En avril 1990, Françoise Hardy racontait à Christian Fevret pour
les Inrockuptibles, la glorieuse époque des années 60 à l'heure où elle disait vouloir mettre fin à sa carrière.
Christian Fevret : "Vous étiez-vous alors débarrassée des complexes que vous aviez adolescente ? Vous aviez dû vous rendre compte que vous aviez des atouts physiques majeurs."Françoise Hardy : "Ce sont les Anglais qui m'en ont fait prendre conscience. Je crois que la première fois que j'ai compris que je pouvais plaire, ce fut en lisant des interviews de Mick Jagger, qui disait que j'étais son idéal féminin
(rires)... D'autant plus qu'il était bien évidemment mon idéal masculin. Ca s'est arrêté là, je le regrette beaucoup
(rires)... En Angleterre, je me suis aperçue que la façon dont les garçons me regardaient n'était pas du tout la même qu'en France. Ici, j'avais l'impression d'avoir l'image de
Tous les garçons et les filles, de la pauvre fille esseulée, un peu tarte, qui ne plait à personne. Dès que j'étais en Angleterre, c'était tout à fait autre chose, entièrement nouveau pour moi et narcissiquement beaucoup plus confortable
(rires)... J'ai su longtemps après que les Anglais se posaient des questions, se demandaient si j'étais homosexuelle parce qu'on me voyait toujours seule, jamais avec un garçon, puisque j'attendais toujours Jean-Marie ! Brian Jones, qui m'avait invitée chez lui avec Anita Pallenberg, s'est demandé pendant longtemps parait-il pour lequel des deux j'étais venue
(rires)."
Christian Fevret : "Que recherchiez-vous dans les films où vous avez fait l'actrice ?"Françoise Hardy : "Alors là, je ne recherchais rien du tout, parce que je n'ai jamais eu envie de faire du cinéma. Je me suis laissé bêtement convaincre par Vadim pour
Château en Suède. Et si Jean-Marie me donnait son feu vert, j'y allais. Il me conditionnait, ce en quoi il était totalement différent de Jacques. Pour Jean-Marie, il ne fallait pas laisser passer les occasions intéressantes. Pendant le tournage, je me suis définitivement aperçue que c'était une chose pour laquelle je n'étais pas faite. Par contre, c'était amusant de traverser juste une rue dans le film de Godard (
Masculin féminin, en 1966 - ndlr). J'accepte toujours quand quelqu'un me propose de faire de la figuration car c'est l'opportunité de rencontrer la personne. Quant à
Grand Prix, où c'était plus que de la figuration, j'ai été convaincue par la séduction du metteur en scène, John Frankenheimer, devant lequel je suis tombée en extase."