22 juillet 2017 - France Info - Un été en Souchon

Tous les garçons et les filles, par Françoise Hardy, ce n’est pas seulement le début d’une grande carrière. C’est un choc – un choc dans une révolution, car cela survient à l’automne 1962, alors que l’époque yé-yé a bien commencé. Cette jeune fille apporte soudain quelque chose de nouveau.

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L'autre point commun d'Alain Souchon avec Françoise est l'âge. Ils ont le même âge (à quelques mois près) sauf que la carrière d'Alain a commencé bien plus tard, dix ans plus tard en fait. Pour dire à quel point il est précoce de commencer à sortir des disques à 18 ans... Certains artistes ont une créativité précoce, chez Françoise on trouve une sorte d'inspiration fluide, très pure, très simple, et c'est ça qui fait mouche... d'autres ont besoin de plus de maturité (je suppose - peut-être qu'Alain a dans ses tiroirs beaucoup de chansons de jeunesse). Il m'a frappé aussi récemment de découvrir que Debbie Harry (Blondie) était née en 1945! Même génération que Françoise et Alain, mais elle aussi beaucoup plus tardive, son groupe Blondie n'émergeant qu'au milieu des années 70.

Le chemin du succès a ses propres méandres.

Le succès fulgurant de Françoise Hardy est un peu comme celui de Brigitte Bardot : la chance d'être authentique tout en apportant quelque chose de totalement nouveau au bon endroit, au bon moment....

Souchon en parle très bien d'ailleurs. Il présente Françoise Hardy comme le personnage qui manquait à l'époque et que tout le monde attendait sans vraiment l'anticiper.

Ce succès, qui a provoqué un raz de marée de près de 6 mois dans les hit parades aurait pu n'être qu'éphémère si la personnalité de Françoise Hardy n'avait été la même. En gardant son authenticité, son goût pour l'écriture de ses propres chanson, Françoise Hardy a su progresser continuellement en restant dans son époque. Son manque de confiance en elle l'a aussi prémunie du "melon".

Dans la première moitié des années 60, il était très rare de trouver des femmes qui écrivaient et chantaient leurs propres chansons. De la génération de Françoise, je ne vois guère qu'Alice Dona (1946), qui était d'ailleurs aussi passée par Le Petit Conservatoire de la Chanson de Mireille. Avant elles il y avait Marie-José Neuville (1938), autre cas de précocité, mais je dois dire que je n'ai pas trouvé ses chansons extraordinaires (je n'en ai écoutées que quelques-unes). Sinon, la génération d'avant, ce sont Anne Sylvestre (1934) et Barbara (1930), cette dernière ne s'étant mis à écrire ses propres chansons que tardivement, pour finalement être une contemporaine de Françoise en termes de créativité. Anne Sylvestre, je redécouvre et j'aime de plus en plus, mais son univers est quand même austère. Il faut aimer le genre médiéval.  Elle aussi s'est épanouie dans les années 60.