Françoise Hardy dans Elle en janvier 2007 (2ème extrait)

En janvier 2007, Françoise Hardy se confiait à Antoine Silber pour le magazine Elle à l'occasion de la sortie de Parenthèses.

Je sors faire les courses à 8 h 45, parce qu'il n'y a personne. Je rentre. J'épluche les légumes. En écoutant Morandini sur Europe ou "Le Fou du roi" sur France Inter.

Nous déjeunons tôt, comme ça je dispose d'une longue plage de temps l'après-midi pour travailler. Je ne suis pas fâchée de n'avoir fait ce métier qu'à moitié parce que, du coup, j'ai pu faire autre chose. L'astrologie, par exemple. En ce moment, je travaille là-dessus, ça me prend un temps fou...

J'ai arrêté la scène en 1968. Un peu après avoir rencontré Jacques. Je n'aimais pas les tournées, partir. Et j'avais une émotivité excessive.

Ma voix est très limitée, elle ne répond pas tout le temps. Fin décembre, j'ai été invitée à la finale de la "Star Academy" sur TF1. J'ai chanté en play-back, mais ça n'empêche pas le trac. Après, en rentrant, j'étais mal. Je me disais : "Ce n'était pas bon." J'avais un message d'un ami sur mon répondeur : "Martha t'a trouvée très bien." Il avait passé la soirée à regarder la "Star Ac'" avec Martha Argerich qui est quand même la plus grande pianiste du monde !

C'est Hélène Grimaud qui devait être contente d'apprendre que Françoise considère Martha Argerich comme étant la plus grande pianiste du monde !
Ceci dit, je pense effectivement que Martha est meilleure qu'Hélène, à mon avis. Qu'en penses-tu, mister Jérôme ?

Totalement subjectif. A partir d'un certain niveau, bien sûr.
Et que dire de :Nelson Freire, Radu Lupu, Murray Perrahia, Alfred Brendel, Ivo Pogorelich, ...
Ah, excusez-moi, c'est réservé aux dames : bon mettons-y encore Maria Joao Pires
Et moi, j'ajoute en plus Madeleine LIOUX ( seconde épouse de Malraux et sa troisième compagne ) qui a 98 ans joue encore en public et a beaucoup fait pour mettre en lumière le compositeur Eric Satie. ( ps , c'est parce que j'aime beaucoup cette grande dame )

www.madeleinemalraux.fr/

Excuse-moi Zorba, j'avais oublié que c'est à Jérôme que la question s'adressait
Bon, je laisse quand-même ma réponse

Pardon, Luc, je ne savais pas que tu étais, aussi, un pianiste émérite !
Ceci-dit je ne connais pas la moindre note de tous les pianistes que tu cites.
Aussi, je fonce sur YouTube parfaire mon solfège...

Merci Luc pour l'info concernant Madeleine LIOUX car je suis un fan de Satie depuis le jour où je suis tombé par hasard sur une de ses gnossiennes, je trouve ce compositeur très à part ( d'ailleurs il est mort "un peu fou " ) mais très troublant

Zorba, non, c'est ma femme qui joue du piano. Moi, c'est du chapeau.
Y en a qui jouent, d'autres qui écoutent. Faut les deux, sinon, que ferait la pauvre Françoise : chanter sous la douche !!!

Satie a composé une dizaine de morceaux qui confinent au sublime. Pour le reste, il y a beaucoup de choses réservées disons à des "connaisseurs". Mais on s'écarte du sujet ...

Finalement elle préfère parfois parler simplement de son quotidien plutôt que de répondre pour la 500 ème fois à la même question idiote que lui posent les journalistes en manque d'originalité ( par exemple : quand allez vous remonter sur scène? ) alors qu'elle a arrêté la scène en 1968, vous la voyez remonter sur scène à presque 68 ans après un arrêt de 43 ans !!!!!!

luc a écrit:

Elle aurait même pu dans la foulée nous dire avec quoi elle assaisonne ses légumes...

Attendons un peu, Luc !
La réponse est peut-être dans la suite de ce passionnant article du magazine auquel ta femme est sûrerment abonnée...

Comme Françoise le dit dans l'article, elle a exercé son métier "à moitié".
Une des conséquences de ce choix se traduit par un manque de confiance en soi notamment dans ses prestations chantées en public, fussent-elles en playback. Ce point est touchant par sa traduction d'une envie de perfection au delà de la contrainte scénique. On pourrait éventuellement interpréter cette attitude comme de la fausse modestie mais ce n'est tellement pas le genre de Françoise que ce ne peut pas être le cas.

Françoise même si elle peut éventuellement être consciente de son statut d'icône ou de star n'en a jamais endossé l'image. Elle parle de son quotidien non pas pour casser le mythe qui a ses yeux n'existe pas mais simplement parce qu'elle se sent comme tout un chacun, ni plus ni moins accessible que quelqu'un d'autre de moins connu. L'effet produit en revanche lui échappe et n'est pas forcément celui escompté. A force de ne pas revendiquer de côté glamour, elle finira peut-être par éteindre la magie que sa voix chantée a créé. Personnellement, je ne fais plus trop attention à cette attitude qui me renvoie une femme trop éloignée de l'artiste que j'ai gardé en tête afin justement de préserver la magie d'une voix si rare, si délicate et si à même à transmettre l'émotion.

Quant à ses goûts en matière de pianistes émérites ce sont les siens. Martha Argerich est une grande artiste suffisamment sublime pour inspirer un enthousiasme aussi fort et Françoise a tout à fait le droit de l'inscrire à son Panthéon personnel.

Etrangement, il se trouve que je viens de me procurer des enregistrements de Martha Argerich et d'Hélène Grimaud... Je me garderai de les comparer, d'abord parce que je ne les ai pas encore écoutées, et ensuite parce que les œuvres qu'elles interprètent ne sont pas du tout les mêmes. C'est plutôt la musique des compositeurs que je vais apprécier en priorité, ensuite bien sûr le jeu de l'interprète entrera aussi dans l'appréciation mais seulement en second. Mes références en la matière restent assez anciennes avec notamment Arthur Rubinstein et Samson François.

Derniers concerts de ces Messieurs : Rubinstein en 1976 et Samson en 1970 !!
Et bien, il était temps de te recycler ou si tu préfères de te remettre au goût du jour ( qui n'est pas nécessairement meilleur !) en cette "matière".

Moi ce que je retiens c'est que Martha Argerich regarde la Star Academy et ça, ça m'en bouche un coin !

Et aussi qu'une icône de la chanson, ça épluche des légumes en écoutant Morandini.