Ce qui me semble étrange est d'avoir diffusé l'interview en net décalage par rapport à son enregistrement.
Comme Françoise Hardy a fait comme souvent une promo intense sur un court laps de temps, la présentation de son livre a évolué pour finalement donner quelques clés récurrentes :
- Sa résurrection serait le fruit de la synergie entre les traitements médicaux de la dernière chance (administrés alors qu'elle était au plus bas) et les prières soutenues de personnes de "haut niveau de spiritualité" (c'est à dire des personnes ayant le pouvoir de faire le lien entre les vivants et le divin).
- Son crédo, depuis de nombreuses années, est de tenter de mettre en application la citation d'Omnia Pastor : « Il est plus important de travailler sur le discernement que sur l'amour, parce que, tant que l'amour n'est pas guidé par le discernement, il n'est pas un amour vrai.». A noter qu'Omnia est le pseudonyme d’une médium ayant transmis la pensée de Pastor, un guide spirituel non incarné.
- Sa résurrection l'a conduite à s'intéresser encore davantage au sens de la vie et à en rechercher un certain éclairage au travers de la physique quantique. L'épreuve a avivé sa quête de spiritualité.
Au fil des entretiens, Françoise Hardy a pris de plus en plus conscience du poids prépondérant de ses chansons des années 60 dans le cœur des journalistes. Elle est meurtrie par le fait que les chansons les plus récentes soient purement ignorées. Suivant les interviews elle montre un agacement à ce sujet plus ou moins fort, frisant parfois l'agressivité. Je pense qu'elle ne peut pas accepter d'avoir à lutter contre son propre mythe.
Ce qui est dommage c'est que les journalistes ne préparent pas assez leurs interviews et se contentent de poser les mêmes questions et de diffuser les mêmes chansons. Ils vont au plus simple : flatter la mémoire collective sans sortir des sentiers battus et rebattus. Mais ce n'est pas uniquement par simplicité, c'est aussi par amour pour des chansons qui ont créé la légende et pour lesquelles ils ont une réelle affection. Ils pensent ainsi atteindre le cœur de Françoise Hardy sans se rendre compte que cela l'ennuie. Elle préfère être dans le présent voire l'avenir plutôt que de ressasser toujours les mêmes anecdotes, les mêmes chansons, la nostalgie des années 60. Elle a soif de reconnaissance sur son répertoire plus récent.
Ce qui est intéressant ici c'est que Patrick Simonin permet à Françoise de parler de ses sentiments. Alors qu'au moment de la sortie de son autobiographie elle donnait l'impression de régler ses comptes avec Jacques Dutronc, aujourd'hui elle est nettement plus positive. On sent un amour profond pour lui et aussi, mais là ce n'est pas une surprise, pour leur fils Thomas.
Patrick Simonin ouvre un espace d'expression assez libre et permet à Françoise d'évoquer les choses qui lui tiennent à coeur au-delà des questions imposées et convenues.
Ven 3 Fév 2017 - 18:12
, parce que la bienveillance et la gentillesse sont réelles, et il s'informe vraiment sur ce dont il parle (la moindre des choses me direz-vous mais par les temps qui courent...). Le problème est qu'il reçoit souvent des artistes dont la carrière est derrière eux, et qui parlent donc volontiers du passé, souvent avec beaucoup d'émotion. Alors évidemment, avec Françoise, s'attarder sur le passé ne pouvait pas le faire, et cet entretien est un des rares (de cette émission) où j'ai senti quelque tension. Il me semble que c'est de la faute de P. Simonin dont les questions partent un peu dans tous les sens (c'est souvent le cas mais là c'est encore pire que d'habitude), et qui a le tort de ne pas parler davantage de l'actualité de Françoise, ou de ce qui la préoccupe actuellement. Effectivement j'aurais aimé en entendre davantage sur qu'elle entend par "discernement". J'ai l'impression qu'elle s'adresse beaucoup à elle-même en fait, car elle considère sans doute qu'elle a gâché sa propre vie à manquer de discernement (ce n'est qu'une hypothèse) ou à s'égarer dans ce qu'elle appelle l'amour fou. Et elle voudrait que d'autres ne refassent pas cette erreur, du moins invite à y réfléchir. Après on peut toujours dire que le plus simple pour en savoir plus est de lire le livre. 
