There but for fortune (Où va la chance)

There but for fortune
Musique : Phil Ochs
Texte : Phil Ochs
Créée en 1964 par Phil Ochs

En 1968, Françoise Hardy reprendra la chanson en anglais, en français (Où va la chance) et en italien (C'è la fortuna).

La version de Joan Baez


Reprises de... There but for fortune

J'ai du mal avec cette chanteuse et son vibrato "lourdingue" et je préfère nettement la version de Françoise.

Anne, j'ai du mal avec ta remarque...

Joan Baez est la chanteuse préférée de mon père et je dois dire que j'aime aussi énormément sa voix. Peut être pas dans cette chanson mais quand même, dire que son vibrato est "lourdingue" me paraît bien exagéré. Rien à voir avec Véronique Sanson par exemple...

Celà étant, Françoise a été très maligne avec sa reprise. Sa version est tout en délicatesse aussi bien en français qu'en anglais. Dans la même veine, elle a interprété Suzanne avec le même bonheur...

A propos de reprise, j'aime beaucoup la vidéo de Marianne Faithfull...

Désolé, Alexandre, mais je n'aime pas trop la voix de Joan Baez, trop ancrée dans une époque hippy post 68arde, guitare, flower, peace and love.....

Ceci dit, je trouve les adaptations que Françoise a faites de ces chansons, un peu fadouille. La voix manque totalement de vibrato et la guitare est trop discrète à mon goût.

Mais bon, here's to you, Nicolas and Barth....

Alexandre a écrit:

Anne, j'ai du mal avec ta remarque...

Joan Baez est la chanteuse préférée de mon père et je dois dire que j'aime aussi énormément sa voix. Peut être pas dans cette chanson mais quand même, dire que son vibrato est "lourdingue" me paraît bien exagéré. Rien à voir avec Véronique Sanson par exemple...

Pardon Alexandre le mot "lourdingue" était mal choisi. Mais comme Véronique Sanson que j'adore pourtant, tous les mots de Joan Baez ont une résonnance en hihihihi, ou hahahahaha, ou houhouhou et sur des phrases musicales courtes c'est vite répétitif. On va dire qu'elle a une voix en or mais que je préfère l'argent.

Ca va mieux Alexandre ? Moi oser critiquer papa's chanteuse préférée

La version française

Bon ben moi mon papa à moi, entre deux chants grégoriens, il écoutait Nana Mouskouri Donc nothing perso family dans mon appréciation ! Même si j'aime beaucoup Marianne Faithfull, là je ne retrouve pas pas la voix "broken'' de celle que j'aime et qui la personnifie à mon sens. Même si certains "tics vocaux" de J Baez sont présents, je trouve que c'est quand même l'interprétation la plus chaleureuse (musicalement et humainement) de la chanson. Celle de FH manque un peu de tripes à mon goût, trop délicate pour reprendre les termes d'Alexandre. Mais là on tombe dans "les goûts/les couleurs", bref ce que chacun a envie d'entendre, de retrouver ou de ressentir Non ?

La version italienne

C'est magnifique.

La version de l'auteur...

Cette version "live" est d'une arythmie déconcertante.

Cette version est très années soixante, et vraiment nostalgique.

J'aime beaucoup.

Jérôme a écrit:

Cette version "live" est d'une arythmie déconcertante.

N'est-ce pas? Cela surprend au début. Et puis après plusieurs écoutes, on la trouve d'autant plus enivrante. J'adore découvrir ainsi des versions "originales" dans les deux sens du terme! La voix de Phil Ochs me touche beaucoup. Il chante avec beaucoup de grâce et d'émotion retenue. On sent toute l'humanité du personnage, une générosité du propos. Il était dans l'air du temps, mais plus sincère que d'autres. Je sens aussi une vulnérabilité ou une blessure, chez lui.

Le jeu de guitare du début donne une sorte de vertige mais le manque complet de rigueur dans le rythme vocal par rapport à la mélodie me dérange beaucoup...
Je trouve ça trop déstructuré. C'est d'ailleurs probablement dû au trac parce que sur les enregistrements discographiques ce déphasage n'existe pas du tout.

