Platine 156 - Alain Souchon évoque Françoise Hardy

En novembre 2008, le magazine Platine invite Alain Souchon à se pencher sur sa carrière dans une conversation à bâtons rompus à l'occasion de la sortie de son album Ecoutez d'où ma peine vient.

Alain Souchon glisse quelques mots sur Françoise Hardy

Platine : "Même si vous n'êtes pas "placeur" de chansons, vous avez quand même été chanté par d'autres artistes"
Alain Souchon : "Quand certaines femmes comme Françoise Hardy, Jane Birkin…, me demandent une chanson, je suis flatté. C'est un bonheur. Le plaisir de mon métier, ce n'est pas seulement que les gens m'écoutent, achètent mes disques et m'aiment bien. C'est aussi que Françoise Hardy et Jane Birkin m'embrassent quand on se rencontre. Comme des collègues. Ca me flatte aussi."

Platine : "Avez-vous beaucoup rêvé sur ces chanteuses dans les années 60 ?"
Alain Souchon : "Quand Françoise Hardy est arrivée, elle était d'une beauté ahurissante, elle l'est toujours, mais quand j'avais 16 ans, ça me faisait plus d'effet… (Sourire). D'autant plus qu'on a le même âge. Elle était comme j'aimais : avec la discrétion et le côté un peu malheureux de l'adolescente. Et ces chansons qu'elle renie maintenant nous ont fait rêver. On se retrouvait dans cette simplicité, dans ce côté un peu malheureux…"

Platine : "… mélancolique"
Alain Souchon : "Oui, mélancolique. J'aimais énormément. Alors maintenant quand elle m'embrasse et qu'elle me raconte des histoires drôles, parce qu'elle est très drôle, ça me rend heureux. Encore plus quand je peux dîner avec elle."

Platine : "Elle vient de publier ses mémoires. Est-ce la tendance que nos chanteurs mélancoliques cultes se livrent autant ?"
Alain Souchon : "J'ai été surpris par son livre, d'apprendre qu'elle avait eu une vie si malheureuse alors qu'elle est si belle et si talentueuse. Alors qu'on pense qu'elle n'a qu'à flotter sur la vague de sa beauté et de son talent pour que ça aille tout seul.

ça me réconforte que Souchon apprécie les mêmes chansons que moi, et pour les mêmes raisons : simplicité, côté un peu malheureux, mélancolie.....
Et que, finalement, ces chansons étaient tristes non pas parce que c'était un créneau à exploiter, mais parce que leur interprète était triste et........ qu'il n'y a pas d'amour heureux.
Et nous, nous étions tristes parce qu'on avait aussi le coeur au bord des larmes et que ces petits poèmes en musique collaient parfaitement à notre vague à l'âme.

claude a écrit:

Et que, finalement, ces chansons étaient tristes non pas parce que c'était un créneau à exploiter, mais parce que leur interprète était triste et........ qu'il n'y a pas d'amour heureux.

Je pense que l'amour est ce que l'on en fait et surtout comment on l'entretient (rien n'est acquis).
Sinon, si j'apprécie l'élégance intellectuelle d'A Souchon, je ne comprends pas trop ce qu'il dit : "Alors qu'on pense qu'elle n'a qu'à flotter sur la vague de sa beauté et de son talent pour que ça aille tout seul". Je ne vois pas trop en quoi la beauté + le talent = bonheur assuré. Les individus sont bien plus riches et complexes que cela. Par association d'idées, cette description me fait penser à Marilyn Monroe

Quand j'ai lu ce qu'écrivait Souchon, j'ai tout de suite pensé à Claude... et je ne m'étais pas trompé ! Vous avez une analyse de l'époque vécue qui concorde en tous points (mais je ne pense pas que Françoise et Claude soient par la suite devenus aussi intimes même s'ils se croisent de temps en temps pour des dédicaces )

Et pour répondre à Elma je dirai que parfois on croit qu'il suffit d'être beau et talentueux pour être heureux et on voit bien que ce n'est pas si simple effectivement.

Et pourtant moi je suis heureux, bien que beau et talentueux !

Moi aussi je comprends difficilement ce que veut dire A. Souchon : la beauté et le talent vous mettent obligatoirement à l'écart de tous les aléas de la vie ?

Moi mon talent c'est de jouer les têtes à claques lors des séances de dédicaces de Melle H. Si ça c'est pas être intimes !

Et si le talent c'était être soi même ? (cela vaut aussi pour moi Claude !)

claude a écrit:

ça me réconforte que Souchon apprécie les mêmes chansons que moi, et pour les mêmes raisons : simplicité, côté un peu malheureux, mélancolie.....
Et que, finalement, ces chansons étaient tristes non pas parce que c'était un créneau à exploiter, mais parce que leur interprète était triste et........ qu'il n'y a pas d'amour heureux.
Et nous, nous étions tristes parce qu'on avait aussi le coeur au bord des larmes et que ces petits poèmes en musique collaient parfaitement à notre vague à l'âme.

N'empêche que c'est terrible ce que tu dis là Claude. Car quand à 12, 13, 15 ans tu découvres cette fille et que sans trop vraiment tout comprendre, tu "adhères" à sa mélancolie, c'est que toi-même tu es déjà une personne pas très positive et que comme tu dis, tu sais profondément qu'il n'y a pas ......

Vive les chansons sosottes parfois. Cela fait tellement de bien.

C'est vrai Anne, à l'époque de la sortie du premier 45 tours, je venais juste de prendre conscience que j'étais désespérément seul et que je crevais d'envie en voyant mes copains filer le parfait amour.
Et puis, cette fille là qui chantait ces chansons là, j'avais envie de la consoler, tout en sachant déjà qu'elle ne risquait pas grand chose.
Mais j'avais envie de faire avec elle un bout de chemin sur la Carte du Tendre, et quarante ans plus tard j'en suis encore là, toujours un peu en aveugle, à chercher mon chemin sur cette foutue carte, malgré tous les GPS.

Merci, un drap suffira pour moi !