Jérôme Administrateur
Nombre de messages : 9970 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
| (#) Sujet: 3 avril 2010 - Le temps Sam 3 Avr 2010 - 10:30 | |
| Chanson samedi3 avril 2010 Françoise Hardy, un paradis de solitudeOlivier Horner[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L’âme sœur de Jacques Dutronc cultive son style pop et ses thèmes chérisDu fantasme à la mort. Du désir d’ailleurs à une vie réduite en poussière et à une voix de l’au-delà. La Pluie sans parapluie pourrait se résumer à ce glissement métaphorique. A une lente dérive narrée sous forme de chansons-jalons. Une fois encore, le répertoire de Françoise Hardy se confond élégamment avec ses états d’âme, son vague à l’âme et ses bleus à l’âme. D’une envie d’escapade amoureuse «Noir sur blanc» («Peut-être qu’il n’est pas trop tard/Pour sortir de ma tour d’ivoire») à l’appel du dernier souffle dans «L’autre côté du ciel» («Plus de solo, plus de duel de ce côté du ciel»), la chanteuse française se complaît volontiers dans des éclairages tamisés. Hormis au cœur de quelques titres enlevés qui l’extirpent des brumes mélancoliques imaginées en compagnie de Murat, Arthur H, Fouxi, Alain Lubrano, Pascale Daniel ou Ben Christophers. La Pluie sans parapluie lui sied plutôt bien. On y retrouve à bien des égards les contre-jours et demi-teintes du splendide Clair-obscur publié à l’orée de ce siècle, ainsi que les quelques étreintes retenues se détachant au fil de ce Tant de belles choses (2004) pour lequel l’âme sœur de Jacques Dutronc avait repris abondamment la plume. La pudeur au bout de langue, la solitude davantage plénitude que souffrance, Françoise Hardy s’enhardit même ici – on ose – sur une poignée de mignonnes mélodies: «Champ d’honneur» ou «Les pas». Le ton de l’écriture (sensible et rimée, comme du chant), ce ton murmuré mais distinct, est à la confidence. L’amour ou plutôt l’évocation de son absence rôde ça et là, tandis que la solitude reste un thème cher de la prose douce-amère qui perle de La Pluie sans parapluie. A l’image du reste de son œuvre depuis plus de quarante-cinq ans et le succès yé-yé de «Tous les garçons et les filles», Hardy cultive une veine chagrine, un style pop fait d’infimes nuances devenu son paradis et son sceau.Publicité Les mots/formules signifiant le flou («transparence» ou «ombre») et le repli («J’ai pris le pli de rester hors circuit» ou «On dit qu’il vit seul/A fait le deuil de ses idéaux passés») de l’éternelle «Mademoiselle Hardy» sont légion. Au même titre qu’abondent les références littéraires, fusionnées avec sa passion cinéphile («Le temps de l’innocence», «Un cœur éclaté», «Je ne vous aime pas, je ne vous aime pas»). Nostalgie d’une jeunesse perdue, deuil d’un amour passionné ou jeux de dupes parfont le tableau impressionniste que crayonne La Pluie sans parapluie. Au fur et à mesure des fantômes esquissés, ce sont de plus anciens couplets qui résonnent. Comment ne pas voir la désillusion de «Peut-être qu’il n’est pas trop tard/Pour sortir de ma tour d’ivoire» («Noir sur blanc») faire écho à «N’est-il pas trop tard pour un nouveau départ/Loin des murs qui nous séparent» («La folie ordinaire» sur Tant de belles choses)? Résolue dans l’intervalle à trouver l’amour plus fort que la mort et à gommer toutes aspérités orchestrales, Françoise Hardy a réservé ses vraies parts d’ombre à son autobiographie d’il y a deux ans: Le Désespoir des singes… et autres bagatelles. (source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/10a33ac2-3e9e-11df-a7d5-4183619f187d ) |
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