En mai 1999, Françoise Hardy faisait le thème astrologique de Michel Houellebecq pour la revue
Astrologie Naturelle.
Françoise Hardy : Tout ce qui évoque de près ou de loin l’eugénisme provoque immédiatement une levée de boucliers. De plus, vous dénoncez la confusion fréquente entre liberté et imprévisibilité, ainsi que l’autoritarisme et la confusion qui ont entaché les notions de liberté, de dignité et de progrès, au point de les rendre inefficaces. Il y avait là de quoi vous mettre à dos une bonne partie de l’intelligentsia !
Michel Houellebecq : La liberté est l’un des grands thèmes de mon livre, un thème sur lequel j’ai beaucoup insisté mais que personne n’a relevé. Il y a cette scène où le personnage d’Annabelle devrait rejoindre celui de Michel qui vient d’enterrer sa grand-mère. Contre toute attente, elle n’y va pas. En cet instant-clé, déterminant pour la vie de chacun d’eux, elle fait l’expérience concrète de la liberté. C’est ainsi que je vois la liberté : un moment où on a le choix et où, en fin de compte, on ne choisit pas, on se laisse guider par quelque chose de plus fort que soi qui vous pousse.
Françoise Hardy : Vous savez sans doute que le Signe des Poissons a une sensibilisation particulière aux contraires, qui l’amène à éviter de choisir dans une alternative et attendre qu’une troisième voie se présente.
Michel Houellebecq : Chaque fois que j’ai un choix raisonné à faire, je panique. Je me sens libre quand je fais quelque chose ou quand j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose que je n’avais pas décidé avant.
Françoise Hardy : L’opposition Soleil-Pluton qui marque votre ciel est actuellement réactualisée par le passage de Pluton au double carré de votre dissonance natale. En clair, votre prédisposition de base à ne pouvoir obtenir une forme de reconnaissance sans que le ver vienne aussitôt se glisser dans le fruit, quitte à l’introduire préalablement vous même, est réactualisée...
Michel Houellebecq : C’est vrai qu’on me fête, mais c’est vrai aussi que je suis un messager de mort. Dans un sens, je suis content ; c’est ce que je voulais. Je suis venu apporter la destruction. Je le sais. C’est gênant à dire, mais c’est la vérité.
Françoise Hardy : Est ce que sur le plan personnel...
Michel Houellebecq : Je suis beaucoup plus mégalo que ça ! (Rires) J’ai mis à feu et à sang la critique littéraire en France et je compte étendre mon action à l’Europe et aux Etats-Unis. Ma mission n’est pas terminée.