Hardy, petit...
Nicolas Ungemuth
14/11/2008 | Mise à jour : 17:25 | .
«Le Désespoir des singes... et autres bagatelles», autobiographie de Françoise Hardy. (Robert Laffont, 389 p., 21 €.)
Il y a dans ce livre par ailleurs assez sombre un passage très amusant : celui où Françoise Hardy déclare « mal vieillir ». Sachant à quel point la chanteuse est un peu plus gracieuse avec chaque année qui passe, le lecteur ne peut s'empêcher de sourire. Pour le reste, il doit s'accrocher. Sans pouvoir s'appuyer sur des qualités littéraires que personne ne lui demande de posséder (mais tout écrire au passé simple n'était certes pas une bonne idée), Françoise Hardy a décidé de toucher le grand public en dévoilant tout. Et ce n'est pas toujours beau à lire. Dutronc est un triste clown volage très loin de l'élégance qu'on lui prête ; Gainsbourg, une ruine. Côté famille, papa découvre son homosexualité en plein troisième âge, drague les jeunes et succombe aux coups portés par l'un de ses gitons. Maman est euthanasiée, la sœurette atteinte de schizophrénie. On rêvait d'un regard pénétrant sur une époque et un milieu mythiques - l'élite de la chanson française à son âge d'or -, on a juste une triste confession.
(source : http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/11/15/01006-20081115ARTFIG00128--hardy-petit-.php)
Même si cette critique fait dans l'excès négatif, ce qui peut faire sourire après la pluie d'éloges des derniers jours, je ne peux m'empêcher d'en partager la conclusion :
"On rêvait d'un regard pénétrant sur une époque et un milieu mythiques - l'élite de la chanson française à son âge d'or -, on a juste une triste confession."
Je trouve effectivement que tout ce qui tourne autour de l'univers de la chanson n'est que survolé alors que les états d'âmes de Françoise Hardy sont étalés en tous sens.
En revanche, le critique semble mettre en doute les qualités littéraires du livre, ce qui me paraît totalement faux. Dans son ensemble le livre est écrit d'une plume soignée et alerte. Le fait de raconter son histoire en utilisant le passé simple est quant à lui un choix qui a longtemps été privilégié au 19ème siècle et qui a permis à de nombreux écrivains d'être reconnus. Je suppose que le critique souhaitait une narration au présent, censée donner du rythme et de la vie aux événements mais qui sous la plume de Françoise aurait sonné totalement faux. Françoise ne sait pas revivre le passé, elle sait juste en retracer l'essence orientée coeur et palpitations.
Le contenu du livre est axé sur les drames de la vie privée de Françoise mais c'est son choix et elle paraît honnête dans le rapport des événements qui ont jalonné son existence même s'il y a énormément plus de côtés sombres que de côtés amusants ou joyeux.
Bref, une critique dont la nécessité semble plus dictée par le plaisir d'aller à contre courant... Mais il est aussi tout simplement possible que le critique soit allergique à la mode à laquelle cèdent les vedettes d'aujourd'hui, mode qui consiste à raconter si facilement sa vie intime.