Nombre de messages : 9970 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
(#) Sujet: 8 avril 2010 - magicrpm.com Dim 11 Avr 2010 - 9:40
Égérie absolue des années 60, Françoise Hardy a traversé ces cinq dernières décennies comme personne. De retour avec son meilleur disque depuis Le Danger (1996), elle se penche sur huit albums marquants d’une discographie pléthorique qui ne lui a pas toujours rendu grâce. Avec La Pluie Sans Parapluie, superbe disque de saison au casting syncrétique et aux paroles dédiées, la chanteuse de Comment Te Dire Adieu aurait-elle mis un point final à sa carrière phonographique ? [Interview Franck Vergeade].
Tous Les Garçons Et Les Filles (1962) C’est toujours difficile de me faire interviewer sur des choses déjà écrites. Par définition, tout est dit dans les écrits, en l’occurrence dans ma biographie, Le Désespoir Des Singes Et Autres Bagatelles (2008). Comme je le répète souvent, je n’ai jamais pu écouter cet album. Dès mes débuts, j’étais totalement insatisfaite. Après la sortie d’un super 45 tours Il Est Parti Un Jour-J’Suis D’Accord/Oh Oh Chéri-Tous Les Garçons Et Les Filles, autant de morceaux pas terribles, on a donc enregistré l’album dans la foulée du succès qui s’en est suivi. Je n’aimais pas les orchestrations des morceaux. C’est très rare de tomber sur un réalisateur qui sache magnifier le potentiel d’une composition. À l’automne dernier, j’ai été très contrariée que le label Vogue choisisse de rééditer mes six premiers Lp’s dans un coffret (ndlr. La Collection 62-66, 2009). J’aimerais tellement que tous ces disques soient effacés à tout jamais. Bien sûr, j’ai conscience qu’une chanson comme Tous Les Garçons Et Les Filles a marqué son époque, mais c’est aussi parce qu’elle est marquée par l’époque qu’elle a ainsi traversé les décennies.
Comment Te Dire Adieu (1968) Pour le marché anglais, j’avais publié un disque de reprises dont j’étais très contente (ndlr. In English, 1966). D’ailleurs, c’est à partir du moment où j’ai enregistré en Angleterre que j’ai enfin bénéficié d’orchestrations décentes, très honorables même. Pour l’album Comment Te Dire Adieu, j’ai donc poursuivi l’expérience, en reprenant des standards comme Suzanne de Leonard Cohen ou en les adaptant en français, comme La Rue Des Cœurs Perdus, dont le titre original était Lonesome Town, popularisé par Ricky Nelson. Je m’étais donc fait doublement plaisir. J’avais aussi la chance d’avoir des réverbérations partout sur ma voix. Depuis que je chante, j’ai toujours été fascinée par la réverb’. En studio, j’en réclame toujours plus que de raison. Étonnez-Moi Benoît, l’avant-dernier morceau du disque, m’a permis de rencontrer Patrick Modiano, un écrivain que j’admire. Nous étions si jeunes alors…
La Question (1971) Un de mes meilleurs albums, sinon le meilleur. Je n’irai cependant pas jusqu’à dire qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre. Avec Le Danger (1996), c’est le seul disque qui présente une telle homogénéité. Pour La Question, l’explication est simple : la plupart des chansons ont été composées par une seule et même personne, une amie brésilienne qui s’appelait Tuca. Pour la première et dernière fois, j’ai enregistré les chansons en live, avec Tuca à la guitare et Guy Pedersen, un bassiste exceptionnel de jazz. Puis, avec Tuca, nous sommes parties en Corse pour réfléchir à la question de savoir s’il fallait ou non rajouter des cordes. De retour à Paris, nous nous sommes enfermées dans le bureau de son éditeur et Tuca m’a joué plusieurs thèmes pour chaque titre. C’est la seule fois de ma carrière où j’ai participé à ce point à l’élaboration d’un album. D’ailleurs, si j’ai pu interpréter en direct toutes les chansons, c’est parce que Tuca me les avait faites répéter pendant un mois entier à la maison. Les gens ne peuvent pas imaginer une chose pareille qui, selon moi, est proprement inimaginable : le chanteur arrive en studio pour enregistrer, sans jamais n’avoir répété avec personne… Il faut donc apprendre seul dans son coin, mais on peut facilement prendre des faux plis. Et comme je suis quelqu’un de très lent, ça m’est difficile de me dépêtrer d’un faux pli. J’ai été très flattée par le résultat. J’aime particulièrement Le Martien, une chanson portée par une mélodie sublime et une réalisation superbe. Il y a simplement une guitare, une basse et les bruits de bouche inventifs de Tuca ! J’ai aussi un faible pour le morceau La Question, qui est le résumé de toute ma vie sentimentale. Je tire enfin une petite fierté de Doigts, qui reste ma toute dernière composition. Je suis moi-même étonnée par la qualité mélodique de cette petite chanson. (Sourire.) J’aime autant les petites chansons que les grandes chansons à partir du moment où la magie opère.
