Le 10 novembre 2008, Brice Depasse recevait Françoise Hardy sur
Nostalgie Belgique à l'occasion de la sortie de son autobiographie
Le désespoir des singes et autres bagatelles chez Robert Laffont.
Pour en finir avec Bob Dylan !Brice Depasse : "J'ai eu un sujet d'étonnement. Vous m'avez souvent dit : avec Bob Dylan c'était des histoires de journalistes… et là je retrouve l'histoire telle que on se la raconte."
Françoise Hardy : " C'est quand même ennuyeux vous voyez que à chaque fois on me parle de ça, à chaque fois que je fais quelque chose un disque un livre... Je l'ai quand même vu dix minutes au mois de mai 1966 ! C'était le jour de son anniversaire. Il était… J'ai raconté l'histoire un milliard de fois. Et là je l'ai racontée pourquoi ? Pourquoi j'ai raconté cette histoire dont je n'en peux plus qu'on m'en parle ? Parce que je trouvais intéressant de parler de l'histoire du frère de Jean-Marie. C'est romanesque. J'arrive pour voir Bob Dylan … Quand on écrit, on acquiert un certain recul et c'est pas qu'on ne soit pas affecté par les choses, même des années après, on acquiert un certain recul qui vous fait tout à fait percevoir que c'est intéressant de parler de ça. J'arrive, ça faisait des mois que j'espérais voir Bob Dylan sur scène. Je tournais dans
Grand Prix, enfin je faisais de la figuration dans ce film
Grand Prix de John Frankenheimer, qui ne m'a libérée qu'à la dernière minute. Donc jusqu'à la dernière minute, ça a été un suspense infernal pour moi. Et j'arrive à Paris, le frère de Jean-Marie venait de se jeter par la fenêtre ! Donc encore maintenant, j'ai une culpabilité par rapport à ça parce que logiquement j'aurais dû rester avec Jean-Marie. J'ai traîné cette culpabilité sans jamais en parler à Jean-Marie donc il … ça a été mon premier lecteur hein pour... chaque fois que je finissais un chapitre je lui envoyais. Il a été très étonné que j'aie cette culpabilité là parce que pour lui c'était tout à fait normal qu'il soit avec sa famille et tout et puis que moi voilà je fasse ce que j'avais à faire. Mais j'ai toujours déploré. Je me suis dit : " Voilà, je rêvais de voir Bob Dylan. Je le vois alors que normalement quand on aime quelqu'un qui est dans l'épreuve on doit être à ses côtés."
Brice Depasse : "Et finalement vous avez été déçue par le concert..."Françoise Hardy : "Oui. Oui. Je me disais, mais vraiment enfin donc je culpabilisais. Tout le monde a été déçu par le concert, mais c'est vrai qu'il y a eu ce moment délicieux où Bob Dylan m'a invitée à venir dans sa chambre et m'a fait entendre
I want you et
Just like a woman. Et donc, j'ai raconté ça aussi parce que c'est vrai que c'est amusant de raconter que finalement des années après, c'est-à-dire aujourd'hui, pour la première fois, je me dis : "Mais est-ce qu'il y avait un message subliminal (rires) quand il m'a passé sa chanson
I want you ? Sur le moment, ça ne m'a pas effleurée tellement il avait l'air de ne pouvoir fonctionner sur aucun plan, ni en tant que chanteur ni en tant qu'homme…(rires). "