En décembre 1966, Françoise Hardy faisait la couverture du mensuel
Formidable. Jean Nouailhac lui consacrait un article intitulé
Françoise Hardy s'anime... au cinéma.
"Je suis avant tout auteur et interprète de chansons. Le cinéma ne m'intéresse pas". Elle pense en fait : "J'aimerais m'intéresser au cinéma, mais j'en suis incapable". Elle avoue tout de même qu'elle aimerait tourner un film comique (
"avec un rôle à la Shirley Mac Laine ou du genre "Ma femme est une sorcière"") et même faire un film, mais de l'autre côté de la caméra. Ce qu'elle préfère au cinéma : les films de Walsh ou d'Arthur Penn. De ce dernier, elle a surtout aimé "L’arnaqueur" et "La poursuite" avec Marlon Brandon.
Curieuse Françoise : docile et résignée, belle et mystérieuse, elle nous donne l'impression d'être tellement fragile qu'un rien pourrait la faire pleurer. Elle aime à répéter qu'elle est mal dans sa peau et, de fait, on la sent rongée par la solitude.
Elle ne sait rien faire d'autre que des chansons ("
Je ne sais même par jouer convenablement de la guitare."), n'a pas de goût précis, aucune ambition, ne sait pas danser, n'aime pas les animaux, se trouve pleine de défauts, et pourtant elle est célèbre.
"C'est bien possible, mais la célébrité à quoi ça sert ?" vous répond-elle.
Françoise, c'est un peu une coquille de noix qui se laisse emporter par une mer qu'elle ne cherche pas à connaître. Elle navigue sans autre but que de faire ce qui lui plait, c'est à dire écrire des chansons et les chanter. Comment s'image-t-elle dans dix ans ?
"Je ne sais pas. Avec des rides, sans doute ?"Rien d'autre ? Pas de souhait ?
Si, à trente ans, j'aimerais avoir un enfant.En disant cela, son visage s'éclaire et elle sourit. Puis ses grands yeux couleur d'ombre se ferment lentement. Elle rêve... On dirait qu'elle a rejoint en songe son "amie la rose"...