Et Si Je M'En Vais Avant Toi (1972) Malgré l’échec de La Question – j’ai toujours préféré enregistrer des bons albums qui ne marchent pas que de mauvais disques qui cartonnent –, j’avais un peu changé de statut, en m’élevant au-dessus de la variété dans laquelle j’étais alors confinée. Dans la mesure du possible, j’essaie, à chaque fois, de sortir des albums qui se suivent et qui ne se ressemblent pas trop. Contrairement à mon habitude, j’avais envie d’enregistrer des chansons sur un ton légèrement humoristique et des rythmes plus entraînants. Mon éditeur anglais, Noel Rodgers, m’a présenté Tony Cox, puis nous avons enregistré dans un petit studio à Londres. C’est la première fois où je me suis retrouvé aux côtés d’un arrangeur qui n’avait rien écrit d’autre que les grilles d’accords. Les musiciens devaient tout composer en studio. Comme je finançais entièrement l’enregistrement, j’avais peur que le budget ne s’envole… (Rires.) Les premières séances m’ont inquiété, car il ne se passait rien pendant des heures, avant d’être transportée par une mélodie… Il y a une chanson que j’aime particulièrement, qui s’intitule Où Est-Il, où les guitares ne font pas dans la demi-mesure. (Sourire.) Au final, je suis aussi fière de cet album-là que de La Question.
Entr’acte (1974) L’idée de cet album vaguement concept était inspirée par ma vie personnelle. Ça raconte l’histoire d’une femme seule et donc obligée de se retrouver avec d’autres hommes que celui avec lequel elle avait envie d’être. Un jour, par dépit, elle décide de vivre une aventure pour contrebalancer un peu l’attitude de l’homme aimé. (Sourire.) L’album narre ainsi leur rencontre. Je me retrouve pleinement dans la chanson du dîner, Et Voilà : “Et voilà qu’il parle de lui/Comme s’il devait plaider sa cause/On dirait qu’il se justifie/Et moi je pense à autre chose”. J’y chante aussi : “Johnny Walker est dans nos verres et voudrait bien nous rapprocher/Johnny Walker est dans mon verre et j’ai envie d’être embrassée…” J’avais écrit ces paroles dans le but de tourmenter Jacques, mais je crains qu’il ne les ait probablement jamais écoutées. (Sourire.)
