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(#) Sujet: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Mar 20 Mar 2012 - 20:35
En 1994, François Jouffa publiait le livre Vinyl Fraise dans lequel il passait en revue les années 60. Découvrons sa présentation de Françoise Hardy
Un an plus tard [mars 1961], Françoise lit une petite annonce dans France Soir : on auditionne de nouveaux talents chez Pathé Marconi. Aux studios de Boulogne de cette firme, elle interprète quelques couplets de Tous les garçons et les filles qui n'intéressent pas le directeur artistique. Obstinée, en mai 61, elle se rend chez Vogue, mais ne parvient toujours pas à enregistrer sa chanson. On lui conseille d'apprendre le solfège et de revenir plus tard. Elle s'y décide en octobre. En février 1962, chantant enfin en mesure, elle prépare son disque chez Vogue, et quatre titres sont enregistrés au mois d'avril, pendant qu'Anne Sylvestre obtient le Prix de l'Académie de la Chanson française. Françoise Hardy va être rapidement encensée par la presse adulte, ne serait-ce que par ce qu'elle va à contre-courant de la vogue twist. C'est une étudiante de 18 ans, qui vit avec sa maman et sa grande sœur. Elle fréquente la faculté et a très peur des garçons.
La douce et timide Françoise avoue : "La première fois que je suis sortie, j'étais en Sorbonne. Je fréquentais le Petit Conservatoire de Mireille. J'ai eu envie de faire un disque. J'ai appelé toutes les maisons ; mais on me reprochait toujours de ressembler à Marie-Josée Neuville, parce que je chantais avec ma guitare. J'écrivais tous les jours une chanson : elles étaient épouvantables. Un directeur artistique m'a rappelée au moment où je partais, m'a fait écouter ma voix qu'il venait d'enregistrer, et qui ne passait pas si mal. II m'a fait apprendre 24 000 baisers. Je ne savais pas chanter en mesure. L'accordéoniste Aimable, pour m'aider, a tenté de m’accompagner avec son piano à bretelles pour que j'arrive à chanter à peu près correctement. Le directeur artistique m'a dit que le rock and roll était très aléatoire, et que je ferais mieux de poursuivre mes études."
Dernière édition par Jérôme le Sam 21 Avr 2012 - 8:16, édité 1 fois
Alexandre Modérateur
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Jeu 22 Mar 2012 - 10:33
Françoise Hardy avait une soeur (Michèle) mais ce n'était pas son aînée mais sa cadette ! Décidément François Jouffa n'est pas étouffé par l'exactitude. Je ne comprends pas l'intérêt de donner plein de détails quand ils ne sont pas vérifiés. Du coup ça décrédibilise pas mal l'article.
On se souvient de l'extrait de son enregistrement chez Vogue, diffusé par Jean-Pierre Foucault lors d'un Sacré Soirée des années 80. La chanson était un inédit de Françoise qui s'appelait Ton regard est triste.... Je doute que ce soit vraiment Tous les garçons et les filles que Françoise Hardy chantait à ses premières auditions.
Mis à part ces réserves, c'est intéressant de constater que malgré toutes les lacunes qu'elle avait lors de ses auditions, Françoise Hardy s'est entêtée et a finalement eu gain de cause.
D'ailleurs le potentiel était probablement facilement visible pour qu'Aimable ait eu envie d'aider Françoise en l'accompagnant à l'accordéon.
Marie-Josée Neuville a complètement disparu de la mémoire collective mais avait eu un succès retentissant dans la seconde moitié des années 50 avec notamment John(n)y Boy (orthographié avec un seul "n" sur la pochette du 45 tours de l'époque). Pour autant, on ne peut pas dire que son style ressemblait beaucoup à celui de Françoise ! Marie-Josée chantait des histoires plus ou moins impertinentes voire osées (Le monsieur du métro, la nativité) mais ni sa voix ni ses mélodies n'étaient aussi recherchées. C'était surtout le texte son atout majeur. Petit, j'avais retrouvé les 45 tours de ma mère et j'avais bien aimé.
