Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (3ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Une analyse crue qui n'exclut pas les souvenirs, plus ou moins bons. Ceux des fêtes de famille, lorsque Françoise et sa sœur économisaient sur l'argent du pain au chocolat de quatre heures afin d'offrir un petit cadeau à maman lorsqu'arrivait son anniversaire. Celui du jour aussi où sa mère lui avait offert une robe en vichy - parce qu'elle adorait Brigitte Bardot et punaisait des photos d'elle dans sa chambre : "Maman avait voulu me faire plaisir avec cette robe. Hélas : une fois enfilée, ce fut une catastrophe ! "

Souvenirs encore des baptêmes et des mariages de la "ribambelle de gosses" d'un ouvrier employé par sa mère. Depuis, jure-t-elle, elle a toutes ces fêtes-là en horreur ! Souvenirs aussi de scolarité chez les sœurs, période délicate pour une fillette solitaire : " J'étais tellement mal dans ma peau que je n'avais pas d'amie", se souvient la chanteuse. "Ma mère n'en avait d'ailleurs pas non plus. De plus, j'étais dans une école religieuse payante où la plupart des filles venaient d'un milieu aisé, alors que ma mère tirait le diable par la queue. C'était mon père, issu de la grande bourgeoisie, qui avait imposé cela, tout en payant mes études avec un retard considérable. Nous le voyions trois fois par an ; il me manifestait une grande affection et je l’idéalisais en conséquence, mais, arrivée à l'âge adulte, je me suis aperçue qu'il était au moins aussi névrosé que ma mère."

Citation :

mais, arrivée à l'âge adulte, je me suis aperçue qu'il était au moins aussi névrosé que ma mère.

En fait, en fin de vie il était tombé amoureux de jeunes hommes, était obsédé par le sexe et fut assassiné par l'un d'entre eux.

Le père de Françoise Hardy est devenu homosexuel sur le tard mais ce trait de personnalité me semble sans rapport avec la névrose évoquée par Françoise Hardy.

Même si je peux bien sûr me tromper, je pense que Françoise pense davantage au rapport particulièrement pathogène qu'il entretenait vis-vis de l'argent. Son avarice le conduisait à paupériser à l'extrême son train de vie alors qu'étant à l'abri du besoin, il aurait pu mener une vie tout à fait confortable, .

L'agression crapuleuse qui a conduit à son décès est quant à elle complètement hors sujet.

Ce qu'on retient quand même de ce témoignage est qu'elle a grandi dans des conditions très modestes, et n'a pas eu une enfance très épanouie. Ce que tous les connaisseurs savent, certes, mais pas forcément en détail (personnellement je n'ai lu aucune biographie très creusée). On ne devine (ou ne se rappelle) pas forcément cette origine modeste (voire cendrillonesque) par l'image médiatique de Françoise, ou des propos récents (dont on ne reparlera pas ) qui donnent l'impression d'une femme inconsciente de ses, euh... privilèges?

Quel étrange destin au fond !
D'un côté une famille très modeste, de l'autre une famille très bourgeoise où Françoise devait se faire plus que discrète... On serait perturbé à moins.
Grâce au succès, elle a pu prendre de la distance avec tout ça et tracer sa propre voie.