Tu as des disques de Phil Ochs, Jérôme? Moi je n'en ai qu'un, Pleasures of the Harbour, que je trouve trop arrangé (tendance baroque, c'était la mode en 67), mais qui a quand même de belles chansons. Mais sur YouTube, ce sont les chansons de ce concert dont est tiré le "There but for fortune" ci-dessus que je trouve particulièrement gracieuses. Tes observations me paraissent professionnelles: serais-tu musicien ou chanteur?

Moi non, donc je ne suis pas dérangé par l'arythmie du chant.

J'ai néanmoins tendance à croire que Phil Ochs néglige plus ou moins délibérément de cadrer son chant dans la rythmique de l'harmonie. Quand je dis "plus ou moins délibérément", j'imagine une sorte d'instinct et d'expérience propre à l'évolution scénique de certains artistes. Dylan aussi pouvait se montrer déconcertant à l'époque (et parfois il l'était franchement!). Est-ce que Phil a le trac? Est-ce qu'il peine à rester en rythme? Ou est-ce qu'il préfère privilégier une certaine émotion, et la beauté de son chant? Lorsqu'il laisse traîner sa voix quelques secondes deci, delà, je crois qu'il en mesure instinctivement l'effet. Il y a, dans la performance ci-dessus, une prise de liberté que je trouve "enivrante", et je la trouve aussi, cette prise de liberté, chez d'autres artistes folk de l'époque, Tim Buckley, Tim Hardin, Fred Neil, Van Morrison, Joni Mitchell... Je trouve ces moments d'états créatifs précieux, informes, audacieux, vivants.

Françoise Hardy s'est approchée de cette liberté avec La Question. Sa collaboration avec Tuca fut une prise de risque, et un pari artistique digne de ce nom. Mais Françoise ne le fit pas pour l'amour du risque, elle le fit par amitié. Cette amitié, cette entente, cette osmose qui s'est aussi traduite musicalement, est une des plus belles choses de sa carrière, elle se le rappelle elle-même d'ailleurs comme telle, et le dit régulièrement dans ses interviews.

Je ne connais Phil Ochs qu'à travers des écoutes fortuites de CD empruntés à la discothèque et à travers les multiples reprises de cette chanson.
Mais de façon générale je préfère presque toujours les enregistrements en studio aux enregistrements "live". Pour le live c'est plus intéressant à vivre dans l'immédiateté. Après ça sonne réchauffé et les inévitables scories du concert prennent avec le temps le goût d'un défaut majeur qui m'empêche de savourer le disque.

La musique classique a été un des piliers de mon éducation au point que j'ai même eu - un très bref instant - la prétention un peu folle de devenir pianiste à l'âge où les autres enfants rêvaient d'être pompiers, policiers ou vétérinaires.... Ca m'a très vite passé car je n'ai pas du tout le niveau requis mais ça laisse des traces au niveau de l'ouïe...

A la réécoute je dirais que ce n'est peut-être pas le trac mais plus une concentration du Phil Ochs sur la mélodie, l'ambiance musicale, la succession des sonorités qui donne cet aspect déstructuré. Si on n'écoute que la voix, ça se tient. Mais l'accompagnement semble vivre à côté dans une logique différente. Un peu comme si on faisait cohabiter deux pistes enregistrées séparément... Alors de temps en temps le décalage est tellement fort que Phil Ochs fait une pirouette rythmique pour se rattraper par la voix.

J'aurais préféré qu'il choisisse d'utiliser autant de cohérence dans sa voix et dans son accompagnement pour choisir soit une atmosphère sonore libérée comme celle de Debussy ou une atmosphère rigoureuse comme celle de Bach. Le mélange ne me plait pas. C'est un peu comme un plat sucré-salé. Ca ne plait pas à tout le monde même si d'un point de vue expérimental c'est intéressant.

De ce point de vue la version de Françoise Hardy est beaucoup plus linéaire, pleine de délicatesse et surtout cohérente.

