Françoise Hardy du côté de chez Fred (3ème partie)

Le 27 janvier 1989, Françoise Hardy était reçue par Frédéric Mitterrand dans l'émission de télévision Du côté de chez Fred.

Frédéric Mitterrand : "Tout à l'heure je relisais des textes de vos chansons, j'étais vraiment très très frappé par la qualité littéraire des textes. Ca, ça vient d'où à votre avis Françoise ?"

Françoise Hardy : "Enfin la qualité littéraire c'est peut-être un bien grand mot. Je pense, là pour répondre à votre question précédente, je pense quand même que les textes que je fais depuis quelques années sont de meilleure qualité je dirais que ceux que je faisais tout au début, qui étaient vraiment très très primaires. Le fait d'être précise, je crois, je sais pas, que c'est un trait de caractère. J'aime pas utiliser un mot pour un autre. C'est d'ailleurs pour ça que je me sens pas très bien dans une émission comme celle-ci parce que je sais à quel point un mot peut être mal compris . Je suis très sensibilisée au problème qui peut venir de malentendu du fait qu'on utilise les mêmes mots mais on ne les comprend pas de la même façon. Alors bon, pour moi, c'est très important qu'on se méprenne pas sur mes intentions, sur ce que je pense profondément, sur ce que j'ai envie de dire quand ça m'arrive. Et, la chanson c'est pareil. De toute façon la chanson, je le dis souvent, c'est l'art de la réduction. C'est essayer de dire les choses les plus importantes, les plus essentielles pas en elles-mêmes mais par rapport à ce qu'on a envie d'exprimer, donc de la façon la plus efficace qui soit, la plus frappante qui soit ."

Mais moi c'est exactement ce que je lui reproche : elle est passée de la spontanéité à l'attitude recherchée.
C'est la différence qu'on peut faire entre Brel (ou Barbara) à l'écriture immédiate, directe et Brassens à l'écriture sans cesse remise sur le métier.
Brassens c'est beau, c'est ciselé.........mais c'est froid ! Brel tout en étant efficace, est juste, humain. Barbara, elle, est tout en émotion immédiate.
Perso, un Brassens ne m'a jamais fait frissonner, en revanche j'adore rechercher dans ses textes comment il fait exploser les expressions toutes faites (exemple : mon chemin de petit bonhomme, j'ai l'honneur de ne pas te demander ta main...)
Plus me plaît la faute de français de "C'est à l'amour auquel je pense" que le texte recherché de "Tant de belles choses".
Néanmoins, comme dit le "beau" Fred, elle a un certain talent d'écrivain, mais je donnerais tous les "Désespoir des singes" pour un seul "C'est à l"'amour...".

Pour te plaire, Claude, je te réponds sans réfléchir et tu me diras si mon style direct te plait davantage que mon style réfléchi de d'habitude

J'suis d'accord pour dire que les belles choses (en chanson) vont droit au coeur quand elles sont légèrement polies mais qu'il reste certaines aspérités. C'est bien connu que la perfection ne touche pas. Elle peut même être ressentie comme une agression froide et implacable. A côté de la perfection on se sent toujours si imparfait, si médiocre, si nul, si attiré par ce qu'on pourrait appeler le "complexe à la Françoise"...

Néanmoins, je ne pense pas qu'une femme de l'âge de Françoise me toucherait si elle s'exprimait comme des gamines à coup de "j'kiffe grave ce mec". Le langage un brin cultivé m'émeut davantage.

Je suis très allergique contrairement à toi aux fautes de français criantes. Quand la syntaxe et l'orthographe sont trop chahutées, je ne comprends plus rien et je me ferme.

C'est grave docteur Claude ?

Les erreurs de syntaxe moi aussi me hérissent le poil (chacun ses manies !). C'est moins criant toutefois dans une chanson que sur le papier.
Jérôme, tu m'as fait beaucoup rire; j'imagine FH chanter "j'kiffe grave ce mec". Trop drôle comme diraient les djeunes . Indépendamment de son âge, elle est 'trop' classe et cultivée pour cela. Ouf pour nous et le plaisir de paroles qui ont un sens, une certaine poésie, même si on ne les partage pas toujours.

Françoise dit toujours que la chanson est l'art de la réduction et qu'elle apprécie la précision. C'est assez frappant comme à l'oral, elle a beaucoup de mal à s'exprimer en ligne droite. Elle ouvre toujours parenthèse sur parenthèse si bien qu'au bout d'un moment on n'y comprend plus que couic.

Je ne peux qu'adhérer à tes propos Alexandre ! En lisant des transcriptions de ses interviews, on se demande comment elle peut se faire autant de "noeuds au cerveau" et la définition d'abscons devient limpide
Maintenant il m'arrive aussi de réfléchir tout haut en répondant à une question. Je me suis demandé si c'était tout aussi inintelligible d'un point de vue restitution, au point où l'intervieweur ne sait même plus ce qu'il avait demandé

Arrêtez vos verges (je parle des fins bâtons de bois) je me sens assez châtié comme ça.
Quand je parle de spontanéité, je ne voulais pas dire qu'elle devrait écrire comme elle parle mais éviter les emberlificotements et je préfère à tout jamais "Je t'aime" à "Va, je ne te hais point" ou, si vous préférez, "J'te kiffe grave" à "Dégage, tu me gonfles pas à donf, genre !"..
Quant aux parenthèses de la miss, il est évident que ses phrases sont de vraies poupées gigognes : tu en commences une qui en contient une autre qui elle même en recèle une troisième.

Et si Françoise chantait "Mon mec à moi" de Patricia Kass ?