Peut-être que Françoise est mieux "sentie" en dehors de la France par sa sensibilité "pop". En France ce n'est pas quelque chose de traditionnel, la sensibilité "pop", que je définirais comme une sensibilité à un "son", à une esthétique du "son".
Ce qui est arrivé avec les yéyé déjà, c'était pas seulement la fascination pour les Etats-Unis mais aussi le goût pour un son nouveau, comme celui des guitares, quelque chose de plus frais. Mais Françoise se démarque aussi des yéyé par une sorte de sobriété, d'élégance, et de mélancolie où la sensibilité au son se montre plus "humorale" ou raffinée, ou plus radicale dans la simplicité.
Françoise raconte par exemple, en parlant d'une chanson de Cliff Richard, combien elle aime le son, la voix, une vibration, quelque chose d'aérien... et compose "Pas gentille" en s'en inspirant (je peux confondre avec une chanson de Marty Wilde mais peu importe).
C'est ce côté pop qui plaira au mouvement indie, car je crois que le mouvement indie est très attaché à la qualité d'un son, au caractère et à l'identité d'un son.
Très peu d'artistes en France partagent cette sensibilité. On peut citer pêle-mêle Etienne Daho, Alain Bashung, Serge Gainsbourg, Laurent Voulzy, Jacno... mais il y en a peu. La tradition française est plus latine ou romantique.
Françoise d'ailleurs navigue entre tradition française et sensibilité indie. Un album comme Le danger est définitivement "indie". Par contre L'amour fou est typiquement français (et pourrait être comparé à ce que fait William Sheller).
Personnellement je peux être totalement bouleversé par une vieille chanson de Damia, comme je peux être enchanté par les trouvailles d'un disque "indie pop". Récemment je réécoutais les Beatles et Revolver m'épate toujours.