Platine 156 - Interview de Françoise Hardy (2ème extrait)

En novembre 2008, le magazine Platine s'entretient avec Françoise Hardy à l'occasion de la sortie de son autobiographie.

EST-CE PARCE QUE VOUS TROUVEZ LA VIE PROFESSIONNELLE "VITE ENNUYEUSE" QU'ON A PLUS UN LIVRE DE FEMME QUE D'ARTISTE ? II me semble que j'ai panaché à peu près moitié-moitié ou un tiers-deux tiers. Ce panachage était nécessaire au rythme de l'ensemble. CE QUI FRAPPE DANS VOTRE LIVRE, C'EST VOTRE OBJECTIVITE, VOTRE LUCIDITE, NOTAMMENT SUR LES ECHECS DE VOS ALBUMS... Quand un disque ne marche pas, un artiste le sait forcément. Mais il n'est pas toujours lucide sur la qualité de ce qu'il fait. Moi si. II y a des artistes que je ne citerai pas, qui pensent que si un disque marche, c'est qu'il est bon. II y a pourtant de mauvais disques qui marchent et des bons qui ne marchent pas. La caution du public n'est pas forcément un gage de qualité. POURQUOI L'ANECDOTE DE LA CO-SIGNATURE "ABUSIVE" DE VOS PREMIERES OEUVRES PAR ROGER SAMYN EST-ELLE OCCULTEE ? Vous avez raison, j'aurais pu et dû la raconter. Mais ça ne m'est pas venu à l'esprit. Sans doute parce qu'un paragraphe en entraînait un autre et que rien ne m'a amenée à parler de ça, d'autant moins que ce n'est pas très "romanesque" en soi !

Je me demande bien ce qu'il y a de nouveau à dire et le nouveau à dire sur la signature "abusive" de Samyn ? Si je me souviens bien, elle a déjà eu maintes et maintes fois l'occasion de s'expliquer.

Ce qui m'a semblé, dans sa "lucidité" relative à ses albums, c'est qu'elle a tendance à en imputer les échecs à "pas moi". Ni responsable ni coupable.

Certains ignorent peut-être encore qu'à la suite du préjudice financier que la signature de Roger Samyn a causé à Françoise Hardy, un amendement au fonctionnement de la SACEM a été apporté afin que ce cas d'école ne se reproduise plus. On a même baptisé cet événement de "jurisprudence Françoise Hardy". C'est dire si c'était retentissant !

En effet, à l'époque on ne pouvait toucher des droits d'auteur qu'après avoir passé avec succès un examen de solfège ! Françoise qui n'en avait pas suivi l'enseignement dut donc co-signer ses premières chansons avec l'arrangeur Roger Samyn bien qu'elle écrivait alors seule paroles et musique.

Je me suis un jour demandé pourquoi Roger Samyn n'avait pas par la suite remboursé le "trop perçu" (pendant une seconde ou deux, pas plus)

Blague à part, je ne comprends pas pourquoi l'accréditation des chansons co-signées n'a pas été révisée puisqu'on sait que Roger Samyn s'est juste contenté de transcrire sur papier la musique des chansons que Françoise jouait. C'est bizarre qu'on soit obligé de conserver ces données éternellement !

Ca me rappelle aussi l'histoire où certaines chansons de Charles Blackwell sont créditées à B. Well parce qu'une personne a pensé que son prénom était Black et son nom Well. Et c'est resté comme ça pendant des années avant d'être finalement corrigé. Evidemment c'est pas tout à fait pareil. Il ne s'agissait pas d'une appropriation "administrative" du crédit d'un autre artiste mais d'une simple erreur de mention.

Françoise me paraît prétentieuse lorsqu'elle n'émet aucun doute sur sa lucidité.

Au passage: très belle photo en guise d'illustration.