Décalages (1988) La promotion était devenue tellement éprouvante – ça l’est toujours, d’ailleurs, même si je passe là un moment plaisant – que j’avais décidé d’arrêter après la sortie de Décalages. À l’époque, j’envisageais de pouvoir continuer en écrivant pour d’autres. J’étais très triste de devoir prendre une telle décision parce que j’adore être en studio. J’ai un grand regret puisque l’album devait être produit par David Richards, qui avait notamment collaboré avec Iggy Pop et David Bowie, mais il n’était pas disponible avant quelques mois. Virgin, ma maison de disques, a exercé une telle pression que je n’ai pas pu l’attendre. Pourtant, avec David Richards, le disque aurait été mille fois mieux. C’est un regret éternel. Gabriel Yared, avec qui j’avais notamment fait Quelqu’Un Qui S’En Va (1982), m’a donc suggéré le nom de Steven Short. En pleine mode synthétique, je lui ai dit que je rêvais plutôt d’un album acoustique. Or, le premier jour de studio, je découvre un énorme clavier… (Rires.) C’est pourquoi la lourdeur de l’orchestration confère un caractère particulièrement daté à l’ensemble. Le duo avec Jacques Dutronc, Partir Quand Même, s’est immédiatement imposé comme le single, mais j’ai été épouvantée en l’entendant, par hasard, à la radio alors que le disque n’était même pas achevé. Fort heureusement, Dominique Blanc-Francard nous a sauvé la mise en acceptant de refaire le mixage de l’album. C’est quelqu’un qui a énormément de patience, d’humour et de compétence. Pour moi qui doute toujours, il m’est d’un très grand soutien. Depuis Décalages, je fais appel à lui à chaque fois que c’est possible, comme sur La Pluie Sans Parapluie.
Le Danger (1996) À la Closerie des Lilas, j’avais été invitée à un dîner organisé par Étienne Daho et Fabrice Nataf, alors patron des disques Vogue. Je me doutais bien qu’il y avait anguille sous roche et au moment du dessert, Fabrice m’a demandé pourquoi je ne souhaitais plus enregistrer. Je lui explique donc que la promotion est une épreuve sans nom et que je ne suis pas une artiste de scène. Et il a cette réponse historique : “Je vous signe même sans promotion. L’important n’est pas de vendre des disques, mais que les chansons existent”. On a donc commencé à parler d’un album éventuel, mais il ne me proposait que des noms connus comme Laurent Voulzy. Moi, j’avais seulement envie de travailler avec Rodolphe Burger, dont je suis une fan de la première heure depuis Kat Onoma, et Alain Lubrano, que personne ne connaissait à l’époque et qui avait été assistant sur Décalages (1988). Finalement, je n’ai pas signé avec Fabrice Nataf, mais avec Emmanuel de Buretel chez Virgin. Car j’avais enfin décidé de faire les choses de manière contractuelle, en travaillant avec Voyez Mon Agent (VMA), que Jacques a débaptisé Volez Mon Argent. (Rires.) Avec le recul et grâce à mon fils Thomas, j’ai pris conscience que ma voix était peut-être trop noyée sur Le Danger, ne serait-ce que pour la compréhension des paroles. J’adore les boucles hypnotiques composées par Rodolphe. D’ailleurs, j’ai écrit mes trois meilleurs textes sur ses compositions : La Beauté Du Diable, Dix Heures En Été et surtout Contre-Jour.
