Barbara est magique. On croit connaître son répertoire puis on s'aventure quand même à redécouvrir des albums originaux, comme ça, par affection sans doute, et on tombe sur "Septembre (quel joli temps)" (c'est ce qui m'est arrivé il y a quelques années), chanson moins connue de son répertoire, mais qui nous donne, dès la première écoute, et je dirais même surtout dès la première écoute, des frissons d'émotion et de poésie comme seule la chanson française à l'ancienne peut nous en donner. C'est tellement intime, comme registre, qu'on ose à peine en parler. En cela, son univers se rapproche assez de ceux de Brel et Ferré qui, eux aussi, pouvaient offrir des enregistrements aussi intimes et bouleversants. Ce ne sont pas pour autant des modèles à suivre, parce qu'il est très, très difficile de sonner "juste" dans un tel registre.
Rendons-nous compte, quand même, que Barbara s'est imposée dans les années 60, la décennie qui vit exploser un tout autre monde: celui de la pop music (bien qu'en France ce fut toujours plus tardif) dont Françoise Hardy devenait une des incarnations françaises. Lorsqu'on s'attarde sur les meilleures ventes de disques des années 60 et 70, ce sont bien les vedettes de la pop qui font rage (exception faite d'Aznavour et Bécaud), et des artistes comme Barbara, Brassens, Brel ou Ferré, devenus des institutions aujourd'hui, naviguaient à contre-courant. Cela n'empêchait pas Barbara de dire qu'elle aimait Johnny Hallyday, ce qui est tout à son honneur.