Jérôme Administrateur
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Jeu 22 Mar 2012 - 19:51
Françoise Hardy et Marie-Josée Neuville ont tout de même quelques points communs. Elles ont été célèbres très jeunes et de façon très brutale, Marie-Josée par le scandale provoqué par la chanson "Le monsieur du métro" et Françoise Hardy par le succès immédiat de "Tous les garçons et les filles" après son passage télé judicieusement programmé.
Lors de l'engouement médiatique Marie-Josée Neuville avait 17 ans. Françoise connut le même destin à 18 ans. En revanche sur le plan de la durée, la carrière de Marie-Josée Neuville (en tant que chanteuse) n'aura duré qu'une petite dizaine d'années.
luc Fanissime
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Ven 23 Mar 2012 - 20:02
Texte très limite pour l'époque : cela ne m'étonne qu'elle ait fait scandale. Mélodie nulle, chanteuse nulle ( grand-pèèère par exemple ... )
Seconde chanson, elle parle même de "pipi " ....; finalement c'est peut-être Pierre Perret qui a composé le morceau. Mais j'aime bien le refrain : "on ne peut pas ".
MarcelPP Spécialiste
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Sam 24 Mar 2012 - 8:21
C'est plutôt bien sympathique, une sorte de Colette Renard des années soixante... Pourquoi nos amies devraient-elles toujours sentir la rose ? Et Brassens (qui n'était pas le chanteur du siècle) ? Et Juliette ? Et Trenet ? n'ont-ils pas commis également des refrains grivois, licencieux voire obscènes ? Quant à Pierre Perret, Luc , je te conseille de réviser ton jugement : c'est un très délicat poète...
Elma Critique du forum
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Dim 25 Mar 2012 - 12:09
Le directeur artistique de Pathé Marconi a du se mordre les doigts par la suite . Même si Vogue l'envoie momentanément vers le solfège, ils ont été plus clairvoyants sur ses capacités. Je ne sais pas si FH avait peur des garçons, mais elle a eu suffisamment de volonté et de courage pour "affronter" Mireille qui, tout en guidant judicieusement ses élèves, n’en avait pas moins une exigence à toute épreuve. Chapeau!
luc Fanissime
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Dim 25 Mar 2012 - 12:24
Oui, je reconnais que Perret est un poète très délicat, mais son "tout, tout, tout vous saurez tout sur le zizi" relève plus de la chanson grivoise chantée dans les fac. Je ne critique pas, je constate. Par contre, quand il chante "le bonheur c'est toujours pour demain" ou "Lili", il parvient au sublime et je pèse mes mots. Jeune, j'étais pas loin d'être roi des bleus : je connaissais mon "petit bitu" et "les fleurs du mâle" assez bien et je "guindaillais" à fond, chantant souvent seul le couplet que personne ne connaissait, et m'enfilant mes 20 chopes de Maes dans la soirée. Mais dans ce cas, une jeune fille de 17 ans et à cette époque ou Malraux ( qui jeune avait été un joyeux luron) était ministre de la culture et De Gaulle, président, cela ne m'étonne pas qu'elle ait fait scandale. Les textes de Françoise de cette époque sont à son opposé. Maintenant, je dois dire qu'à la seconde écoute, cela passe mieux ( surtout le second morceau). (;-o) PS :J'adore les morceaux grivois de Brel, Brassens, Gréco, Dutronc ( que tu as oublié de mentionner... lol - cacapoum) et Pérret ( surtout le tord-boyaux ) mais je n'aurais pas aimé que Françoise ne nous afflige de cela ( question d'image) ou alors dans certaines de ses compositions qu'elle fit chanter par d'autres ...
luc Fanissime
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Dim 25 Mar 2012 - 12:50
En fait, Marie-Josée Neuville ( pas très marketing comme nom de scène) est née en 1938 ! Elle avait l'obligation de porter des nattes en public par Pathé jusqu'en 1958 ! ( Françoise n'a pas eu cela dans son contrat ! ). Son succès fut en grande partie dû au scandale, mais elle fut vite ostracisée par la censure ( le comité d'écoute), ce qui augurait une fin de carrière rapide...