La Pluie Sans Parapluie (2010) La Pluie Sans Parapluie fait suite à Parenthèses (2006), un disque de duos qui m’a valu quelques grands moments. Récemment, j’ai dû répondre au questionnaire de Proust. À la question de mon meilleur souvenir professionnel, j’ai répondu la reprise de Charles Trenet, Que Reste-T-Il De Nos Amours?, interprétée avec Alain Bashung. J’étais évidemment tétanisée le jour de l’enregistrement. Chanter m’est souvent difficile, mais tout a coulé de source pour une fois. Je n’ai jamais eu une seule idée directrice pour un album. Pour celui-ci, comme pour les précédents, j’ai donc cherché les meilleurs mélodistes possibles. Car j’ai toujours attaché une importance primordiale à la mélodie – le texte est secondaire et doit être au service de la mélodie. Selon moi, un disque vaut par la qualité des chansons qui s’y trouvent, et non par un quelconque concept. Parmi les nouveaux collaborateurs, figure Jean-Louis Murat, qui est arrivé là un peu par hasard. En effet, j’avais quasiment terminé l’album – il ne restait plus que quelques mixages – lorsque j’ai reçu un mail de Marie Audigier, la manageuse de Murat, m’informant qu’il avait écrit plusieurs titres pour moi. J’étais à la fois étonnée et très flattée. Car certaines difficultés de réalisation étaient telles que j’ai régulièrement fantasmé d’enregistrer un album avec Jean-Louis Murat, dont les réalisations me paraissent toujours d’une perfection absolue et dont je suis attentivement la carrière depuis Mustango (1999). À l’écoute des démos, j’ai immédiatement accroché à Memory Divine, un morceau en anglais. De nature obsessionnelle, je n’écoutais alors plus que cette chanson. Je l’ai donc faite entendre à qui de droit chez Virgin et nous l’avons enregistrée la première semaine de janvier aux studios du Palais des congrès, alors qu’il neigeait sur Paris. Je ne pouvais décemment pas attendre de sortir un autre album – Dieu seul sait si et quand ça arrivera… – pour chanter Memory Divine. La Pluie Sans Parapluie, mon dernier album ? C’est la grande question… Franck Vergeade
"et les bruits de bouche inventifs de Tuca !" No comment !
Lil' Bear Fanissime
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(#) Sujet: Re: 8 avril 2010 - magicrpm.com Mar 13 Avr 2010 - 13:09
Claude, mon cher Claude, ce que raconte Françoise sur la façon dont elle enregistra La Question ne t'interpelle même pas? Moi si...
Il faut admettre qu'à moins d'être, d'une façon ou d'une autre, dans le métier, nous n'avons aucune idée de la façon dont se font des albums - c'est en tout cas le cas du doux rêveur que je suis - et il m'a bien semblé comprendre que la façon dont Françoise a collaboré avec Tuca est la façon dont elle aurait aimé, et dont il faudrait, collaborer avec d'autres producteurs. Quand bien même je lui interdirais, à Françoise, d'effacer l'existence de ses six premiers albums (diantre, cette réédition des albums Vogue est inestimable pour moi), je peux comprendre qu'elle se soit sentie frustrée d'avoir si peu de contrôle sur la façon de mener sa carrière artistique...
Alexandre Modérateur
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(#) Sujet: Re: 8 avril 2010 - magicrpm.com Mar 13 Avr 2010 - 14:23
Une sélection d'albums est toujours suggestive. Si je devais en retenir 8 moi-même j'aurais retenu ni La question, ni Le danger et encore moins Entr'acte... Ce sont trois albums expérimentaux qui ont bien sûr des qualités sauf celle de fédérer un public de grande ampleur.
C'est vrai que les goûts du public ne sont pas ni un gage de qualité ni un gage de médiocrité mais je trouve que ce sont des consensus d'adhésion qui permettent d'identifier et de partager une admiration pour un artiste.
Bon alors pour ne pas vous frustrer, voici ma mienne de liste : - Mon amie la rose - Ma jeunesse fout l'camp - Comment te dire adieu - Soleil - Star - Décalages - Tant de belles choses - La pluie sans parapluie
Z'êtes contents hein !
claude Hypermordu
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(#) Sujet: Re: 8 avril 2010 - magicrpm.com Mer 14 Avr 2010 - 14:18
Il est difficile de ne pas adhérer, Alexandre. Mais j'en ai marre qu'elle dise que tout aurait été meilleur si elle s'était occupée de tout. Ayant à mes yeux conduit sa carrière en dilettante, j'imagine si elle avait été seule maîtresse à bord. Qu'elle ait eu envie de faire des expériences musicales en faisant travailler les copines, grand bien lui fasse, mais qu'elle cesse de nous dire qu'on est des cons parce qu'on n'aime pas ce qu'elle s'obstine à défendre becs et ongles. Mon goût n'est pas un gage de qualité, certes, mais il est aussi respectable que le sien.