Ton observation est aussi pleine de cohérence.

Tu expliques en quoi, finalement, tu préfères la musique travaillée en studio aux performances live qui se font sans filet, et parfois sans grande rigueur, bien qu'avec une certaine poésie au parfum de liberté, insaisissable comme le vent.

J'ignore quelle était l'éducation musicale de Phil Ochs, mais il y a fort à parier qu'il venait davantage du folk que de la musique classique. Il évoluait sur le même terrain que Bob Dylan vers 64, mais n'a pas eu la carrière prestigieuse de ce dernier.

Les paroles de la version italienne de Françoise Hardy donnent un nouveau sens à la chanson très belle de Phil Ochs, et ce sens il y a déjà dans la chanson, peut-être. Bob Dylan a dédié une chanson à Françoise Hardy, mais Françoise Hardy a chanté une chanson de Phil Ochs, malheureux dans la vie et dans la carrière. En 1970 la chanson, dont les paroles sont de Herbert Pagani, un poète, vient de sortir en italien: Pagani a vu des choses que d’ autres n’ont pas vu. Comme dit le Petit Prince, "on ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les eux". Voilà les trois versions de la chanson, l’original (Phil Ochs), la française (Eddy Marnay), l’italienne (Herbert Pagani):

“Show me a prison, show me a jail
Show me a pris'ner whose face has grown pale
And I'll show you a young man
With many reasons why
There but for fortune, go you or I”;

"Vois la prison, je vois la nuit
je vois le prisonnier qui pleure sa vie
et quelque fois je pense
quand je m'endors dans tes bras
où vas la chance? à toi? à moi?"

"Io vedo gente che non sa più
l'amore che cos'è cos'è il cielo blu
e allora ricordo le mie notti accanto a te
c'è la fortuna con te, con me"

Ma traduction:

"Je vois des personnes qui ne savent plus
Qu’est que c’est l’amour et le ciel bleu
Et alors je rappelle mes nuit avec toi
Il y a la chance avec toi, avec moi"

On va de l’activité du citoyen à la contemplation du sage (Van Der Rohe : "God is in the details" / « Dieu est dans les détails »), de l’engagement politique à la révolution des mœurs («Faites l’amour pas la guerre»). «Les actions meurent ensemble avec l’homme qui les accomplis, Les pensées au contraire vainquent le temps et ils ont un valeur éternel». (S. Dresden, “Umanesimo e Rinascimento” / “De mens in de wereld”, Il Saggiatore, Verona 1968, p. 84). J’adore cette chanson, mais je suis tombé amoureux de la version italienne qui nous donne Françoise Hardy. Bob Dylan écrivait à Phil Ochs en 1964: «Les choses que tu écris sont des conneries, parce que la politique est une connerie. Elle est tout à fait irréelle. La seule chose réel est dedans toi-même. Tes sentiments. Regarde – toi le monde dont tu écris et tu verras que tu est en train de perdre ton temps». (Bob Dylan, “Folk, canzoni e poesie”, A cura di Alessandro Roffeni, Newton Compton editori, Roma 1978 © Bob Dylan 1972).

Ce côté romantique de la version italienne me plait beaucoup. Merci pour la traduction.

Un peu de légèreté, ça fait du bien.

Bon ben maintenant on sait quel est le nouveau titre qu'Isabelle Boulay empruntera au répertoire de Françoise. Après L'amitié, où elle s'était permis de modifier bêtement les paroles, elle s'attaque à Où va la chance ?
On peut pas dire que cette annonce m'excite vraiment mais bon, on verra bien.

Isabelle Boulay : "On a essayé de créer une musique aussi inspirée de la grande variété française, une variété de luxe puisque je reprends Souffrir par toi n’est pas souffrir de Julien Clerc et Où va la chance? popularisée par Françoise Hardy."

(source : http://voir.ca/musique/2011/11/03/isabelle-boulay-benjamin-biolay-passer-a-louest/ )

On peut écouter un extrait en suivant le lien : http://www.archambault.ca/les-grands-espaces-ACH003031190-en-pr (chanson 12)
A priori, la reprise semble être dans la lignée de l'interprétation de Françoise. C'est cependant assez difficile de se prononcer vue la durée minimaliste de l'extrait.

