas."

A suivre, si cela vous intéresse....
et afin de juger de son intérêt littéraire (il n'a, à ma connaissance, pas écrit d'autres livres).

Etre un garçon et avoir 16 ans en 1962 ne pouvait effectivement que provoquer une fascination visiblement autant pour les chansons que pour la plastique de Demoiselle Hardy....

Intéressant d'être capable si longtemps après de retranscrire en littérature l'émoi et l'engouement suscités auprès de teenagers en quête d'idoles féminines !

Hum Hum... Je comprends d'autant mieux l'intérêt des personnages pour leur jolie aînée (de très peu).

Suite et fin de l'extrait des Petits Cailloux de Georges Lopez :

"En écoutant Françoise Hardy dévoiler ses états d'âme, j'admirais ce talent d'écrire l'indicible des sentiments intimes, la hantise de la fuite du temps et son lot de regrets.
Aujourd'hui encore, j'aime la sobriété, la grâce et l'intelligence de cette bien nommée superstar et ermite, qui a su traverser les modes en suivant une route personnelle et en évitant le piège d'une trop grande célébrité.
Je vibre toujours autant à ce timbre de voix si particulier qui rend le moindre mot confidentiel."

Qu'en bien jolis mots ces choses-là sont dîtes !

Si je peux donner l'avis d'un contemporain (je suis né en 1947) et frère d' admiration, le livre n'est réellement intéressant que pour ceux qui ont vécu les mêmes choses à la même époque. Sur le plan littéraire, à mes yeux, il ne vaut pas mieux que le livre de Christine Bravo sur ses années d'institutrice.
Le film est beaucoup mieux, beaucoup plus intéressant parce qu'il montre combien une "grande âme" (et je pense sincèrement que Georges Lopez est une grande âme) peut apporter aux autres pour peu qu'elle y soit invitée. Non seulement il apprend à ses élèves le B A BA de l'écriture, du calcul, de l'histoire......mais, sans avoir l'air d'y toucher, il leur enseigne aussi la vie et ce, sans jamais hausser le ton, sans prendre un air condescendant vis à vis de petits bouseux (au sens propre du terme : qui vit avec les vaches) que les parents envoient à l'école quand il n'y a pas trop de travail à la ferme.