Chanson. Couac
Hardy sans hardiesse.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Françoise Hardy, l'idole des sixties, mais toujours égérie des médias, revient avec
la Pluie sans parapluie. Un événement plus people que musical : son album est l'occasion d'une grande tournée médiatique où la gracile Françoise s'épanche sur sa vie privée, sa solitude, ses séries télé préférées, ou encore ses soucis de santé. On lit partout son ennui de la promo, mais on l'entend sur tous les plateaux. Après six ans de silence, elle donne de ses nouvelles, revient sur ses relations compliquées avec Dutronc. Et, dans un effet de vase communicant, plus Françoise parle d'elle et moins Hardy parle de l'album, paresseusement salué par un ou deux qualificatifs, toujours pleins de déférence. Or,
la Pluie sans parapluie est une averse médiatique dans un verre d'eau : l'album remplit à peine quelques promesses et s'éternise comme un jour de pluie. Une ouverture rythmée et calibrée signée Calogero,
Noir sur blanc, un pétulant
Champ d'honneur, et l'album s'enroule dans une confortable mélancolie. La voix envoûtante de la chanteuse s'avère vite émolliente. Françoise Hardy, qui signe presque tous les textes de l'album, joue sur cette double image d'une femme libre sur les plateaux télé et de chanteuse esseulée, prisonnière de ses contradictions dans ses chansons. Excepté un texte original où l'on devine un portrait en creux de Dutronc signé par la Grande Sophie (" J'ai fini par me passer du mystère de Mister "), le parfum de nostalgie de l'album devient vite entêtant. Car si Françoise est une interprète qui en impose, il n'est pas sûr que Hardy s'impose comme une auteure très originale. Tout au long des chansons, elle regarde la vie à travers une vitre embuée et pleure sur
Le Temps de l'innocence. Il pleut dehors et il fait froid à l'intérieur « Du fond de mon lit/j'entends tomber la pluie/j'ai froid j'ai faim/encore un jour sans fin. » Pour en arriver à cette conclusion définitive : « Sans toi ma vie n'est pas une vie ». On eut aimé plus de " hardyesse" dans l'écriture et dans le choix des mélodies souvent sans surprises : des airs confinés qui auraient mérité d'être renouvelés. L'univers d'Hardy, c'est moins un mal-être qu'un malaise. Pas vraiment une souffrance, plutôt une sorte de « susurrance ». Et si des générations continuent de chantonner
Tous les garçons el les filles, Françoise continue de murmurer la solitude et l'ennui. A force de colmater la fuite du temps tout au long des chansons, le temps a fui et l'album est fini.
La Pluie sans parapluie ne s'écoute pas. Il se laisse écouter. Puis glisse. Comme la pluie sur un imperméable
■ Olivier Maison
(source : http://forum.lixium.fr/d-1853761804.htm )