Françoise Hardy dans Elle en 1965 (6ème extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

J'ACCEPTE SOUVENT de faire des choses qui me déplaisent pour de l'argent et je le mets de côté : si un jour je n'ai plus de succès, j'aurai des terrains en Corse. C'est mon côté fourmi. Côté cigale : faire de temps en temps une descente chez un couturier et crac, m'offrir un coup de foudre à cinq zéros !

JE N'AI PAS LE SENS de la mesure. Ni en musique, ni en vrai. Mes chansons ne seront jamais "carrées". Mireille me le reprochait déjà quand j'allais au "Petit Conservatoire". Et ma vie risque de ne pas être un chef-d’œuvre d'équilibre. Vie privée contre métier, que choisir ? Ça dépend des fois. Tantôt je pars en tournée la mort dans l'âme en laissant derrière moi le garçon que j'aime. Tantôt je refuse en m'accusant d'inconscience professionnelle.

Je ne pensais pas que Françoise avait eu un côté cigale aussi prononcé mais il faut bien que jeunesse se passe.

J'aime beaucoup sa spontanéité lorsqu'elle évoque son côté cigale ! Elle a bien raison, il faut savoir se faire plaisir de temps en temps, même si toute le monde ne peut pas aligner autant de zéros qu'elle. Pour moi ce n'est pas une question d'âge mais d'équilibre et de soupape. On ne peut pas rester dans la restriction en permanence, on le voit bien en Europe en ce moment... Soit dit en passant, sur le côté fourmi, elle a eu de la chance de ne jamais se faire plastiquer en Corse...

J'apprécie également son côté "visionnaire" lorsqu'elle dit et illustre le fait que sa vie risque de ne pas être un chef-d’œuvre d'équilibre. On ne pourra pas lui reprocher d'avoir été lucide

Effectivement elle pressentait ce que serait sa vie......belle intuition qui s'est hélas réalisée.....mais si sa vie avait été un long fleuve tranquille combien de superbes chansons n'auraient jamais vu le jour ?????????