Françoise Hardy dans les Inrockuptibles (6ème extrait)

En avril 1990, Françoise Hardy racontait à Christian Fevret pour les Inrockuptibles, la glorieuse époque des années 60 à l'heure où elle disait vouloir mettre fin à sa carrière.

Christian Fevret : "Vous avez connu un autre personnage mythique, encore plus secret et très marginal, Nick Drake."
Françoise Hardy : "Lui n'était pas malsain, il était très névrosé. C'était un ange, très malheureux. Je ne sais plus comment je l'ai vu la première fois. Il avait une attitude très particulière... Je le trouvais très attirant, j'aimais bien ses chansons, mais il n'ouvrait pas la bouche. Il restait dans un coin, caché, sans dire un mot. Il me faisait peur car j'avais l'impression d'un écorché vif, comme s'il fallait faire très attention à tout ce qu'on pouvait dire parce qu'il était très mal à l'aise. Je ne savais pas quoi faire... Et puis il y avait toujours cette barrière de la langue. Une fois, il m'a téléphoné à Paris et j'étais consciente que, pour quelqu'un comme ça, le fait de prendre le téléphone pour appeler devait être un effort terrible. Il est donc venu à des séances d'enregistrement en se planquant dans un coin, sans dire un mot. Il me semble même qu'on est allés diner au restaurant de la tour Eiffel..."

Christian Fevret : "A-t-il été question que vous fassiez quelque chose ensemble ?"
Françoise Hardy : "Jamais. J'ai eu ce contact très particulier: c'est quelqu'un qui est venu à moi, j'en étais très contente parce que je trouvais que c'était un artiste intéressant et que j'aimais beaucoup ce qu'il dégageait comme personne. Mais je sentais bien qu'il avait des problèmes personnels très importants… Et puis un jour, j'ai appris qu'il s'était suicidé. Je crois même que j'avais reçu une lettre de ses parents. Finalement, je l'ai très peu connu. Mais par contre j'ai toujours ses disques."

Dans le livre que Patrick Humphries a consacré à Nick Drake, la thèse du suicide a été finalement écartée. Il s'agit en fait d'un accident. Nick suivait un traitement lourd et avait de grandes difficultés à dormir. A priori, las de faire des nuits blanches, il a pris une dose un peu plus forte que d'habitude qui lui a été fatale.

Ces chansons sont merveilleuses et je pense que si Françoise avait pu faire quelque chose avec lui ça aurait pu être formidable.

Bon, eh bien là aussi je suis d'accord avec FH (deux fois dans la même journée, ça tient du miracle) et je suis surtout d'accord avec Alexandre "ça aurait pu être formidable" à la condition expresse que les textes en français soient particulièrement "chiadés" (désolé je n'ai pas trouvé d'expression plus classe pour traduire ce que je veux dire).

Et encore un très beau mec repéré par Miss Hardy !
FH aurait elle plus de talent pour déceler les beaux mecs que les bons musiciens ?

En l'occurence je pense que Nick Drake avait les deux : beauté et musicalité.

On devine quand même que Françoise amplifie des souvenirs : "je crois qu'on est allé diner", "je crois avoir reçu une lettre de ses parents"... L'attention qu'elle porte à tout ça est rétrospective, mais sur le coup, c'était assez furtif.

Je préférerais l'entendre dire qu'elle regrette d'être passée à côté de quelque chose, plutôt que de sous-entendre qu'elle eut une sorte d'intuition pour deviner la dimension du personnage.

Mais peut-être se contente t-elle aussi de répondre à des questions qui ne l'intéressent finalement pas vraiment.

Un journaliste des Inrockuptibles (son rédac'chef, même, je crois) ne pouvait pas de pas lui parler de Nick Drake...

claude a écrit:

je suis surtout d'accord avec Alexandre "ça aurait pu être formidable" à la condition expresse que les textes en français soient particulièrement "chiadés" (désolé je n'ai pas trouvé d'expression plus classe pour traduire ce que je veux dire).

Me viens en tête "torché"; cela n'est pas plus élégant mais cela rime !

claude a écrit:

FH aurait elle plus de talent pour déceler les beaux mecs que les bons musiciens ?

Pour Dutronc, cela concerne surtout le temps où il était jeune alors...
Sinon Lil' Bear a raison, les réponses de FH semblent très "distanciées"

Dans le livre de Patrick Humphries que je viens tout juste de lire aussi (merci Alexandre), Françoise Hardy est plus précise et plus impliquée émotionnellement. Elle y raconte que Nick Drake lui a envoyé diverses mélodies d'un de ses albums alors en préparation.

Je vous posterai le sujet un peu plus tard car il me faudra d'une part le recopier et surtout d'autre part le traduire...