MarcelPP Spécialiste
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(#) Sujet: Je ne suis que moi Jeu 15 Avr 2010 - 12:51
Et bien moi j'adore La question, Entr'acte et Le danger : ce sont les albums que je réécoute le plus volontiers : ils ont le mérite d'être atypiques, de toucher l'une de mes cordes sensibles (chez moi très sensible) et de vieillir merveilleusement bien!!!!! Dernières petites remarques en passant : Quand Claude va-t-il laisser en paix cette gentille Tuca ? Pourquoi Françoise Hardy ne pourrait-elle pas avoir ses albums préférés ? Un album (surtout ceux de F.H.) c'est magique : on y trouve ce que l'on veut y trouver...
PS : Cher Claude, je vous ai adressé un petit message amical dans la catégorie Jeux, sujet Avec des si... du 6 mars 2010 : l'avez-vous lu ?
Alain Maître des dés
Nombre de messages : 484 Age : 44 Localisation : Paris Date d'inscription : 07/08/2007
(#) Sujet: Re: 8 avril 2010 - magicrpm.com Jeu 15 Avr 2010 - 14:22
Je suis bien d'accord sur le fait que la diversité des oeuvres de Françoise Hardy incite ses admirateurs à l'apprécier pour des raisons multiples.
Chacun a ses préférences et Françoise Hardy a légitimement également le droit de préférer certains opus de sa carrière et d'en villepender d'autres.
Néanmoins de mon point du vue, je trouve que certaines appréciations de Françoise Hardy sur son parcours discographique relèvent parfois du snobisme et peuvent même faire croire parfois à du mépris. Penser que ses propres goûts doivent systématiquement servir de valeur étalon et être partagés relève d'une grande prétention intolérante. Personne à mon avis n'a le monopole du bon goût. Personne n'a le droit de prétendre que les seules oeuvres à retenir sont celles de tel ou tel album. Si Françoise n'avait pas fait ce chemin discographique complet, elle aurait été une autre. Sa carrière n'aurait pas eu le même écho. Chaque oeuvre du passé influe sur les suivantes.
Ces querelles de chapelle sont épuisantes et d'autant plus contrariantes que Françoise Hardy semble inconsciemment revendiquer le droit de décréter ce qui est digne d'être apprécié dans sa carrière au point de refuser que certaines chansons soient aimées du public. Elle s'oppose aussi régulièrement à la réédition de certaines chansons. On peut voir ça comme une exigence extrême mais aussi comme une attitude qui s'apparente à une sorte de mépris du public.
Personnellement je n'aime pas du tout l'album Le Danger pourtant vénéré par un partie des fans mais je n'en fais pas toute une histoire. A un moment de sa carrière, Françoise a éprouvé le besoin de faire cette expérience. Sans elle, on n'aurait certainement pas eu le plaisir de retrouver sa voix gravée sur disque. C'était un cheminement obligatoire pour y parvenir. Cela étant, je peux tout aussi bien comprendre que certains admirent particulièrement cette oeuvre, tous les goûts étant dans la nature. Il suffit d'être tolérant et d'admettre l'évidence que rien n'est uniforme au niveau des goûts et des couleurs.
Je ne reprocherai jamais à personne d'avoir certaines préférences mais je serai toujours en bisbille avec ceux qui pensent être les détenteurs de vérité sur des oeuvres qui relèvent plus de la subjectivité d'un ressenti émotionnel qu'à un fait irréfutable.
Alors, Claude et Marcel, partagez cordialement votre passion commune pour Françoise Hardy et ne vous laissez pas attirés par les pièges de l'idolatrie ou de la "contre-idolatrie". C'est un combat inutile qui ne peut faire que des perdants...
