Le disque et le livre s’appellent L’Amour fou.Le disque et le livre s’appellent L’Amour fou . C’est donc qu’il existe un amour raisonnable ?
«Non, l’amour fou, c’est ce qui qualifie le fait de tomber amoureux. Et ce que l’on éprouve à ce moment-là est totalement fou et irrationnel. Mais c’est vrai que parler d’amour fou, c’est presque un pléonasme. C’est de la folie d’être fasciné et obnubilé par quelqu’un au point de ne plus voir le reste du monde. On ne dépend plus que de l’autre, on est dans l’excès et l’irrationnel…»
Et l’amour sage ?
«Ah l’amour fou peut, ou non, se transformer en amour sage. Ça dépend des gens. Il y a un psy qui disait que le couple est un engrenage névrotique. Ça veut dire que l’on a une problématique affective ou sentimentale qui nous attire vers la personne qui va être complémentaire de notre névrose. C’est un procédé inconscient, bien sûr…»
Le personnage masculin de votre roman est assez névrosé, en effet…
«Il est la somme de plusieurs personnalités que j’ai connues, c’est un composite. J’ai été obligée de brouiller les pistes, parce que sinon, je savais que les gens diraient, c’est Jacques Dutronc. Et pas du tout. Enfin, c’est à la fois lui et pas lui. Ce personnage, c’est le profil masculin par lequel j’ai toujours été attirée : un caractère réservé, taciturne, ne s’exprimant pas beaucoup et ayant un ego pas si solide que ça…»
Votre roman est donc un journal intime ?
«C’est l’histoire à répétition que j’ai vécue quelquefois dans ma vie. Je n’ai pas eu 40 000 histoires, mais j’en ai eues. Deux ont été publiques, mais les quelques autres ne le sont pas. C’est d’ailleurs aussi cela qui a inspiré la majorité de mes textes de chansons.»
C’est donc un « message personnel » ?
«Je n’ai écrit que la partie parlée de cette chanson. Mais oui, cette partie illustre bien l’histoire qui est racontée dans le récit, qui est à la fois vécue et romancée…»
Votre album est assez calme et posé, mélodique et mélancolique…
«Je voulais des mélodies qui me touchent vraiment. Et il s’est trouvé que les chansons qui me plaisaient étaient toutes un peu sur le même rythme. J’ai essayé de trouver l’esprit que véhicule cette mélodie, et d’en tirer un texte qui la serve au mieux.»
Dans votre autobiographie, vous confessiez votre difficulté à enregistrer. C’était aussi difficile, cette fois ?
«Eh bien non, justement. J’ai souvent eu des problèmes quand le réalisateur ou le producteur du disque voulaient me faire chanter des chansons qui n’étaient pas dans mes cordes. Là, ça n’a pas été le cas, il n’y avait pas de difficulté particulière pour moi, notamment au plan rythmique. Et tout s’est passé dans un climat très harmonieux et bienveillant. Rarement un enregistrement s’est passé de façon aussi agréable pour moi. Ça restera un très bon souvenir.»
Et ça s’entend sur le disque ?
«Oui, je trouve. Je chante beaucoup mieux que d’habitude.»
Alors, vous pourriez presque les chanter sur scène ?
«Oh non, je ne fais pas ça, c’est carrément au-dessus de mes forces !»
Vous fêtez vos 50 ans de carrière. Vous comprenez la nostalgie qui existe autour des années soixante ?
«Ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse beaucoup, c’est un peu passéiste. Mais je comprends, oui. C’était une époque insouciante et heureuse, comparée à aujourd’hui. Et puis il y a eu tellement de bonnes chansons ! Des chansons que l’on pouvait siffler et chanter, avec de belles mélodies. Je trouve qu’il y a trop de chansons, désormais, sans véritable mélodie.»
Sans exception ?
«Si bien sûr. Calogero ou Julien Doré, qui ont participé à mon disque, sont des exceptions. Tout comme La Grande Sophie, ou Camille. Et mon fils Thomas…»
Si vous emménagez dans un nouvel appartement – elle vient de passer d’un triplex à un rez-de-jardin du XVIe arrondissement de Paris –, c’est que vous ne vous exilez pas ?
«Il n’en a jamais été question, pas une seconde. C’était une extrapolation, sans aucun fondement. Je ne souhaite plus en parler.»
> L’Amour fou ,
de Françoise Hardy. Livre édité par Albin-Michel, 192 pages. Prix : 16,50 €. L’Amour fou , disques Virgin/EMI.
Propos recueillis par Thierry MEISSIREL.
http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2012/12/23/le-disque-et-le-livre-s-appellent-l-amour-fou