Jérôme Colin : Vous avez commencé à chanter à quel âge ?
Françoise Hardy : 18, 17, 18.
Jérôme Colin : Tous les garçons et les filles à 17 ans ?
Françoise Hardy : Non, j’ai fait mon premier disque à 18 ans. Oui, c’était « Tous les garçons et les filles » ...
Jérôme Colin : Ça fait quoi ?
Françoise Hardy : Alors, c’était en 62. Nous sommes en 2000.
Jérôme Colin : Non, non, ça fait quoi comme effet ?
Françoise Hardy : Oh pardon, je croyais que vous me demandiez ce que ça faisait comme temps ?
Jérôme Colin : Ça fait quoi comme effet ! A 18 ans, venir d’une famille qui vous prédestine pas du tout à ça, et de devenir du jour au lendemain. Parce que c’est ça, finalement…
Françoise Hardy : On réalise à moitié. Parce que ce qui comptait pour moi, c’était d’avoir rencontré quelqu’un. C’était plus important pour moi que ce qui m’arrivait. J’ai toujours tendance, c’est mon côté Capricorne, j’ai toujours eu tendance à être un peu déconnectée du monde extérieur et d’être entièrement dans mes tourments et mes préoccupations intérieures. Mais évidemment, bon, on est toujours très content quand un fantasme qu’on a se réalise et dépasse tout ce qu’on avait imaginé. Puisque moi, mon fantasme c’était d’enregistrer un disque, et puis que finalement que ça a été... Je ne voyais vraiment pas du tout, du tout, du tout au-delà. Je n’aurais jamais imaginé que 40 ans après, je serais là en train de parler avec vous, n’est-ce pas. On n’a jamais assez d’imagination. Et la vie en a pour vous.
Jérôme Colin : Vous avez aimé ça a posteriori ? Être chanteuse, avoir du succès. Est-ce que vous avez aimé ça ?
Françoise Hardy : J’ai surtout aimé faire des disques et chanter des chansons. Ça, j’ai beaucoup, beaucoup aimé. J’ai beaucoup aimé le studio d’enregistrement. Je sais qu’il y a des chanteurs qui sont surtout des chanteurs de scène, qui ne veulent pas se retrouver en studio. Et moi, j’adore être dans un studio d’enregistrement. C’est un lieu magique.
Jérôme Colin : Pourquoi ?
Françoise Hardy : J’ai l’impression que c’est... que ça aura été le lieu, en tout cas sur le plan professionnel, le plus important de ma vie. Pour moi, il n’y a rien de plus extraordinaire que de faire naître une chanson. Évidemment, ça naît chez soi. Mais la vraie naissance, c’est quand même dans le studio d’enregistrement. Enfin, c’est la dernière phase de l’accouchement, de la naissance.