Sinon, en relisant l'article, je ne suis pas sûr que ce soit Françoise qui ait choisi les huit albums à commenter. C'est peut-être simplement le journaliste qui a estimé que c'était les huit albums phares de son parcours. Il n'était bien sûr pas possible de passer en revue tous les albums. Ceux retenus marquent tous à leur façon un moment d'évolution important de la carrière de Francoise : - Tous Les Garçons Et Les Filles (1962) --> les débuts - Comment Te Dire Adieu (1968) --> l'arrêt de la scène - La Question (1971) --> l'expérience brésilienne - Et Si Je M'En Vais Avant Toi (1972) --> l'expérience rock - Entr’acte (1974) --> la revanche sur une infidélité - Décalages (1988) --> la fin présumée d'une carrière - Le Danger (1996) --> le come back - La Pluie Sans Parapluie (2010) --> l'album en "promotion"
Lil' Bear Fanissime
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(#) Sujet: Re: 8 avril 2010 - magicrpm.com Jeu 15 Avr 2010 - 15:20
Sans vouloir le moins du monde polémiquer, je ne suis pas d'accord avec Claude ni Alain. Je ne trouve pas que Françoise, en exprimant des goûts tranchés, méprise une partie de son public, ni ne traîte qui que ce soit de con. J'en témoigne: j'adore ses albums sixties et ne me sens pas insulté par ce qu'elle en dit. Elle irait même jusqu'à dire qu'il faut être bêta pour aimer "Tous les garçons et les filles" ou autre, que cela me ferait encore sourire. On a le droit d'être en désaccord avec elle sans se sentir offensé. Finalement, il n'appartient qu'à soi de prendre du recul, tout en sachant que les goûts ne sont pas immuables*.
*En tout cas chez moi, excusez-moi, ils évoluent constamment... [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Alain Maître des dés
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(#) Sujet: Re: 8 avril 2010 - magicrpm.com Jeu 15 Avr 2010 - 16:18
A titre d'exemple parmi d'autres, voici un extrait de la bio en ligne (année 1991) où on peut apprécier les commentaires de Françoise sur les personnes qui aiment sa chanson "fétiche"...
"Le 21 juin, Françoise Hardy est reçue sur le plateau de Jean-Luc Delarue. Sa chanson Tous les garçons et les filles figure en bonne position dans un sondage sur les chansons françaises de tous les temps. Elle se montre peu amène, refuse de chanter la chanson et met l'animateur mal à l'aise. Jean-Luc Delarue : "La chanson a été retenue 14ème chanson de tous les temps par le jury." Françoise Hardy : "Ouais. Ben, c'est extrêmement frustrant pour moi parce que je considère évidemment que c'est loin loin loin d'être ma meilleure chanson (…) Cette chanson là elle me sort par les oreilles ! J'aurais pas dû venir même." Jean-Luc Delarue : "Ca ne vous embête pas de choquer les personnes qui ont aimé cette chanson en disant que vous vous ne l'aimez pas ?" Françoise Hardy : "Mais c'est pas moi qui les choque, c'est eux qui me choquent. J'suis un petit peu... pas déçue c'est pas le mot... mais je regrette qu'ils ne connaissent pas mieux en ce qui me concerne."
Lil' Bear Fanissime
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(#) Sujet: Re: 8 avril 2010 - magicrpm.com Jeu 15 Avr 2010 - 16:46
Oui, j'avais lu ça, Alain, et bien ça ne me choque pas, je comprends son point de vue, elle s'en explique très bien ("extrêmement frustrant..."). Je me suis simplement demandé, en lisant ça, pourquoi elle était venue dans cette émission, puisqu'elle ne pouvait s'attendre qu'au pire (je ne me souviens pas qu'une autre de ses chansons ait figuré dans ce concours - peut-être "Message personnel"?). A mon sens, elle ne fait que répondre à Jean-Luc Delarue et son côté Druckerien "vous n'avez pas peur de choquer les personnes qui aiment cette chanson?", le type-même de la démagogie du consensus mou. Et il n'y a pas de mépris lorsqu'elle dit "je regrette qu'ils ne me connaissent pas mieux...". Elle expose exactement son point de vue à elle, le fait qu'il existe un décalage entre ce qu'elle est, la façon dont elle voit les choses, et la façon dont on peut la percevoir, et la façon dont une chanson qu'elle a enregistrée peut conduire à la percevoir. Ceci est vrai pour beaucoup d'artistes, je pense. Mets-toi à sa place: elle estime que cette chanson est une de ses moins bonnes, et elle se retrouve 14ème d'un Hit-Parade des plus grandes chansons françaises de tous les temps ou je ne sais quoi... Comment veux-tu qu'elle réagisse? Le pire serait qu'elle dise: "comme le public aime cette chanson, par respect pour lui, je vais la chanter ce soir". Dieu merci, Françoise Hardy est Françoise Hardy.