On peut entendre la chanson en intégralité en donnant son adresse e-mail :
http://www.isabelleboulay.com/ecouteexclusive/index.php

Ca confirme le respect de l'esprit de la version de Françoise. Certainement la touche Biolay ....

J'ai mis mon adresse email et j'ai pu découvrir Fin octobre, début novembre
et j'avoue avoir été immédiatement séduit par cette grande fan de Françoise !
Belles paroles, belles mélodies, beaux arrangements...
Une bien belle voix cette Isabelle, pleine de mélancolie retenue, comme on aime !

Effectivement la reprise d'Où va la chance par Isabelle Boulay est bien réussie même si elle reste sans surprise comme si une certaine timidité l'empêchait d'oser y apporter une touche plus personnelle. Un bel hommage qui paralyse un peu l'audace du renouveau.

D'accord avec toi, Jérôme, cette reprise est bonne, mais sans grande originalité.
Ma séduction immédiate était adressée au titre Fin octobre début novembre.

Une version italienne avec une belle image stylisée. Chanson inédite parue en Afrique du Sud sur le LP ORC 6072 "Françoise in Italian"

La chanson figure sur l'album italien de la série d'Afrique du sud dont le point commun est le profil de Françoise sur chaque pochette avec :
- un éclairage bleu pour les chansons en italien
- un éclairage vert pour les chansons en allemand
- un éclairage classique pour les chansons en français

Ici, la bande sonore est exceptionnellement bonne (même si on entend les petits craquements du vinyle).

Il est étonnant que cette version soit restée inédite dans les autres pays dans la mesure où elle sonne bien agréablement aux oreilles. En résumé une rareté qui serait probablement restée inconnue en France sans l'arrivée d'Internet.

Dans la version italienne, on reconnaît la même délicatesse que dans la version française. La seule différence est la rareté.

Je ne me lasse pas de voir et revoir cette prestation. C'est vraiment très beau.

Wania Tiziana Weller a aussi repris "Où va la chance". Sa maladresse et sa fragilité forment un style assez touchant mais un peu plus de précision ne nuirait pas.

L'intro musicale fait espérer le meilleur mais au final c'est très maladroit et plutôt faible. Mais bon, on sent une vraie envie de se réapproprier la chanson.

Il semble bien qu'Anne-Marie Michel, une chanteuse que je viens de découvrir et que j'aime beaucoup, fut la première chanteuse à reprendre l'adaptation française, qui figure sur son premier 45t de 1966:



Anne-Marie Michel n'a sorti que deux 45 tours en 66 à ma connaissance. Le premier à avoir chanté l'adaptation française fut Dominique Walter (fils de Michèle Arnaud) en 1965, comme cela est rappelé sur la liste de Jérôme. Tu vas pouvoir y ajouter celle-ci, Jérôme. 

Après recherches, cette Anne-Marie Michel n'est autre qu' Anne-Marie Miéville. 

Elle est passée à côté d'une carrière de chanteuse mais n'a pas gâché ses talents pour autant. 

Merci Lil' Bear, c'est une belle trouvaille.
Je vais profiter de cette découverte pour rafraîchir la liste qui n'a pas bougé depuis 2011...

Voilà la liste est rafraichie

Reprises de... There but for fortune

C'est une longue liste. Utile pour dissuader ceux qui trouveraient original de reprendre cette chanson. 

Il y en a sans doute encore beaucoup d'autres mais bon.... ça fait déjà pas mal. Maintenant il faut que je vérifie certaines dates de sortie car parfois j'ai indiqué la date de parution sur CD faute de mieux.

Prestation du 28 février 1969 dans l'émission "Tous en scène"

Un style bien différent avec Kim Larsen & Kjukken.

La délicate reprise de Delaney Gibson

La version "Où va la chance" par Dominique Walter

La version de Paul McLean

La version de Gérard Vermont