Françoise Hardy : « Le sentiment de honte m’a toujours accompagnée »
Je ne serais pas arrivée là si… « Le Monde » interroge une personnalité en partant d’un moment décisif de son existence. Cette semaine, la chanteuse confie des blessures liées à son enfance.
LE MONDE | 20.05.2018 à 06h39 | Propos recueillis par Annick Cojean
Françoise Hardy à Paris, le 24 janvier dernier. Benoît PEVERELLIElle a frôlé la mort, et personne n’imaginait qu’elle publierait un nouvel album. Il est là, pourtant,
Personne d’autre, mélancolique, poignant. A cette occasion, Françoise Hardy nous a parlé librement de ses passions, de sa vie, de la mort…
Je ne serais pas arrivée là si…Si mon père ne m’avait pas offert une guitare lorsque j’ai été reçue au bac. Ma mère avait voulu qu’il fasse un geste pour l’occasion. Elle n’avait aucun moyen, elle savait qu’il en avait bien davantage, et elle m’avait demandé ce qui me ferait plaisir. J’ai longuement hésité entre une guitare et un petit poste transistor – car j’écoutais avec passion, sur le poste familial, une station anglaise qui diffusait non-stop de la pop musique, les Shadows, Elvis Presley, Brenda Lee… J’ai choisi la guitare.
Vous saviez en jouer ?Pas du tout ! Je ne connaissais rien en musique. Et mon choix me demeure à ce jour incompréhensible. Sauf à penser qu’il m’a été soufflé… Un ange gardien ou des forces invisibles aident parfois à forcer le destin. En tout cas, ce fut déterminant. J’ai appris seule trois ou quatre accords, grâce à la petite méthode livrée avec la guitare. Et c’est ainsi qu’en faisant guiling guiling, j’ai fini par composer – cela me paraît un bien grand mot –
Tous les garçons et les filles. Vous savez, ce n’est pas très compliqué. Tout est joué sur la même note : tatatata…
Cela vous a pris combien de temps ?Oh ! Très peu. Dès que je rentrais de mes cours à la Sorbonne, où j'étudiais l'allemand, je m'enfermais dans la cuisine de notre deux-pièces parisien, car j'avais remarqué que le carrelage améliorait l'acoustique. Et je composais. Au moins trois mélodies par semaine. Nullissimes ! Mais j'avais quand même envie de les tester en public. Alors, je me suis produite sur la petite scène du Moka Club, qui distrayait des retraités dans un sous-sol du Louvre. Puis j'ai passé une audition au " Petit Conservatoire " de Mireille. "On vous écrira ", disait-elle en général. Mais à moi, elle a dit : " Vous restez là ! " Elle avait quelque chose de pincé, et impressionnait ses élèves. Je me cachais au dernier rang, avec l'angoisse qu'elle me demande de chanter quelque chose.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/culture/article/2018/05/20/francoise-hardy-le-sentiment-de-honte-m-a-toujours-accompagnee_5301878_3246.html#RPMLYVpEcsgX8HCt.99