Jérôme Administrateur
Nombre de messages : 9970 Age : 61 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/08/2007
(#) Sujet: Re: 8 avril 2010 - magicrpm.com Jeu 15 Avr 2010 - 20:15
Il paraît que toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à dire mais Françoise n'a jamais su être dans l'autocensure, la diplomatie et le tact. C'est à mon avis ce qui provoque tous ces malentendus quand elle "juge" ses chansons et ses disques.
Mais bon c'est comme ça et il faut bien s'y faire. C'est pas demain qu'on aura en CD Poisson, Nuit d'été, Des bottes rouges de Russie etc... puisqu'elle ne veut pas ! On peut aussi par certains côtés admirer cette intransigeance puisqu'en "censurant" son répertoire, elle se prive finalement de royalties qui pourraient être vite gagnées !
Mais en même temps quand des chansons sont sorties en 45 tours par le passé, pourquoi empêcher ses admirateurs de découvrir aussi les oeuvres de moins bonne qualité ? C'est intéressant de pouvoir connaître les "creux" et les "hauts" d'une discographie, non ?
Pour en revenir à l'article, il a le mérite de laisser Françoise s'exprimer en toute liberté sur huit albums et c'est une bonne façon de retracer rapidement sa carrière. Mais ce serait profondément triste si elle avait le pouvoir d'être exaucée quand elle dit en parlant de l'intégralité de la période Vogue : "J’aimerais tellement que tous ces disques soient effacés à tout jamais". Je reste d'ailleurs persuadé qu'elle ne pense pas vraiment ce qu'elle dit. Il s'agit plus d'une boutade de Diva... Ce n'est que mon avis et fol est qui s'y fit !
claude Hypermordu
Nombre de messages : 1057 Age : 76 Localisation : Paris Date d'inscription : 20/08/2007
(#) Sujet: Re: 8 avril 2010 - magicrpm.com Ven 16 Avr 2010 - 13:03
Mais voilà l'explication que j'attendais Jérôme, c'est une boutade ! Me voilà rassuré, je ne suis donc pas l'incurable imbécile que je craignais d'être à aimer les chansons qui ne sont pas "elle" même si elle les a écrites ou / et interprétées. Elle en a d'autres des boutades dans le même genre ? Elle va finir par me faire mourir de rire avec cet humour potache et primesautier.
Je le dis avec tout le sérieux qui convient : jamais plus je ne lirai ou écouterai une interview qu'elle accordera.
Alexandre Modérateur
Nombre de messages : 3574 Age : 51 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/08/2007
(#) Sujet: Re: 8 avril 2010 - magicrpm.com Ven 16 Avr 2010 - 15:28
Ah ben dites moi ! J'ai raté une bonne partie de ping pong et j'arrive après la bataille.
En tous cas, ces échanges m'ont beaucoup fait rigoler.
Ce que je regrette finalement c'est qu'à cause de cet esprit hypersélectif, Françoise ne nous permettra jamais d'acheter une véritable intégrale en toutes les langues. Moi ça m'enchanterait mais une intégrale façon Françoise ça risque de signifier une longue box 4 CD au grand maximum avec dedans la longbox de 2003 et en bonus quelques titres de Tant de belles choses et de La pluie sans parapluie !