Alain Maître des dés
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Dim 1 Avr 2012 - 10:07
Je vous conseille de lire cet entretien http://pages.infinit.net/fortinph/mjneuville/Georges.html qui permet de comprendre "de l'intérieur" ce qu'a vécu Marie-Josée Neuville suite à son succès précoce. Ce qu'elle pense de sa carrière aujourd'hui est assez intéressant
Elma Critique du forum
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Dim 1 Avr 2012 - 12:18
Ce qui est intéressant dans cette interview, et qui pourrait tout aussi bien s'appliquer à Françoise Hardy à mon avis, ce sont ses réflexions à propos du succès : mon vrai problème, c’est que j’ai perçu tout de suite les inconvénients de la gloire précipitée. J’ai été obligée d’endosser une apparence, le costume d’une célébrité. Cela fait beaucoup pour de jeunes et "frêles" épaules de post adolescentes. Autre point commun, vis-à-vis de la scène : j’étais tellement paralysée de peur que je ne voulais pas savoir s’il y avait du monde dans la salle... En vérité, j’étais malade de passer sur scène... Outre son talent (que je ne dénie pas concernant Marie-Josée Neuville), FH était peut être plus caparaçonnée qu'elle n'en avait l'air, mine de rien, pour tenir la route
Alexandre Modérateur
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie) Dim 1 Avr 2012 - 16:06
Finalement Marie-Josée Neuville et Françoise Hardy avait beaucoup plus de points communs que je ne pensais.
Ce qui m'impressionne c'est surtout le décalage entre les textes des débuts de la jeune Marie-Josée et ceux des débuts de Françoise.
Marie-Josée avait un oeil plutôt aiguisé sur les travers du monde qui l'entourait alors que Françoise était centrée sur ses tourments amoureux. Marie-Josée avait une plume plutôt littéraire et recherchée alors que Françoise était plus dans la naîveté spontanée.
Pourtant toutes les deux étaient mortes de trac et avaient la particularité rare d'être auteur compositeur interprète.
Moi-même quand petit j'écoutais les disques de ma mère, j'adorais Marie-Josée Neuville parce qu'elle me racontait des histoires que j'aimais bien comme Johnny boy. J'avais du mal à comprendre toutes les paroles des "Petites pestes" mais en les relisant maintenant, je trouve que c'était vraiment très recherché et plutôt caustique et cynique pour une gamine de 17 ans !
Ça commence au jardin d'enfants Où d'innocentes benjamines Pour enquiquiner les copines Et se faire un brin chouchouter Offrent à la maîtresse des bouquets Des caramels ou des pralines On les retrouve à dix-huit ans Dans des bureaux impressionnants Où tout marche tambour battant On y reste obscur on végète Mais pour obtenir des galons Ces ineffables bergerettes Sont gentilles avec le patron Et les vieux qui nous aiment bien N'ont pas connu c'est évident Tous nos petits embêtements
Au seuil d'un capricieux printemps Un luxueux adolescent Nous fait deux sous de boniments On est prêt au saint sacrifice Mais la chèvre au coeur ambitieux Par on ne sait quel artifice Escamote votre amoureux Et c'est ainsi toute la vie Ces éternelles inassouvies Ces accapareuses de tendresse Sans vergogne et sans gentillesse Ecrasent les faibles et les gênants Ça commence au jardin d'enfants Et les vieux qui nous aiment bien Ont reconnu fort tristement C'était pareil de notre temps C'était pareil de notre temps
Bon sinon évidemment côté mélodie et voix y a pas photo.
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(#) Sujet: Re: Françoise Hardy par François Jouffa (2ème partie)